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Re: [rue] Fwd: ni mièvre ni idéaliste


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  • From: Czapla < >
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  • Subject: Re: [rue] Fwd: ni mièvre ni idéaliste
  • Date: Thu, 19 Nov 2015 15:16:20 +0100

Oui

Xavier Czapla 
0616602816

Le 19 nov. 2015 à 13:33, ART SONIC INFO < "> > a écrit :











Le 19 nov. 2015 à 09:36, xavier czapla < " class=""> > a écrit :





C'est vrai que, l'air de rien, le temps passe et les rassemblements sensibles
doivent ouvrir la voie aux rassemblements des esprits
on s'y met ?
xavier czapla


Date: 19 novembre 2015 00:06:27 UTC+1
Objet: ni mièvre ni idéaliste

Bonsoir,

c'est un mail que je vous envoie collectivement.
J'ai envoyé ce matin le mot qui suit à une trentaine de personnes - plus ou moins proches.
5 réponses
1 abasourdie
2 désemparées démunies mais qui proposent qu'on se réunisse
3 partantes et avec propositions, mais en région

je n'ai peut-être pas été assez claire : c'était un mot de circonstances - de sales circonstances-  mais que je ne désire pas lettre morte; seule s'il faut...

Tout de suite : oui je sais que l'atrocité n'a pas lieu qu'ici, oui je sais que nos gouvernements ont cautionné des régimes ou le font encore qui ont pu provoquer des colères et des frustrations. Pour ma part je n'ai pas de Dieux que mes grecs et ceci, ce que je demande, propose, souffle, n'est pas une tentative de récupération, un désir de centralisation, etc etc etc

Si on ne veut pas participer mais penser avec moi - m'y aider - , si on a, que l'on soit ou non dans les mêmes "cadres" de profession que moi, des idées, des questions... C'est le moment.

Si l'on veut faire passer en énonçant mieux...
Nous avons l'usage des mots et la capacité d'être actifs encore, et je ne crois plus que le simple fait de continuer à vivre soit une résistance en soit - et à quoi ? ni de jouer sur des scènes, ni de fabriquer des fictions sitôt que la capacité de symboliser est devenue impossible pour des concitoyens... Les jeunes gars qui ont buté en crétins d'autres jeunes et se sont butés eux-mêmes avaient été élevés ici;  je ne crois pas au mal absolu, ni à la vertu du sentiment de culpabilité. Ces jeunes gens, j'aurais pu les croiser et ils ont massacré ici. ça me suffit, pour souhaiter vous envoyer ce mot - encore.

Que voici :

Bonjour,
Mon mot, adressé à plusieurs de mes amis et connaissances, sera maladroit, mais je l'espère "productif" de sens et d'action.

Les gens qui ont tué et les gens qui sont morts ici étaient assez jeunes. Avec de la vie devant, normalement, - quand on vit ici, je veux dire.

Par solidarité résonne l'hymne d'un pays : Aux armes citoyens !
moi, ça me tire des larmes (ce qui ne va pas sans m'étonner) : mais l'impuissance aussi me tire des larmes, bien plus.

La joie de vivre, oui je l'ai et peux l'opposer aux pensées morbides, mais me fendre la tête d'alcool en dansant sur mes jambes, seule, assourdie de rock pour éprouver une sorte de liberté ne me suffit plus.

Je dois ces jours-ci écrire sur les gestes des peintres de la fin du 19e siècle, qui peignaient des femmes chairs de fleurs, loin du vacarme de leur époque. Cette dissonance me trouble. Créer, oui, mais avec du persil dans les oreilles ? créer de la beauté, de l'ordre et de la volupté comme paratonnerre ? 

ça frotte aux entournures. 
Je sais bien qu'il faut continuer, mais je sens aussi qu'il faut un petit plus.

"aux armes citoyens"
Je suis citoyenne. 
Pas d'armes, je veux dire, un opinel...?
Quelles armes ?
Un état en mode sécuritaire ressemble trop à mes pires cauchemars pour que je renonce à me servir de ce qui m'anime pour agir, cependant. 
Je renonce à émettre des avis sur des événements juste morbides, mais je veux résister au morbide avec ce que je sais faire.

Je ne sais comment, mais je suis certaine, par mon expérience dans les "quartiers", les maisons d'arrêt, les cités que nous avons des "armes". Qu'il ne faut pas attendre les cahiers des charges des institutions culturelles, l'argent des subventions etc. Ces attentes nous ont anesthésiés et ont affaibli nos initiatives. 

Nos "armes" sont de mots, de capacité de penser et de chair en mouvement : nous savons qu'une seule rencontre peut changer la vie d'une jeune personne. Qu'il s'agit de donner les moyens de ne courir qu'après une seule chose : la capacité de penser la liberté commune et individuelle, dans une curiosité toujours réactivée de la vie.

Je devine sourdement qu'il ne faut pas demeurer dans cette sidération qui nous délie du réel, qu'il ne faut pas laisser passer trop de temps, temps pendant lequel les crétins ont le temps de se reconstituer et d'être prosélytes encore (d'où qu'ils soient) , 
temps pendant lequel l'état a le temps de se croire obligé de se dresser en père et de resserrer les dispositifs policiers pour renforcer un sentiment de sécurité, 
temps pendant lequel les indigents du ciboulot perclus de culpabilité ou de haine ont le temps de dire tout et n'importe quoi pour diviser encore et encore. etc.

Ce n'est pas minimiser un danger que de vouloir agir autrement qu'en attendant. Je n'ai pas très envie d'attendre. La patience n'est pas une vertu qui me convienne.

Ce n'est pas non plus par bonne conscience.
Ni même par militantisme.

Je ne sais pas comment m'y prendre : je n'ai plus d'accès aux lieux où je peux faire transmission de mes savoir-vivre. Nombre d'entre vous n'ont pas attendu pour être présents là où les liens ne se font plus. Mais je pense que si nous sommes nombreux, comédiens, étudiants, musiciens, libraires, animateurs de lieux de partage publics, soignants, architectes, auteurs, "éducateurs", "communicants", circassiens, plasticiens, techniciens du spectacle, enseignants, etc : nous pouvons penser nos "armes" et panser un petit peu notre société, non ?
En voisins.

Ce qui se passe aujourd'hui est une violence "de proximité". Nous sommes si impuissants au gros monde semble-t-il... Qui de nous peut dire et assumer tranquillement : j'ai lancé une frappe aérienne, je ferme mes frontières aux réfugiés, j'ai trouvé des solutions.. parce que "l'état, c'est moi." ?
Agir en proximité doit pouvoir avoir des répercussions plus larges et qui nous ressemble plus, non ?
Est-ce hors de portée ?

Allez : à plusieurs, on devrait pouvoir penser à une forme d'action à court, ou moyen terme. Non ?

Pour ma part, j'en ai besoin : ne pas se sentir seulement liquide, en y allant de sa larme à chaque fois que ça entonne l'hymne. 

Bonjour.

j'attends des retours, oui. Pour construire, au plus vite. Efficaces et pertinents.

baisers.

anouch.

Bonne nuit


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