Sur une suggestion de lecteurs de la liste nationale de la
fédération des arts de la rue, je publie ces textes sur la liste
rue. Je vous suggère à mon tour d'adhérer à la fédération.
-------- Message original --------
Salut à tou-te-s ! Par ce titre grossier et provoquant, je ne fais que descendre les poubelles au container de déchets sélectifs, mais ceux-ci encombrent mon cerveau qui a fait de la rétention d'opinion pendant ces deux jours d'Université Buissonnière. Que voulez vous, on a beau se retenir, à un moment il faut que ça sorte. Ce n'est pas une envie, c'est un besoin ! Nous sommes ratatinés, étouffés, rendus muets, timides, rabattus à une place de petits, à l'endroit des médiocres par la minorité criarde et écrasante qu'est la classe bourgeoise. Ils sont peu nombreux mais ils sont au dessus. Il sont un nombre insignifiant mais il nous tiennent à leurs bottes, bottes que nous léchons parfois pour obtenir leur indulgence, pour qu'ils nous permettent d'exister. Ils sont minoritaires mais ils nous mènent par le bout du nez, ils nous tirent l'oreille comme à des gosses incorrects. Ils nous acceptent dans leurs théâtres, et nous y prenons parfois un plaisir sincère, notre présence leur fournit l'alibi de la démocratisation culturel. Certains d'entre eux daignent nous visiter dans les rues, nous honorent de leur présence et de leur attention. Leur référentiel bourgeois nous dissèque alors à coups de couteaux en argent. Nos propositions artistiques manquent tour à tour à leurs yeux de portée poétique, de puissance dramatique, de classe, de profondeur d'écriture, de finesse de jeu, d'intelligence, de distanciation au fond et à la forme. Nos structures ne sont pas viables, pas saines, pas équilibrées, nos suffocations les indisposent, notre précarité les gêne. Comme avec les mendiants, les "sans dents", ils se félicitent de donner de temps en temps aux bons pauvres, ceux qui sont dignes, ceux qui se présentent bien, ceux qui font un effort. Ils ne peuvent pas, disent-ils s'occuper de toute la misère de notre monde, ils ne pratiquent pas l'assistance respiratoire pour les compagnies ou structures émergentes. J'entends encore les petits chargés de missions de la Région Bretagne affirmés sans sourciller qu'ils ne peuvent aider que les structures déjà viables. Ces bourgeois nous gouvernent. Ils dirigent notre secteur professionnel, notre monde culturel, tout notre environnement. Nous sommes à leur merci. Et nous, nous cherchons à être légitimes à leurs yeux pour qu'ils veuillent bien nous attribuer un peu d'argent public, l'argent du peuple dont nous sommes et à qui nous adressons nos actes artistiques. Et ce, pendant que les théâtres se remplissent de personnes dont les professions ne cotisent pas à l'assurance chômage (profession libérale, fonction publique, chefs d'entreprises...), personnes qui s’évertuent à payer moins d'impôts ou à aiguiller ceux-ci en dons et mécénats vers les projets de leur choix. Je ne crois pas que la Fédé se trompe en embrassant (avec les bras) largement l'ensemble de ceux qui se proclament des Arts de la Rue, même si entre nous, nous ne pouvons scander que nous produisons tous des excellentes œuvres d'art. Mais, il est insupportable de réclamer encore et toujours de la reconnaissance d'une classe qui ne regarde que depuis son balcon. Alors même que par manque de choix et par mauvaise habitude et par manque de confiance en nous, nous les élisons. Alors même que l'école de la république les accompagne au plus haut rang de la fonction publique. Alors même que chacun d'entre eux, quand ils sont missionnés pour le faire, ne devrait penser qu'à l'intérêt général, qu'aux droits culturels, qu'aux enjeux humanitaires de la culture. Notre salut viendra quand nous leur offrirons leurs "beaux arts" dans "l'espace public". La "rue" c'est pour le peuple, ça ne nous rapportera rien. Nous saurions le faire, certains s'aventurent déjà à le dire pour les séduire, mais nous n'en avons pas les moyens. Nous saurions le faire et nous y gagnerions quoi ? Un peu de l'argent qu'ils ont soutiré au peuple contre notre liberté ?! C'est sans cesse qu'ils nous chient dessus sans retenue. Leur merde de bourgeois n'est pas moins salissante que la nôtre. Alors c'est vrai, parfois comme maintenant dans ce wagon de 1ère classe à prix discount, je rêve de chier sur un bourgeois, par pure vengeance. Quand je chierais sur un bourgeois de la culture, ma compagnie passera directement de compagnie émergente à vieille compagnie, ils me jetteront au tout à l'égout dont les bouches inquiétantes nous guettent à chaque coin de notre théâtre : cette bonne vieille rue, lieu de tous les enjeux publics, de toutes les révoltes. Ahhh, hé bien, ça soulage ! Prenons les reines, heu... prenons les rennes, heu... prenons les rênes ! Bouèb --------------------------------------------------------------------- Desinscription: envoyez un message a: "> Pour obtenir de l'aide, ecrivez a: "> |
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