il faudra bien relativiser les communiqués de victoire de Rue Libre et les auto- félicitations et autres congratulations. Jean Luc a traité la face positive, moi je vais un peu égratigner, mais c’est pour progresser, pas pour faire le grincheux. On a commencé entre nous, Place de la République, et on a terminé entre nous à l’assemblée Nationale. Nous, les plus grands rassembleurs de public, je dis bien nous étions entre nous. Je le sais depuis longtemps, puisque pendant 9 ans à Montbéliard j’organisais avec Hervée les samedis piétons, et que nous n’arrivions jamais à dépasser les 80 personnes. Le théâtre de rue est un immense malentendu. Ce n’est pas notre théâtre qu’aiment les gens, c’est la fête, le rassemblement de centaines de compagnies dans des rues trop petites, avec de la bière, des stands de bouffe etc Après, c’est sûr, c’était difficile de ne pas nous voir aux Tuileries surtout quand Madame ne passait pas la porte, rue de Rivoli, et là enfin on a eu un peu de chaleur humaine, des centaines de touristes estomaqués prenaient des milliers de photos, là les ingrédients y étaient, adversité, Suspens, Enfin des badauds, enfin du monde. Notre manifeste sonnait faux. On réclamait la libre _expression_ dans l’espace public, or on l’avait, la préfecture nous avait offert un parcours de rêve, on a traversé tout Paris. On se plaignait de trop de sécurisation de l’espace public, deux scooters de flics devant et une voiture derrière. C’est tout. Un maître de cérémonie de la police très aimable nous montrait le chemin. On créait des embouteillages énormes , ils nous avaient donné tous les droits. Pour la sécurité c’est nous qui trainions une dizaine de barrières Vauban symboliques. J’hallucinais. On nous a juste barré l’accès aux jardins du Palais Royal, et heureusement car nous aurions crié sous les fenêtres du Ministère sur l’absence de moyens alors que le budget vient de passer pour la première fois la barre symbolique des 1% et que quelques compagnies de rue se voient considérablement augmentées. + 1,7 M. pour la rue le cirque, bon d’accord il y a 2,3 M pour la sécurité, et 116 M€ pour la démocratisation culturelle ! Alors qui n’était pas là ? Personne n’était là. Heureusement à la fin, l’ami député qui nous soutient Patrick Bloche est venu dire quelques mots. J’ai échangé trois phrases avec Isabelle Loursel, une des candidates de Chalon. Bruno de Beaufort représentait les CNARS, lui qui n’a même pas de lieu. A la toute fin, Christophe Evette des Grandes Personnes nous a fait une performance magique, il a transformé Marianne en africaine. Là on s’est bien éloigné du corporatisme, et notre Lucile Rimbert a dit quelques phrases de Victor Hugo bien senties. Sauf que le seul public c’était nous. Tu me diras que Rue Libre ce n’est pas pour le public , c’est pour FR 3 et la presse. Oui , La Marianne est belle et fascinante, il a raison Gilles d’en être fier. La troupe éphémère qui l’accompagnait… Hmm, bon on connait toutes les excuses. Pas de répétition, pas de costume, pas de chorégraphie, pas de metteur en scène. cinq heures de jeu continu… Ils ont fait ce qu’ils pouvaient. Pour la fois prochaine, je proposerai une vraie compagnie professionnelle aguerrie à la déambulation. Le bénévolat a ses limites. Quand je pense que l’on a interdit les batteurs de pavé à Chalon et que là, nous occupions tout Paris pendant 5 heures bloquant carrément les grands boulevards, la rue de Rivoli, les quais de la Seine, faudrait que cela fasse jurisprudence. Calvier me confiait que pour la préfecture il avait demandé les droits d’une manifestation pas un événement artistique. Alors transformons Aurillac et Chalon en manifestation de protestation. Je lisais un papier sur la compagnie de Sylvain Creuzevault, ils jouent deux heures et ont droit à 4 heures de notes. Nous on joue cinq heures et on dit “ ça s’est bien passé, c’était très chouette, félicitations à tous”. Il y’a de la marge entre ces 2 extrêmes. Tous au cimetière ! jacques Livchine Metteur en songes |
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