Je me souviens de cette émotion de bonheur qui m’avait rempli à la découverte de ces mots de Rousseau. J’y avais trouvé là, mis en belle forme, l’exacte conviction qui me portait à mes débuts ; non sans une pointe de naïveté et d’ignorance, baignées d’une insouciance dionysienne.

Pour autant, aujourd’hui, c’est la tristesse qui me remplit à la lecture de ces mails.

Depuis 259 ans, ces échanges ont fait couler beaucoup d’encre et sont à la base de nombreux ouvrages du rayon culture des librairies. Puisque tu n’es pas un perdreau de l’année Jacques, peux-tu nous dire dans quel but tu nous livres cet extrait sans tes commentaires ?

Y aurait-il un danger de prendre au pied de la lettre l’extrait d’un vieux texte sans en connaître son contexte ? Quoi qu‘il y aurait déjà fort à dire sur ce seul extrait… Un propos à l’impératif, caricatural, mièvre, racoleur, faux, une ode à l’obscurantisme empreinte de dénigrement pour un clivage mal-vaillant faisant moult confusions, dans le seul but de courtiser la masse crédule.

En 1758, il n’y avait pas encore la République et encore moins de Ministère de la Culture. Ces échanges ont contribué à forger les notions d’art et de culture telles que nous les vivons aujourd’hui et sont à la base de nombreuses problématiques toujours à résoudre. Pourquoi cette lettre de Rousseau lui a-t-elle valu une rupture avec le milieu des philosophes, Voltaire et Diderot en tête ? (Voltaire qui est au Panthéon, si tant est qu’on y attache une valeur culturelle) Fait instructif, cela peut-il susciter un doute, ou, pour le moins, le désir d’en savoir plus ?

Je ne doute pas un instant qu’à leur tour, certains feront de cet extrait leur justification sans l’avoir décortiqué. Ceux-là mêmes qui ont l’humble prétention de s’attacher à donner du sens à leurs actions. Désespoir et consternation! Pour ceux qui auront la curiosité de s’intéresser à ce débat, la tentation sera grande de savoir sous quelle bannière ranger leur opinion. Il sera préférable qu’ils cherchent à penser par eux-mêmes en retirant le meilleur de chacun pour, à la fois, se construire et/ou bâtir notre avenir commun.

Sur cette liste, et dans notre petit secteur, je nous trouve bien plus enclin aux slogans et aux phrases courtes pour des idées toutes aussi courtes. Sommes-nous au pays des aveugles ?

Pour ma part, je serais ravi de savoir que les écoles dites artistiques consacrent dans leur enseignement un tout petit paragraphe à ce sujet qui me paraît essentiel à porter à la connaissance.

De toute évidence, vous donnez raison à la justesse du titre d’un ouvrage de Serge Chaumier « Les arts de la rue, la faute à Rousseau ».

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Frédéric Roucheray

Le 21 mars 2017 à 08:22, Jacques < " target="_blank"> > a écrit :

cela date de 1758  dans la lettre à D’Alembert

N’adoptons point ces spectacles qui renferment tristement un petit nombre de gens dans une antre obscure, qui les tiennent craintifs  et immobiles dans le silence. 

C’est en plein air c’est  sous le ciel qu’il faut vous rassembler et vous livrer au doux sentiment de votre bonheur. Que le soleil éclaire vos innocents spectacles, vous en formerez un vous -mêmes, le plus digne qu’il puisse éclairer

Mais quels seront enfin les objets de ces spectacles ? Rien si l’on veut. Avec la liberté partout où règne l’affluence le bien- être y règne aussi.

Plantez au milieu d’une place un piquet couronné de fleurs, rassemblez-y le peuple et vous aurez une fête. Faîtes mieux encore, donnez les Spectateurs en Spectacle ; rendez-les acteurs eux-mêmes ; faîtes que chacun se voye et s’aime dans les autres, afin que tous en soient mieux unis.

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