Le Medef en rêvait,
Valls l’a fait
A l’heure où
Manuel Valls vient de faire sa déclaration, tous les médias s’interrogent sur
les festivals. La question n’est pas là. Il s’agit de répondre sur le fond à la
grande entreprise de communication menée par le gouvernement. Oui ce sont des
communicants mais ce soir les pistes avancées sont dangereuses.
Que
disons-nous depuis le début ? Depuis 2003 la maison s’écroule. Cette
maison c’est l’accord de 2003 qui fait 70% de précarité en plus. Cette
précarité est due à des ruptures de droits inédites : pendant 1 mois, 2
mois et beaucoup plus, des intermittents se retrouvent sans droits, passent par
la case RSA, font des petits boulots. Cet accord est aussi injuste que coûteux.
Ce sont les exclus du régime qui financent les assedics versés aux salariés à
hauts revenus. Le scandale n’est pas l’argent qui est dépensé mais comment il
est dépensé. Cet accord a été dénoncé par tout le gouvernement lorsqu’il était
dans l’opposition. Toute la « gauche » soutenait nos propositions
vertueuses, basée sur un principe de redistribution. Sur cette maison croulante a été ajoutée une
couche de peinture acide : les 2 mesures qui aggravent le dispositif à
savoir un différé d’indemnisation et une surcotisation de 2 % qui impactera
fortement les petites structures et tous les salariés. Cette dernière
aggravation n’est pas remise en cause.
Manuel Valls
communique en finançant le différé (une toute petite partie du problème)
pendant les quelques mois à venir. Il
communique de la même manière que Rebsamen le fait depuis le début en isolant
une toute petite partie du problème.
Il oublie
qu’il renie ses engagements passés, ceux qui nous promettaient de soutenir nos
propositions. Oui c’est une immense trahison.
Ainsi quand
Manuel Valls loue un système « original et protecteur » il est en
retard de 11 ans. Hélas le système oublie d’en protéger beaucoup.
Ainsi quand
Manuel Valls ose dire que « la précarisation est due aux dérives et
aux abus » il ment : la précarisation est due au Medef et à la Cfdt
qui ont signé un texte mortifère en 2003 aggravé le 22 mars dernier.
De plus
Manuel Valls osent justifier sa signature de l’accord par les droits
rechargeables mis en place dans le régime général qui selon lui
« accroissent les droits des plus précaires ».
Et bien
c’est le contraire qui va se produire. Les droits rechargeables, c’est le rêve
du Medef. C’est la course aux petits boulots avec des droits de misère. Et ces
droits rechargeables seront néfastes aussi pour les intermittents qui accepteront des
petits boulots hors annexes 8 et 10. Lorsque ces droits seront ouverts, toutes
les heures de travail effectuées compteront pour le régime général et non pour
les annexes. C’est dire à quel point toutes les mesures de cet accord sont
liées les unes aux autres.
Sur le fond,
cet accord est lié au pacte de responsabilité. Sur les 50 milliards d’euros
d’économies en 3 ans, 2 milliards d’euros sont réservés à l’assurance chômage.
Faire des économies sur le dos des pauvres, c’est la justice sociale voulue par
François Hollande et le Medef. Et les intérimaires ont été sacrifiés.
Au moment où
6 chômeurs sur 10 ne sont pas indemnisés, comment supporter que ce gouvernement
se cache derrière les partenaires « sociaux ». Imaginons que 6
malades sur 10 ne soient pas couverts par la sécurité sociale. Oui cette
gestion est un massacre pour tous les précaires de ce pays.
Mais la pire
des annonces de ce soir et la seule véritable promesse de Manuel Valls est que
l’état va participer au financement des annexes 8 et 10. Le Medef et la CFDT en
rêvaient depuis longtemps, aucun gouvernement de droite n’avait osé, ces
traitres l’ont fait. Ceci est une catastrophe. C’est le début de la caisse
autonome.
Alors que
Manuel Valls a passé le début de son annonce à vanter les retombées économiques
du secteur, autrement dit la solidarité interprofessionnelle, autrement dit que
tous les emplois générés par nos activités (employés de restaurants, hôtels etc
..) sont des cotisations pour l’assurance chômage, le gouvernement s’apprête à
financer une partie des annexes. C’est contraire au principe de solidarité
pensé par le Conseil National de la Résistance, où les actifs cotisent pour les
inactifs, les travailleurs pour les retraités, les bien portants pour les
malades. Ce financement pourra être retiré du jour au lendemain, le jour où
l’état le décidera, le jour où les futures élections les renverront dans
l’opposition pour longtemps. Ce
financement est dangereux et toxique.
Hier
mercredi 18 juin a eu lieu une réunion historique du comité de suivi à
l’Assemblée Nationale. Tous les députés et sénateurs, toutes les organisations
ont parlé d’une même voix à Jean-Patrick Gille. Tout d’abord les députés
PS entre autres ont rappelé qu’ils ne
pouvaient pas critiquer un accord dans l’opposition et le soutenir dans la
majorité. Puis nous avons tous insisté sur le fait qu’une discussion ne pouvait
avoir lieu si l’accord était agréé.
Que se passe-t-il ?
Le
gouvernement valide le texte pour 2 ans et nous propose à posteriori de
discuter.
Pourquoi
cette table ronde réunissant tous les concernés n’a pas eu lieu avant ?
Pourquoi les
syndicats signataires ont-ils toujours refusé de nous rencontrer ?
Au lieu de
cela, on nous propose de nouvelles discussions qui déboucheront sur un nouveau
rapport. Nous connaissons tellement cela. Nous avons tout fait, participé à des
missions d’informations parlementaires à l’Assemblée et au Sénat, à des
commissions, créé le comité de suivi, discuté avec les ministres. Tout cela ne
sert à rien.
Pourquoi ?
Parce que des oligarques tout puissants se réunissent dans les bureaux du Medef
pour décider de nos vies, parce que ces intouchables sont redoutés par un état qui
se déclare impuissant, obligé de valider toutes leurs réformes au nom du
« dialogue social ».
Il est
urgent que ce paritarisme à la dérive dont les membres signataires ne défendent
plus depuis longtemps les premiers concernés soit réformé.
L’état qui,
pourtant, couvre la dette de l’Unedic si
mal gérée n’ose pas prendre la seule décision qui s’impose : remettre en
cause le pouvoir insolant de ceux qui participent à rendre les précaires encore
plus précaires.
A l’heure où
notre pays compte 9 millions de pauvres, à l’heure où les politiques
d’austérité sont une véritable déflagration, l’état doit faire de l’assurance chômage une
grande cause nationale, c’est le meilleur levier contre la précarité.
Notre combat
est celui de tous, celui de la prise en compte des contrats courts, celui des
travailleurs pauvres, celui des laissés
pour compte.
Notre modèle
est attaqué pour ces raisons, nous ne cessons de le dire.
Un jour
viendra, je l’espère, où la femme de ménage du « quai de Ouistreham »
de Florence Aubenas dira NON et se battra pour obtenir des droits qui lui sont
refusés.
Oui ce que
nous défendons, nous le défendons pour tous
René Char
écrivait : « Signe ce que tu éclaires et non ce que tu
assombris »
Ce soir,
dans sa grande déclaration d’amour pour la culture, Valls a choisi le Medef.
Nous n’avons
pas les mêmes lectures.
La lutte
continue