UN JOUR HISTORIQUE
Le combat
pour les droits sociaux est constitué d’étapes. Certaines sont décourageantes et d’autres ouvrent des
perspectives possibles. La dernière journée des tables de concertation du 17
décembre a été consacrée au chiffrage par l’Unedic des propositions
alternatives de la CGT, du Syndeac et de la CIP. Pour rappel c’est la première
fois que nous avons la possibilité de faire chiffrer nos modèles
d’indemnisation. Jusqu’à présent, nous avancions que ces alternatives étaient crédibles.
Mais les chiffrages que nous avions étaient tous réalisés à partir des données
de la caisse des congés spectacle, et étaient pour le moins contestés par nos
« adversaires ». Aujourd’hui, ce débat est clos. L’Unedic admet que
nos propositions ne sont pas plus couteuses que la réforme imposée depuis 2003.
Le retour à la date anniversaire sur 12 mois évaluée à 35 millions d’euros
supplémentaires est largement compensé par un plafonnement des hauts revenus.
Il augmenterait le nombre d’allocataires de 3000 personnes jusqu’à présent exclues.
Et il éviterait beaucoup de ruptures de droits temporaires chez les actuels
ayant droits. Cela conduirait à une bien plus grande continuité de revenu. Ainsi, tout ce que nous disons depuis 11 ans a
été confirmé : une réforme juste est possible sans aucun surcoût. Oui ce
jour est historique parce que cette affirmation est maintenant incontestable. Plus
personne ne pourra nous répondre « prouvez le nous » : C’EST
FAIT. Certes, nous avons manqué de temps pour affiner les paramètres et nos
propositions pourront être encore améliorées. Il ne s’agit pas de revanche,
encore moins d’esprit triomphant. Il s’agit de mettre en avant ceci : la
preuve est faite que le choix est bel et bien politique et pas économique. Quel
modèle de société voulons-nous ? Le conseil national de la résistance
avait pensé des droits sociaux solidaires : les actifs cotisent pour les
retraités, les bien-portants pour les malades. La solidarité et la
redistributivité sont les bases de toute la protection sociale. L’enjeu est
là : celui du choix entre un modèle assuranciel, celui dont les exclus du
régime financent les assedics versés aux salariés à haut revenus, ou un modèle
redistributif, solidaire et juste.
A partir du
cas particulier des intermittents du spectacle et notre démonstration
maintenant actée et partagée, nous pouvons affirmer que tous les choix sont
politiques et qu’il est possible de penser le monde autrement. Toute la
convention d’assurance chômage est à revoir. A l’heure où 86% des embauches se
font en CDD, où le nombre de chômeurs à activités réduites explose, il est
urgent d’adapter la protection sociale en générale et l’assurance chômage en
particulier à la discontinuité. Le dossier des matermittentes a mis en avant un
fait : toutes les règles sont pensées pour l’emploi stable et sont inadaptées
à l’emploi discontinu. A droit ouvert égal, être enceinte un jour de l’année
plutôt qu’un autre a des conséquences énormes : dans un cas le congé sera
couvert par la sécurité sociale, dans l’autre non. Comment continuer de supporter
cette injustice ?
Oui nous le
rappelons sans cesse : 6 chômeurs sur 10 ne sont pas indemnisés. Cela peut
paraître un slogan. C’est une réalité terrible pour ces millions de pauvres
dont on ne parle pas. Face à cette situation, on nous vend des recettes de
plein emploi toutes aussi mensongères et farfelues les unes que les autres.
Nous pouvons faire autrement, il y a des solutions possibles. Ces réformes
aussi ne sont pas économiques mais politiques : imposer la précarité
généralisée afin d’avoir une main d’œuvre à pas chère, des petits boulots de
misère, et des droits sociaux inexistants.
Enfin, il
faut rendre hommage à la lutte. Grâce à la mobilisation, ces tables de
concertations auront pour la première fois permis de prouver de manière
incontestable ce que nous affirmons depuis le début. La balle est maintenant
dans le camp de ceux qui décident. Nous avons maintenant tous les arguments
pour les faire changer de cap. Le mouvement devra être à la hauteur si nous
voulons transformer ce jour historique en jour de justice pour tous.
Sam