Le Lieu Noir est le premier "lieu de fabrique" à avoir rejeté son conventionnement en 2012, en partie justement parce que vous refusiez de participer à ce système de présélection. (Je fais peut être une erreur en disant ça, mais il me semble que c'est comme ça que tu m'avais raconté cette histoire, donc corrige moi si je me trompe, sur ce point) C'est tout à ton honneur, et pour tout dire, j'ai beaucoup de respect pour ce geste. Donc je vais pas développé plus là dessus, je pense que tu es un des premiers à avoir senti ce piège et à avoir agis pour t'en sortir. Et à quel prix !
Bon voilà, j'ai posé mon caca, et puis aussi, c'est dur pour un gosse de se rebeller contre ses parents quand ils lui disent : "nous on a reconstruit un nouveau monde, on est des créateurs révolutionnaires, du coup, toi, mon enfant, je veux que tu sois libre de faire ce que tu veux."
c'est un peu ingrat de se rebeller contre un tel discours (même si bien sûr, il est faux). "il faut pas cracher dans la soupe quand même ..." (Combien de fois je l'ai entendu celle là ?)
Tout ça pour en arriver là :
La jeune génération elle est bien dans la merde, surtout ceux qui veulent faire bouger les lignes : ceux là, ils sont condamnés à une mort artistique douloureuse, humiliante et rapide.
Donc si tu les vois pas à l'UB, ni en festival... si ils ne peuvent pas publier d'articles, ni même jouer leur spectacle... peut être qu'effectivement cette génération là n'existe pas. Mécaniquement, on l'a fait disparaitre.
Donne moi des exemples contraires.
Allez, cite moi, pour rigoler une compagnie (de 1ère, 2ème, 3ème ou 4ème génération, comme vous voulez) qui est AUJOURD'HUI ouvertement et EFFICACEMENT contestataire, et qui est entrain de modifier le visage des institutions ? (même juste des institutions des arts de la rue, soyons pas trop gourmands, juste des arts de la rue).
C'est pas rigolo, c'est ce que tu disais, en fait.
Mince, en fait, je suis d'accord avec toi...
Maintenant, je m'adresse à toi en parlant à tout le monde, pour faire cool.
Prochain coup, quand tu vois un ou une "jeune" (même de moins de 29 ans hein) qui semble casser les couilles au "système" des arts de la rue... pas pour de faux, pas parce que c'est à la mode et vendeur, pour de vrai. Un ptit gars ou une petite meuf qui y croit, qu'est pas con et qui te tord un peu les tripes à toi personnellement au point que tu préfères détourner pudiquement le regard, de peur que ça égratigne tes convictions...
Perle rare : va boire un grog avec, donne lui un peu de ton crédit et de ton attention (je parle même plus de tunes, on sait bien que ça existe plus ces trucs là), laisse toi transformer.
Et c'est pas un problème de reconnaissance, c'est un problème d'utilité public.
Sur un plan collectif, les opinions de la génération 1 et 2, et je mets Monsieur Crespin en première ligne (les meilleurs intentions du monde peuvent avoir les pires conséquences, et les pires intentions les meilleurs...), on voit clairement à l'analyse où elles nous ont menées. Il est peut être temps de changer de stratégie... Radicalement... Mais c'est dur de reconnaitre qu'on s'est planté.
Il est URGENT d'abandonner la culture du PROJET dans laquelle on s'est enlisé depuis 15 ans (minimum), et d'inventer d'autres systèmes de distribution, d'achat et de vente, de production, qui ne soient pas basés sur la sélection.
Tout le monde devient débile avec ça. Entre dépression, désespoirs, paranoïa et érotomanie...
Quand j'ai dit ça en en mars 2013 (ça commence à dater) devant une soixantaine de dignitaires des arts de la rue au court d'un "panorama des chantier" à la FAIAR, je me suis fait défoncer. Métaphoriquement. Défoncé. Et tous ceux qui étaient d'accord avec moi, tous se sont planqués, pour ne pas se faire griller. L'odeur de la chair humaine, c'est appétissant, même quand c'est la notre. (Du coup j'en ai redemandé... mais au bout d'un moment, il reste plus grand chose sur le barbecue de l'institution.)
Je te fais passer un petit reportage qu'on a fait juste après le panorama, à Aurillac, une bêtise, mais
on y entend les paroles de quelques uns d'entre nous, qui donne leur point de vu (parfois poétique, parfois politique) sur cette question de la sélection.
On a fait ça en pirate, parce que personne n'aurait l'idée d'acheter une connerie pareille sur dossier
https://www.youtube.com/watch?v=iXaqzOy1_zc. C'est du collectage, de la criée public, un jeu à l'échelle du festival. On l'a fait avec des bouts de ficelles, en chourant le matériel dont on avait besoin dans les magasins, mais on l'a fait.
Curieusement, 2 ou 3 ans plus tard, le festival d'Aurillac mandate Boueb (coucou Boueb, ça parle grave de toi à fond sur ce fil ;), pour mettre en place un dispositif similaire au même endroit. Et je trouve ça très bien dans le principe !
(C'est un copain, tout va bien) Mais pour les pirates de 2013, bin... tant pis ! Qu'est ce qu'ils sont devenu ?
Quasiment tout le monde s'en fout.
Dévoration de l'homme par l'homme, botanique de la mort.
Voilà un peu ce qu'elles ont a défendre les "jeunes" compagnies.
Pas des idées, pas des opinions.
Celles que tu vois, elles essayent de défendre leur sous-existence miséreuses, elles auront des opinions plus tard, quand elles pourront jouer sans flipper, sans conflit d'intérêt, sans se faire griller à tout bout de champs. (il est probable que ça n'arrive jamais).
Les autres, elles auraient besoin de reconnaissance. Pas pour le plaisir d'être féliciter, non non, juste pour pouvoir bosser sans piller les commerçants des villes où elles jouent...
Pour ceux qui sont arrivés au bout de ce mail, bravo, et fin du suspens,
je crois que tu as raison monsieur Larderet
alors voilà, la jeune génération n'a pas les moyens de dire qu'elle t'emmerde, en fait elle n'en a même pas l'envie, parce que le désir, c'est un luxe dans la société capitaliste, que l'on ne se payera pas.
donc la jeune génération ne t'emmerde pas monsieur Larderet, elle considère même que tu as raison.