Merci Jacques pour se témoignage, ça fait (souvent) du bien de te lire et de bénéficier de ta fraicheur et de ton inventivité. Tu réponds à la question que je posais. Vous faites comment ? C’est quoi votre alternative économique ? Ca permet souvent de reposer aussi la question de la place depuis laquelle on agit. C’est quoi être artiste, citoyen, acteur du monde contemporain ? J’ai des copains qui font un petit festival d’une journée, une fête populaire dans un quartier, mais où tous les commerçant qui viennent profiter des 3000 personnes présentes pour vendre leurs produits sont ponctionnés de 10 % de leur chiffre d’affaire de la soirée. Ca permet de payer les artistes programmés. C’est pas idéal parce que l’organisation repose pas mal sur le bénévolat mais je trouve que l’idée est intéressante. Moi j’ai échangé une de mes installations contre des légumes. On était deux on a chacun eu nos cagettes plus un petit biffeton. Concrètement, ça se tient. J’ai un copain qui joue chez l’habitant, que du texte contemporain bien pointu genre Gherasim Luca, Novarina… C’est 10 balles par personnes et c’est l’hôte qui trouve le public. Il joue à partir de 20 personnes. Ca repose sur les réseaux amicaux, de voisinage, ça fonctionne par capillarité. C’est exigeant, c’est drôle, Chacun amène à manger à boire et c’est tellement bien que quand tu sors, tu as bien mangé, tu as rencontré des gens, tu as passé une super soirée et tu as envie de l'organiser chez toi. Et puis ma vieille voisine de campagne, je doute qu’elle est jamais entendu du Gherasim Luca, elle a adoré et ça l’a bien fait marrer. On organise aussi des journées d’expériences bienveillantes citoyennes et créatives dans la rue, ouvertes à tous. Chacun vient avec une idée d’expérience à faire dans la rue et on le fait. Ca permet de reprendre possession de l’espace public, de notre environnement, de secouer notre créativité, d’apprendre, d’être ensemble et de questionner la relation au sens large. C’est cash, c’est spontané, c’est vivant, c’est sauvage, c’est léger, c’est créatif, c’est perturbant et sacrément profond. Y’a pas d’argent en jeu, on "produit" rien, mais ça questionne notre place. J’ai vu la vidéo de Jean-Marc sur l’UB avec tout le monde qui tient la corde ou avec la corde qui tient tout le monde, je me souviens plus. Ca me rappelle une des expériences qu’on a fait dans les labos dont je parle plus haut. On est tous parti de la place de la mairie avec une pelote de laine rouge et on a chacun déroulé 80 m de fil rouge dans la ville dans des directions différentes. Moi j’avais proposé il y a une dizaine d’année dans une réunion du SYDCAR, au moment où ils revoyaient les critères d’attribution des subventions du CG ou de la Région je me souviens plus, que toutes les compagnies qui en percevaient, mettent tout en commun et redistribuent horizontalement et équitablement. Je t’explique pas le bordel que ça mettrait. Silence radio… J’ai entendu qu’à l’UB quelqu’un avait proposé ça. Ca nous sort de notre zone de confort non ? et ça mettrait un sacré coup de pied dans la fourmilière. Je suis bien curieux de lire encore les trucs que vous faites pour repenser l’économie des arts de la rue. Aller je vous laisse, je vais méditer. Vincent Nouvellement Mister Bloom Anciennement Mastoc Production PS : j’ai quitté Mastoc parce que justement j’en avais marre de la logique de prod, parce que je ne me sentais plus au coeur de ce pourquoi je fais ce métier, parce qu’après 15 ans j’en avais marre de quémander des aides à des gens qui m’ignorent parce qu’ils sont débordés et qu’eux non plus n’ont plus d’argent mais qui veulent quand même sauver leur boutique (cf. cartocrise ;-). C’est la singularité de notre écriture artistique qui nous a permise d’émerger et puis je sais pas, on est rentré dans une certaine logique et au final, tu as deux ans de travail pour 2 mois de création. Alors c’est vrai que ça permet de payer tout le monde, un certain confort, mais ça t’assure pas non plus que ton spectacle il va tourner, et si en plus ton spectacle correspond pas aux diktats du moment, tu renquilles pour 2 ans, voire 3 à faire de la prod… et c’est encore plus compliqué… Aujourd’hui, je remets l’artistique (et ma citoyenneté) au centre, on verra bien. Economiquement, je cherche… mais c’est un corolaire...
|
Archives gérées par MHonArc 2.6.19+.