Chronologique Discussions 

< Chronologique >      < Discussions >

---

La politique.
En photo : l’entrée du petit bois par lequel il faut passer pour arriver à la
maison (il y a une autre entrée, par la route, on n’est pas des sauvages).
L’entrée par la forêt est un raccourci, de la meilleure espèce : celle des
raccourcis qui rallongent un peu.

Ah oui, la politique : les consignes de vote ont volé comme des hirondelles.
Les cerveaux réfléchissent aux meilleures stratégies. Ça doit faire le même
crépitement dans les têtes que quand les écureuils boulottent une pomme de
pin jusqu’au trognon.

Vie locale : des jeunes, par désoeuvrement, ont placé une chaise de jardin
sur la route, au beau milieu de la nuit, ce qui aurait bien pu causer un
accident. Cette insécurité est susceptible d’être sanctionnée par un vote
pour un parti fondé par des anciens collaborateurs - sur Wikipedia on peut en
voir en photo en train de poser en uniforme de la Waffen SS.

La jeune locataire va voter. Ces présidentielles, ce sont ses premières
élections. Elle va voter Marine Le Pen. Un vote en plus pour Marine Le Pen.
Elle n’est pas raciste, mais elle a peur pour l’avenir, elle a peur pour son
argent. Elle pense que Marine Le Pen va la protéger. Si on lui fait les gros
yeux du professeur d’histoire, on perd un peu son temps : Pétain et de
Gaulle, en gros, elle les range dans la même case que Vercingétorix et
Napoléon.

La dame qui vient nourrir les chats va vendre sa voiture. L’acheteur est
Noir, on le voit sur sa photo. Très gentille, la dame est toujours prête à
rendre un service. Et là, c’est elle qui a demandé un service : elle voudrait
qu’on l’accompagne parce qu’elle a un peu peur d’aller toute seule au
rendez-vous.

D’autres voisins gentils vont voter Marine Le Pen parce qu’il y a eu des
poux à l’école. Pas la peine de sortir de grandes théories politiques, ils
pensent qu’il y a des poux à cause des migrants. C’est la faute aux migrants,
merci bonsoir, un bulletin de vote chacun.

Autour du petit bois, il y a toutes ces maisons, près des usines, et leur
passé de collègues syndiqués, de luttes sociales, de chansons pour le Chili,
des collectes pour les Polonais, les travailleurs immigrés portugais qui
passaient avec des gâteaux et une bouteille de porto pour dire merci à ma
maman qui les avait beaucoup aidé pour « les papiers ». Chaque fois que
monsieur Sanchez se pointait, notre papa nous faisait marrer avec sa blague «
asseyez-vous, monsieur, Sanchez ».

J’aime la maison, où la bibliothèque n’a pas bougé. L’Insurgé de Jules Vallès
que relisait mon père au moment où il est mort est toujours à sa place, avec
à côté, et côte à côte, parce que ce sont de gros volumes, le Coran, et
Rabelais illustré par Gustave Doré. Alors je mate cette affiche avec Marine
Le Pen et son logo en forme d’espèce de balais à chiottes et je deviens hyper
émotif. Je m’emballe. J’exagère. J’extrapole. Je m’attriste. Je m’énerve tout
seul. Je pense à mon pépé qui a été arrêté en « zone militaire littorale » et
envoyé au fort du Hâ, quelques mois après la naissance de mon père à moi. Je
pense à ma mémé Jeanne Larrieu qui faisait semblant de ne pas s’étonner de la
lourdeur des sacs de pommes de terre qu’on lui demandait de transporter d’une
ferme à l’autre. Sur le fil à sécher le linge derrière les bunkers près des
dunes, Pépé comptait les caleçons étendus par les soldats en faction. Un
homme = un caleçon. Il faisait les totaux et faisait remonter l’information.

Ça met un coup de vieux, hein, de voir le diable dédiabolisé. Avec toute une
vague d’autres sociaux-traîtres, je vais voter ce dimanche. Un homme = un
caleçon = une voix. Je pense que je voudrais que nous nous débarrassions de
cette saloperie de Marine Le Pen à ce second tour des élections
présidentielles. Que chacun poursuive sa lutte ensuite, chacun selon son
hirondelle, chacun selon son écureuil.

Je tenais à diffuser ce texte de mon ami Guillaume Gwardeath publié sur fb .
Envoyé de mon immeuble

---

• [rue] La politique par GGw, François Mary, 06/05/2017

---

Archives gérées par MHonArc 2.6.19+.