Salut, c'est Franck de Bourgogne.
Avec une trentaine d'interluttants, ce samedi 17 mai, jour de grève nationale, nous nous rendîmes dans le quartier de la Fontaine d'Ouche, à Dijon.
En effet, s'y déroulait la traditionnelle parade métisse clôturant le festival "Jours de fête à Fontaine d'Ouche".
Mélange de fête de quartier et de prestations spectaculaires sur laquelle une cinquantaine de collègues oeuvraient, nous avions décidé collectivement de ne pas perturber cette fête populaire, résultat d'un travail conséquent durant l'année et point d'orgue au cours duquel les enfants sont heureux de défiler sous les yeux de leurs parents émus.
Sauf qu'il n'y avait pas que des parents ou des badauds lambda qui assistaient à la parade des ces charmantes têtes blondes, brunes, vertes,... aux couleurs de l'arc-en-ciel.
En effet, le député Laurent Grandguillaume, membre du Comité de Suivi en était (me confirmant qu'il avait bel et bien signé une lettre à Rebsamen allant dans le sens de nos revendications et que ce n'était pas sans lui poser un certain nombre de problèmes, mais qu'il en assumait tout à fait les conséquences).
Puis, quelques mètres plus loin, entouré de 3 gardes du corps se tenant à proximité, un certain ministre de la République qui nous pose question à l'heure actuelle : oui, Mesdames et Mesdames, j'ai nommé Rebsamen himself.
Nous nous sommes donc dirigés vers lui, lui s'approchant également de moi et me demandant comment je me portais.
Je lui répondis que j'irais mieux s'il se décidait à aller dans le bon sens.
Les copains se postèrent alors derrière lui et son cortège avec leurs pancartes aux slogans parfois acides (l'affiche "Rebsamen, Wanted", "Rebsamen m'a tuer", 1 jour chômé = 1 jour indemnisé",...), pendant que lui et moi devisions (d'une façon que je qualifierais de "sèche") : cette conversation dura une quinzaine de minutes.
Je lui appris que Sam Churin et Denis Gravouil sortaient de rendez-vous à Cannes avec Filipetti (Sam m'en avait fait un compte-rendu téléphonique quelques minutes auparavant).
Rebsamen me répondit alors que c'était facile pour Filipetti de se défausser de la chose et qu'elle n'en pouvait mais, qu'elle pouvait bien avoir peur, et qu'elle avait peur de tout : bref, bien énervé contre sa collègue, Mister Chômage.
Par ailleurs, il me tint la jambe (mais, tu vas me lâcher, oui ?...) sur les syndicats : "ce n'est pas moi que vous devriez venir emmerder (oui, on se parle comme ça, lui et moi...), mais les syndicats signataires, car eux ont signé et moi toujours pas. D'autant que je n'ai toujours pas reçu la convention, pour savoir ce qu'il y a dedans."
Je lui ai alors demandé s'il ne se foutait pas un petit peu de ma gueule (quand je vous dis qu'on se cause cash...) et que je ne pensais pas dire trop de conneries quand j'avançais qu'il avait tout de même annoncé sur France Inter, sur Canal+ et sur BFM TV (excusez du peu) qu'il allait bien signer cet accord de merde tout en ayant sauvé les annexes 8 et 10 => n'ayant pas grand-chose à rétorquer à cette assertion, il revient à la charge sur les syndicats.
Je le rassurai alors en lui confirmant que le futur proche de la CFDT et de FO serait également parsemé de rencontres inopportunes et de dialogue asocial impromptu avec les interluttants, mais que lui était bel et bien notre cible actuelle, puisque représentant le bras armé du stylo de la discorde sociale.
Je lui dis également que, suite au protocole de 2003, notre confrérie des annexes 8 et 10 en Bourgogne était passée de 1498 intermittents indemnisés à 994, soit une perte sèche d'1/3 de nos effectifs en 10 ans, ce qu'il ignorait (?...) et l'a manifestement interpellé.
Et j'en rajoutai une couche en lui expliquant que s'il signait l'accord du 22 mars toiletté le 14 mai, il porterait le sceau de l'infamie d'une façon inaltérable ad vitam aeternam, alors que s'il osait refuser cette signature et demandait expressément aux partenaires sociaux de revenir à la table des négociations avec les préconisations du Comité de suivi, il deviendrait le nouveau héros (héraut ? Ayrault ?) de la "gauche gouvernementale".
Alors que s'il persistait dans sa volonté de signer pour se débarrasser du dossier, l'été serait torride, que tous les membres de ce gouvernement seraient déclarées "persona non grata" dans tous les festivals et milieux culturels et qu'il porterait la responsabilité d'une dégradation de la situation, d'autant que nous avions parfois l'impression de garder quelques lions fous furieux en cage, parmi nos troupes, au fur et à mesure que la colère montait.
Mais, manifestement, il se fout d'être déclaré "persona non grata" dans des festivals dans lesquels il n'ira vraisemblablement pas.
En revanche, visiblement très touché par les attaques ad hominem, il se retourna plusieurs fois en direction des camarades porteurs des pancartes le fustigeant.
Et il m'a répété plusieurs fois que, de ça, il saurait se souvenir...
Je lui rétorquai alors que la personnification d'un personnage public -qui ne va pas dans le bon sens, alors qu'il est en charge d'un dossier sensible- était un phénomène inévitable... et que ça n'allait pas aller en s'améliorant...
Et que son mutisme, dans un premier temps, suivi de déclarations disant qu'il signerait, c'était juste de la com' gouvernementale de bazar (bas-art ?) absolument pas maîtrisée et d'une incompétence crasse qui desservait sa personne.
Et que, du coup, il ne fallait pas qu'il s'étonne d'être attaqué de la sorte...
Et nous en sommes restés là, lui disant tout de même qu'il allait se re-pencher sérieusement sur nos préconisations du Comité de suivi, avant de prendre quelque décision que ce soit.
Mais bon, soyons clair : je pense qu'il ne voulait pas signer et qu'il a compris qu'il était dans un piège inextricable.
En effet, soit il signe l'accord et il sait qu'il entre en guerre contre nous durablement, jusqu'à ce qu'il soit contraint à la démission.
Soit il ne signe pas, mais sera contraint à la démission par Valls, qui ne veut pas entrer en guerre contre le Medef et la CFDT.
Résultat des courses : MAINTENONS LA PRESSION CAR NOUS LEUR FAISONS VRAIMENT PEUR !
Après, cette jolie action, nous nous rendîmes à une vingtaine d'interluttants au Zénith de Dijon où se déroulait le concert de Frédéric François devant 5000 personnes, que nous tractâmes dans les files d'attente.
Puis, nous négociâmes une prise de parole acceptée après discussions grâce au régisseur général, sensibilisé à la lutte, qui m'a dit "Pour Franck de Bourgogne, on peut bien faire ça : déjà qu'on n'est pas en grève..." => je pense que ma tournée des Zénith, c'est pour bientôt...
Nous montâmes donc sur le plateau juste avant le show de Frédo (pétri de trac et de connerie) pour expliquer au public notre démarche, qui nous étions, que 50 d'entre-nous bossaient pour leur bon plaisir et que, désormais, quand ils entendraient parler des intermittents, ce serait aimable de ne plus penser privilégiés, mais travailleurs et responsables, au même titre que dans les autres secteurs d'activités et que, en France, aujourd'hui il y avait 9 millions de chômeurs et que nous nous battions pour des droits sociaux collectifs parce que ce que nous défendons, nous le défendons pour tous => applaudissements nourris d'un public en folie, des vieilles balançant leur combinaison La Redoute en poussant des petits cris, l'une d'entre-elle venant même au pied de la scène en déambulateur pour, dans un geste d'hommage ultime à notre cause, m'offrir son dentier...
Voili pour le CR de cette belle journée : photos et vidéos à suivre...
Ami calmant.
@+ Franck de B.
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