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Re: [rue] Fwd: Pour cause arrêt d'activités, 1001 vies vend matériel...


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  • From: Franck Halimi < >
  • Cc: Fabrice Levy-Hadida < >, " " < >
  • Subject: Re: [rue] Fwd: Pour cause arrêt d'activités, 1001 vies vend matériel...
  • Date: Mon, 9 May 2016 18:18:17 +0200

Salut, c'est Franck de Bourgogne.

Dès que j'ai lu la lettre de ta compagnie, Fabrice, j'ai eu un électro-choc (un de plus !).

Nous vivons une période où ce genre de décisions ne devrait pas être interne à une compagnie.

Attention, ne te méprends pas : je ne suis certainement pas en train de donner une opinion sur votre choix d'arrêter.

Mais, plutôt sur le fait que nous devrions être plus attentifs les uns aux autres.

Que nous devrions être en mesure d'oser exprimer (que ce soit sur cette liste ou ailleurs, mais, surtout, collectivement) ce qui ne fonctionne plus, ce qui nous entrave, ce qui nous blesse, ce qui nous dénoue,...

Hors, au contraire, nous crevons tous dans notre coin, la bouche ouverte, sans possible résilience, sans espoir de rebond, mais avec une étouffante résignation.

Oui, vous avez raison, ce putain de problème de répartition est central dans cette réflexion-là.

Tous ces faits de princes, qui désignent les récipiendaires des fruits de notre bourse : oui, il y a vraiment quelque chose de pourri au Royaume des prébendes !

Et, au lieu de nous rebeller, au lieu d'aller demander des comptes à ces zélés zélus qui, de ce fait, deviennent tout-puissants, nous préférons disparaître et mourir sobrement et discrètement : quelque chose m'échappe vraiment dans ces attitudes d'acceptation des choses.

Attention, Fabrice, une fois encore, ne te méprends pas sur mes intentions : je ne dis pas (car je l'ignore) que vous n'êtes pas aller sonner toutes les cloches de votre entourage, ni que vous ne vous êtes pas bougés pour sauver votre compagnie.

Mais, ta lettre m'a fait bondir car je connais moult compagnies qui, comme la tienne, sont en train de sombrer corps et biens, et qui ne trouvent pas l'âme, l'énergie, l'envie, l'idée,... de contre-attaquer et de monter au créneau...

Et ça, ça me rend fou !

Parce que, pendant ce temps-là, j'en connais qui se gobergent de subventions plus indécentes les unes que les autres, que ce soit au niveau local, départemental, régional ou national (voir le dernier cas en date du label "Compagnies NATIONALES" du Ministère de la Culture), qui profitent du régime des annexes 8 et 10 d'une façon éhontée (en ne défendant jamais au grand jamais lesdites annexes lorsqu'elles sont remises en cause au niveau des négociations de l'UNEDIC), et qui nous toisent de leur morgue sans nom lorsque l'on ose évoquer les conditions sociales dans lesquelles elles accomplissent leur "grand-oeuvre".

Et moi, il est hors de question que je crève sans lutter.

Et, comme il m'apparaît clairement qu'il ne pourra y avoir de salut que collectivement, je relance ici même (une fois encore !) l'idée de lutter ENSEMBLE (que ce soit sur les financements publics de la culture ou sur les droits sociaux collectifs), au lieu de crever tout seul...

Voili.

Ami calmant.

@+ Franck de B.
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Le 9 mai 2016 à 16:30, maria spectacle < " target="_blank"> > a écrit :

bonjour, 

et bien moi aussi je pourrai être intéressée…si la liste est visible quelque part !

bonne suite à vous et merci

maria




Madame Monsieur de la rue,

La Cie les Mille et une Vies, maison fondée en 1998 à Lille a interrompu ses activités (pour info cf infra communiqué). Elle met donc en vente le matériel qui lui a permis de développer son Théâtre de Marionnettes Itinérant et de partir à la rencontre des publics...
Systèmes son et lumière, accessoires, bancs et outillages tout est à vendre.... à ceux qui continuent, ceux qui démarrent, ceux qui sont à la recherche de matériel pour développer leur activité, nous pouvons envoyer une liste sur simple demande...

"Ce n'est pas bon, je recommence..." disait l'autre...

Bien cordialement

Pour Les (ex) Mille et une Vies
Fabrice Levy-Hadida

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Lille, le 25 avril 2016


de Cie Les Mille et une Vies

à

Toi



Objet : Dissolution / Disparition / Avis de Décès


Madame, Monsieur,


Il nous a fallu du temps avant d'écrire les mots qui suivent. Il nous a fallu du temps de silence. Il nous a fallu nous enfermer dans le silence, ne pas donner de nouvelles, rester cloîtrés à penser et repenser notre fin ou ce qui l'avait entrainée. Ce silence, ce temps là, on voulait peut-être qu'il nous permette d'ouvrir des opportunités si nous choisissions de changer d'avis, de rebrousser chemin, de rebondir, de recommencer ; mais le temps n'a pas joué en ce sens.

Le temps, on l'a regardé passer. On se disait que tout devenait plus compliqué ; on en est même arrivé à se dire qu'il avait fallu qu'on soit fou pour penser faire et faire ce qu'on avait fait. On regardait notre image, ou ce qu'il en restait, comme on aurait regardé des Don Quichotte, courant dans le vent, agitant les bras, cherchant à se battre contre des moulins ; des batailles perdues d'avance ! On se disait même que si on avait vécu dans un roman, c'eut été épique.

Oui, depuis la création des Mille et une Vies on avait essayé, essayé de s'engager. Dans les quartiers excentrés, sur des territoires éloignés on avait essayé de jouer le jeu de l'égalité culturelle en oubliant, volontairement ou involontairement, que l'égalité n'existe pas et que les mots ne font pas les politiques.

Avec notre entreprise culturelle de proximité, avec notre Théâtre de Marionnettes Itinérant, on avait essayé de participer à inventer des solutions. Pendant longtemps, on y avait cru. On avait trouvé des soutiens, des hommes et des femmes de paroles qui, de leur place, avaient soutenu notre démarche, nous avaient donné du baume au cœur, nous avaient aidé à courir, à croiser d'autres coureurs de fond dont l'ambition humaine ne se mesurait pas à la taille de leurs possessions...

Pendant de longues années, porteurs de projets permanents, gardant les mains devant nos yeux, bouchant nos oreilles, on avait continué d'avancer. Quand au moindre changement de conseiller, l'Etat n'assumait pas la continuité de ses interventions, nous cherchions d'autres solutions. Quand les villes, les agglomérations, les territoires se défaussaient, nous continuions en trouvant d'autres financeurs. Quand des politiques, des partenaires nous mentaient, on le savait, on courait, on se démenait et on continuait.

Mais au final, on a dû se résoudre à accepter la réalité, tout ça ne fonctionne pas ! Les territoires et la culture ne manquent pas d'argent, c'est la répartition qui pose problème ! Comme ailleurs, comme partout quelques uns se gavent pendant que d'autres récupèrent des miettes et que la majorité, tendant la main, meurt.

Oui, ce n'était pas les financements qui manquaient mais bien le partage qui était inégal. Et cette inégalité perdurerait parce qu'elle était devenue système. Beaucoup l'utilisaient l'inégalité, certains la défendaient, s'offusquant parfois de différences de traitement, non pour aller vers un changement de paradigme mais plutôt pour faire une percée vers des sièges vacants....

Et nous aurions dû écouter les mensonges, conscients de leur absence de valeur mais les supportant, juste pour continuer ? Des mensonges, on en avait assez entendu. Lorsqu'une dernière déconvenue d'une longue série de déconvenues nous est tombée dessus, on a décidé d'arrêter de courir, de clôturer les projets en cours, puis d'en finir. Ca suffisait comme ça.

Malgré ceux qui continuaient de nous soutenir, on a arrêté de monter des dossiers, on s'est retiré, on ne voulait plus participer à la mascarade. Fin 2014, les deux piliers de la structure, FLH & DSM ont retrouvé leurs individualités . Tout ceci n'a pas été simple ; encore aujourd'hui abandonner La Cie, une structure et des projets qui ont été carburant et moteur de notre vie pendant près de 20 ans n'est pas simple ; c'est même très douloureux. C'est une des dernières lettre-communiqué que nous écrivons en utilisant la forme impersonnelle, nous fondant dans le "nous". Nous avons repris nos noms, nos objets, nos routes et avons commencé d'imaginer ce que serait l'après Cie Les mille et une vies.

A vous qui nous avez soutenu, qui avez cru en nos projets, qui nous avez fait croire en les vôtres, nous voulions vous tenir informés, vous dire notre décision de dissoudre les Mille et une Vies, de ne plus participer à des batailles que, pour l'heure, nous croyons perdues d'avance. A vous, nous voulions dire merci.

Bien amicalement,

La Cie Les Mille et une Vies, Fabrice Levy-Hadida, Dorothée Saint-Maxent

mais aussi, le Conseil d'Administration

mais enfin, Germain Lenain, Zette, Vladimir et les Grizbatoruc,




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