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Re: [rue] notre langue, notre outil


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  • From: Bruno de Beaufort < >
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  • Subject: Re: [rue] notre langue, notre outil
  • Date: Tue, 16 Jan 2018 02:44:59 +0100

Coïncidence, une petite citation reçue ce jour, pour Pierre :

Les seules personnes qui défendent la langue française ce sont celles qui l'attaquent. Cette idée qu'il y a une langue française existant en dehors des écrivains et qu'on protège est inouïe. Chaque écrivain est obligé de faire sa langue, comme chaque violoniste de faire son son. La seule manière de défendre la langue, c'est de l'attaquer. Parce que son unité n'est faite que de contraires neutralisés, d'une immobilité apparente qui cache une vie vertigineuse et perpétuelle. 

Lettre de Proust à Mme Straus 1908


Madame Klomp est convaincante

Il n'empêche!

J'aime bien que le "eur" puisse se féminiser

"auteure" "amateure" "docteure" etc...

et j'aime bien que les mots se cherchent et qu'on les invente, sans forcément légiférer là-dessus

Par exemple, j'utilise "adrelle" pour adresse mail, un mot que j'ai découvert sur un texte d'Ayerdal, et qui renvoie à courriel logiciel progiciel pourriel obésiciel etc...

et récemment j'ai découvert "infox" pour fake news que je traduisais plutôt en "bobard" mais infox me semble plus fort

Nous sommes libres de choisir nos mots et de les créer

ainsi nous redessinons le monde

viralement

chacun faisant sa part

Merci en tous cas Perrine pour la tienne

Bise

Pierre


Le 15/01/2018 à 12:37, FREDERIC a écrit :
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Hello chers autrices, auteures, auteurs de l’Espace public

voici un magnifique petit texte de Corinne Klomp, 
Autrice, vice Présidente de la SACD
qui met en jeu, en question, la terminologie d'autrice et d’auteure

j’adore

FRED M 



Ma part d’autrice
Longtemps je me suis appelée auteure, avec un e. Je voulais revendiquer mon métier au
féminin, je trouvais qu’auteure sonnait bien. Et pour cause puisqu’à l’oral, e muet oblige,
il ne sonne pas. Il n’écorche pas les oreilles. C’est un féminin discret, en retrait, de bon
goût. A l’écrit, certes, il se voit. Un peu. Je n’étais pas 100% convaincue, mais bon.
J’entendais quelques consoeurs se qualifier d’autrices, je trouvais ça… moche.
J’avais raison, c’est moche. Mais je sais pourquoi : parce que depuis ma plus tendre
enfance je n’ai pas été bercée par ce mot. Mes oreilles n’y sont pas habituées, encore que,
il me semble qu’elles sont en progrès. En revanche, actrice, directrice, institutrice,
traductrice, rédactrice, interlocutrice, instigatrice, créatrice, éditrice, spectatrice,
réalisatrice, productrice et j’en passe, tous ces noms ne me choquent pas à l’oral. Je suis
née avec eux. De même, lorsque l’on parle d’une écrivaine, beaucoup disent entendre
principalement l’adjectif vaine. Exact. Mais il est aussi présent dans écrivain. Or dans
écrivain, on ne l’entend pas. Enfin si, mais pas indépendamment du nom lui-même, il ne
ressort pas. Simplement parce que depuis toujours le métier d’écrivain nous est familier,
du moins à l’oreille. Ce qui n’est pas encore le cas de celui d’écrivaine.
En clair, c’est une question d’accoutumance. Les enfants qui naissent aujourd’hui
n’auront aucun problème demain à évoquer les écrivaines et les autrices, comme ceux
d’hier ne grimacent pas en prononçant les termes d’actrices, d’administratrices, ou
d’impératrice.
Parlons maintenant du fond. Lorsque j’ai découvert les travaux d’Aurore Evain sur le
sujet, j’ai basculé, sans hésiter, en faveur du mot autrice. Car il n’est pas un néologisme,
encore moins une invention barbare émanant du cerveau malade d’une poignée de
féministes du XXIème siècle. Il existait avant. Dès l’Antiquité. Je saute quelques pans
d’histoire mais il est intéressant de savoir qu’en France, sous l’Ancien Régime, il y a 150
autrices, dont 17 au répertoire de la Comédie Française. Sur le registre de Lagrange,
comédien de Molière, est inscrite la part d’auteur pour les hommes, et la part d’autrice
pour les femmes.
C’est au XVIIème puis au XVIIIème siècle que le ciel s’assombrit. L’Académie française,
menée par des hommes qui se réservent le prestige de certaines fonctions, déclare la
guerre au mot autrice, l’accusant de déchirer absolument les oreilles. Le vrai problème
réside ailleurs. Le XVIIème marque la naissance de l’auteur, l’institutionnalisation de la
fonction qui revêt un sens plus fort, valorisant socialement. Il est donc temps de bannir
le mot autrice, moins pour censurer le féminin d’un nom que pour brocarder la femme
qui écrit. La preuve ? A cette même époque le terme acteur possède un sens plus étendu,
allant jusqu’à signifier écrivain. Dès qu’il est réduit au sens actuel de comédien, on
invente le mot actrice, qui n’existait pas auparavant. Curieusement, la même Académie
Française ne se plaint pas d’avoir les tympans déchirés par cette nouvelle sonorité,
pourtant si proche de celle d’autrice. En clair, une femme peut interpréter la partition
d’un homme et diffuser sa pensée, mais elle ne saurait être à l’origine de sa propre
parole. Le langage est politique, ne l’oublions pas.
Il y a deux ans, quand je tentais d’écrire autrice sur mon clavier, Word me proposait sur
l’écran : autruche, Autriche, actrice. J’insistais. Word finissait par céder et me laissait
mon autrice, mais attention, soulignée de rouge, pour insister sur ma faute, mon côté
mauvaise élève, mal éduquée. Aujourd’hui j’écris ce billet et le mot autrice n’est ni
remplacé, ni souligné de rouge. Si un logiciel de traitement de texte a su évoluer et
enterrer la hache de guerre, pourquoi pas nous ?
Corinne Klomp




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