Cher Pascal,

 

Merci pour ton petit mot.

 

Oui l’heure est grave, très grave même.

Et je pense pouvoir dire sans trop m’avancer que nous sommes de plus en plus nombreux à vivre sous le même fuseau horaire.

 

Dans ce contexte très difficile, où chacun s’interroge sur son avenir, où on se demande si on va tenir, où on se demande combien de temps on peut tenir, où on a peur de disparaître, on ne réagit pas tous de la même façon.

Moi, je ne peux pas rester flippée chez moi à attendre que le pays se mette en grève, que le téléphone sonne, et que la peste nous envahisse.

Quand je vois le nombre qu’on est dans les manif anti TAFTA, anti austérité, anti MEDEF, je me dis qu’on y est pas encore, ça va prendre du temps.

La rue n’est pas tout à fait prête encore à devenir un maquis bitumé.

 

« La conscience porte les graines du changement » dit Brett Bailey dont on cherche à interdire le spectacle (voir ici la lettre ouverte de Gonçalves et Bellorinni - http://bit.ly/1xCMlSi - comme quoi je ne suis pas rancunière)

Aiguisons nos consciences pour comprendre ce qui est en train de nous tomber sur la gueule et puis merde quoi, ne nous laissons pas abuser par la morosité ambiante.

Nous sommes aussi à l’heure d’un changement qui s’opère, entre la crainte et l’espoir, choisissons le bon camp.

 

Allez, Pascal, tu crois vraiment qu’en ces temps de disette, 200 personnes s’amusent à traverser la France pour servir la soupe à des élus et les faire mousser ?

Je te l’accorde, il y aura bien quelques salamalecs, et puis toujours une ou deux personnes qui feront dans l’autopromo et dans l’autosatisfaction mais bon, on est surtout là pour travailler et se tenir chaud.

 

J’espère comme toi que nos débats seront bons.

On n’a pas vraiment le choix.

Il faut qu’on se réinvente mais ça se fait pas non plus en calquant des doigts.

 

Merci en tout cas pour le rappel des chiffres. Je suis sûre qu’Agathe, notre chère secrétaire adjointe, les reprendra dans la liste qu’elle va tenir lors de ces deux jours à Villeurbanne où nous allons commencer un recensement de tout ce qui va disparaitre l’an prochain ou a déjà disparu. Tes forces sont les bienvenues.

 

Allez la bise à toi et aux cacahuètes.

L*

Le Mardi 18 novembre 2014 12h32, cacahuete < "> > a écrit :

Lettre à la Présidente de la Fédé des Arts de la rue,
Chère Laeticia,

A l'heure ou des compagnies historiques disparaissent Jo Bithume, ou ont déjà disparues les Piétons.

A l'heure ou d'autres sont en grandes difficultés Génerik Vapeur , Cacahuete, Kumulus et bien d’autres .

A l'heure ou Hors les murs va être dissout dans le CNT.

A l'heure ou les budgets des CNAR baissent drastiquement.

A l'heure ou la commission d'aide à la création du ministère multiplie les abus de biens sociaux.

A l'heure ou le centre National des arts de la rue Lieux Publics ne profite qu'à une seule personne son directeur.

A l'heure ou la Ministre de la Culture tient un discours d 'état totalitaire sur l'amateurisme.

A l'heure ou les Drac vont disparaitre ainsi que les budgets des départements.

A l'heure ou Michel Crespin tire sa révérence, que les fondateurs Jean Digne, Daniel Andrieu, Dominique Trichet  se mettent en retraite des arts de la rue.

A l'heure ou 2 étudiants sur 3 issus de la FAIAR pointe au RSA.

A l'heure ou 60 % du budget art de la rue de ma Région Languedoc ont disparu.
(Fermeture Lieu Noir 1 lieu de résidence sur 2, arrêt des Zat Montpellier, arrêt des Effervescentes de Balaruc,  -20% à Crateres Surface, -15% à la région, 0 + 0 a la Drac, etc…)

A l'heure ou les festivals disparaissent les uns apres les autres dans toute l'Europe.

A l'heure où les menaces sur l'intermittence se font de plus en plus pressantes.

A l'heure ou nos gouvernants prétendus de gauche abandonnent toutes ambitions culturelles et sont prêts sans vergogne à mettre à mal l'ensemble de la profession.

Nous pensons que à l’horizon 2017 plus de 50% des compagnies Art de la Rue seront rayées de la carte et Cacahuete en fera partie.

Nous appelons à un grand réveil et à une grande mobilisation de tous sous les formes les plus radicales afin de préserver nos métiers, nos utopies.
Reprenons la rue il est grand temps mais pour y mettre le feu.

Non, voila pourquoi nous n'irons pas à Villeurbanne faire mousser quelques élus locaux à langue de bois bien pendues et discuter Musiques actuelles, nous avons mieux à faire pour sauvegarder nos outils de travail.
Ceci étant dit nous vous souhaitons de bons débats.

Pascal Larderet  Compagnie Cacahuete


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