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- Subject: [rue] ma petite pierre...
- Date: Mon, 22 Aug 2016 18:01:34 +0200
Aurillac
ça va vite. L'avantage d'Eurodisney sur Eclats d'Aurillac 2016 c'est
qu'à Eurodisney tu ne passes à la fouille qu'une seule fois. A Aurillac
c'était 3 ou 4 fois par jour voire beaucoup plus selon tes déplacements.
Fouille légère certes mais oppressante à la longue. Du coup, la petite
échauffourée de vendredi - à laquelle je n'ai pas assisté - a eu pour
effet d'alléger légèrement le dispositif du lendemain et ça n'était pas
un mal. On peut s'interroger sur la pertinence de ce coup d'humeur mais
il exprimait à sa façon un sentiment général de ralbol et ceux qui
géraient ce système sécuritaire ont eu l'intelligence de ne pas en
rajouter après l'évènement. Jouer dans un bunker n'a rien de mirobolant.
Espérons que ce ne sera qu'un exception. J'ai eu l'occasion de croiser
une patrouille assez conséquente de gendarmes surarmés procédant à une
vérification d'identité sur trois ados dépenaillés. ça fait froid dans
le dos. Mais in fine on a tous joué, faisant contre barrière bon coeur
et devant un public moins nombreux que les autres années.
La météo était impeccable, il faut dire, les quelques pluies qui sont
survenues promptement ayant fait le service minimum aurillacois.
Cette année, le bonheur était dans les cours -parfois surbondées- entre
soi, à l'abri et sans le risque des perturbations sonores auxquelles on
n'échappe plus avec cette agaçante prolifération des sonos de tous poils
-putain que je hais les sonos parfois-.
Mais les cours favorisent l'avignonisation du festival. C'est de la
salle sans toit, peinarde, conviviale, à l'abri de la rue, de la vraie,
cette arène où mimes, danseurs, groupes musicaux et visuels sont les
seuls à s'épanouir sans se faire agresser par des decibels en folie.
Les seuls ?
Heureusement non. J'en ai trouvés qui résistaient, sans sono, à
l'ancienne, et qui se sont fait de bien beaux cercles. Citons avec
gratitude les Boudeuses, dont la patate un peu criarde et pour cause n'a
pas nuit à l'efficacité comique et les Transe Express dans "l'histoire
de Thomas Sankara": une demi-heure de petit bonheur où on a retrouvé la
rue telle qu'on l'aime.
Nous dormions au centre-ville, à deux pas de la mairie. Une bonne façon
de vivre ce que vivent les aurillacois pendant le festival. Un enfer.
Les festivaliers n'ont pas le moindre égard pour les habitants. Tu te
prends une trompette à trois heures du mat'. ça hurle toute la nuit. ça
s'égosille. ça dégoise, ça djambe interminablement sans le moindre égard
pour ceux qui dorment là. Tu comprends les exodes et les grincements de
dents .
Pour ce qui est de mes petites aventures à moi, entre le pot du in, le
pot de la SACD, le pot du off où j'ai fait acte de présence et de
goinfrerie, j'ai fait mon petit bonhomme de chemin. Loin de Troie n'est
pas un spectacle pour rue, mais pour espaces non dédiés, amicaux,
conviviaux, bref, assez éloignés de l'endroit où j'étais. J'ai fait des
petits publics, d'autant plus méritants que je jouais tard et samedi ce
fut une très bonne, une presque parfaite, une de celles qui font
carburant pour aller plus loin.
Le samedi à Aurillac est ma journée préférée. Les pressés sont partis.
Restent les gourmands. Les programmateurs lâchent leurs programmes et se
font plaisir. Les artistes sont moins tendus et en profitent pour aller
voir ce que font les autres. On déguste les miettes avec délectation
sans chercher à se prouver quoique ce soit. Ce sont les dernières
représentations et elles ont souvent la beauté des crépuscules.
En ce qui concerne les spectacles que j'aime et que j'ai défendus,
Madame Tantale, l'Affaire Jeannette, ce furent leurs meilleures
représentations aussi. Et ils ne sont certes pas les seuls.
Aurillac est un mirage. Un endroit des mille et une folies où tu peux
vivre un miracle tout comme une débacle. Une mecque bordélique où les
prophètes vocifèrent, se défoncent, s'affichent et où les pélerins
grouillent, le programme à la main, en quête d'un extase souvent
décevant mais parfois fabuleux. Où l'avenir te fait des clins d'oeil,
seulement, où l'espoir est le plus souvent chichement rétribué, où de
belles aventures sont aussi parfois nées. On ne sait jamais à l'avance.
Un acte gratuit où il faut payer de sa personne et de sa monnaie. Une
danse. Une transe. Une frasque rituelle où paradent les professionnels
tandis que les soutiers souquent.
Et l'occasion de retrouver ou découvrir de bons copains....
ça aussi.
Pierre
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- [rue] ma petite pierre..., Pierre Prévost, 22/08/2016
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