Je guettais un peu les visages à l’université Buissonnière pour voir l’effet provoqué par la dissolution de Cacahuètes
il y avait quelques réflexions du style c’est la dixième fois qu’il nous fait l’annonce
d’autres cyniques disaient : “parce qu’ils étaient encore vivants” ? Ah bon ?
Je ne sais pas si tu voulais faire une sorte de nouvelle explosive cher Pascal, mais la fin d’une compagnie n’est plus une nouvelle, c’est juste banal.
Il y a eu un frémissement quand Jo Bithume a annoncé la cessation de ses activités il y a quelques années
Nous pensions que tout de même tu nous annoncerais l’enterrement de Cacahuètes avec un vrai ensevelissement de ton célèbre cercueil,
ou bien le remettre en guise de transmission à la génération suivante : je ne sais pas s’il y a des gens qui se revendiqueraient de ton “ pouvoir de nuisance “ Mathurin ? Alix M ?
Toi Pascal, tu nous annonces ta mort sous la forme d’un CA de dissolution ou un post Facebook , non Pascal, faut être à la hauteur, nous faire un dernier acte poétique radical.
Tu sais, au cours de deux jours d’’université buissonnière, pas une fois il n’y a eu la moindre allusion à Michel Crespin. Quand on est mort, on est mort.
Nous devons faire preuve de modestie.
Même au sein de notre petit microcosme, nous ne sommes plus rien.
Jean Digne se baladait avec une coupure de journal de 1973 enrobé dans une enveloppe plastique pour nous montrer un vestige de Aix Ville ouverte aux saltimbanques. Indifférence totale.
J’intervenais parfois en tant que pré- décédé, mais je ne sais pas si tu te souviens quand en 1968, les vieux évoquaient 36, on s’en fichait royalement, ils nous énervaient avec leurs leçons.
Il y a un théâtre de rue qui mue et se cherche avec les droits culturels, les communs.
La mort de Cacahuètes, il faudra te faire à cette idée, tout le monde s’en fout.
De plus tu l’avais dit depuis longtemps : ile théâtre de rue originel, celui qui attaquait la rue à cru, n’existe plus depuis longtemps.
De toute façon, il n’y a quasiment plus de rue, l’ancienne vie des villes s’est déplacée en périphérie, dans les Carrefours, les Auchan, les Géants Casino.
il faut revoir tous nos anciens paradygmes.
Les siècles commencent toujours avec 20 ans de retard.
Là, ça y est, nous entrons vraiment dans le vingt et unième siècle.
La page est tournée.
et moi avec Hervée je m’accroche, on s’est dit, on arrêtera dans dix sept ans et je me répète la phrase de Woody Allen :
“il n’y a que l’avenir qui m’intéresse, je compte y passer mes prochaines années”
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