Le Bis, un partenariat privé-public pour quelle finalité ? Quelle est l’intention, quel est l’objectif, quel est l’objet de l’association ? C'est quoi ces colliers blancs que chacun a autour du cou ? « Qu'est-ce là ? lui dit-il. Rien. Quoi ? rien ? Peu de chose. Bonne journée à tous, François De :
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] De la part de Jacques (
via rue Mailing List) Premier jour Sous les spectacles, il y a des entreprises, des circulations d’argent, des bénéfices, c’est le rendez- vous de ceux qui gagnent des parts de marchés, les vrais hommes d’affaires du spectacle. 12 000 personnes. Immense foire. 80 débats. La Ministre est là. C’est un rassemblement de start- ups de toutes sortes, chaque stand offre un pot en fin d’après midi. On discute technique mais aussi idéologie. Des centaines de sponsors. Le théatre privé tente de pénétrer le théatre public. On y lit les nouvelles tendances du théâtre. Les CDN semblent avoir carrément changé de discours. Et bien sûr, plus une seule place dans les hôtels. Je me retrouve au Radison Blu dans une” business room” installée dans l’ancien palais de justice, petit déjeuner dans la cour d’assises. J’hallucine. deuxième jour Il y a quelqu’un qui me demande : qu’est ce que tu vas foutre aux BIS, toi ? On parle beaucoup de communautarisme, un mot que je comprends plus ou moins. Car nous dans le théâtre, ne sommes nous pas des toutes petites communautés, vivant dans des petits cercles ? La rue parle à la Rue. Les CDN et Scènes Nationales entre eux Les Riches entre eux . En un demi -siècle de théâtre, j’ai échangé en tout quatre phrases avec un directeur de CDN, j’ai dîné une fois avec un ancien ministre, j’ai échangé deux phrases avec Jack Lang qui me prenait pour quelqu’un d’autre, Alors aux Bis, ça a toute la laideur du monde de l’argent, mais au moins tu vois de nouvelles têtes, et tu écoutes ce qu’ils disent, tu sors de ton entre-soi, de ton microcosme. Tu mesures à quel point tu es un moins que rien, avec tes minuscules budgets de création, avec ta minuscule surface médiatique. Il y a un cercle de 50 professionnels qui ont entendu parler de toi, à peine. Mais il y avait un nouveau phénomène étrange à ces Bis 2018. Un bouleversement des paradigmes et des valeurs. La déclaration de Villeurbanne de mai 68 a fait l’objet d’un focus dans le grand auditorium. A toutes les tribunes on n’entendait qu’un seul son de cloche. Elargir le public, démocratiser, faire humanité ensemble, ne pas croire que les gens sont incultes, respecter la culture des modestes, de ceux qui ne vont jamais à l’Art. S’occuper du bien commun, mettre en route les intelligences collectives, Ça en devenait même fatigant. Le mot création associé à l’excellence, qui était la valeur absolue depuis 40 ans, laissait la place au partage, à l’infusion, au territoire, à faire ensemble, faire avec, se nourrir des gens. D’un seul coup, nous qui étions rangés dans les socio -culs, méprisés pour nos actions de quartier, de rue, et notre goût du territoire, nous étions rattrapés par une nouvelle génération de scènes nationales et de cdn. Même la ministre qui a fait un discours uniquement sur invitation, n’a pas pas parlé de création, m’a t-on dit. Je ne faisais pas partie du premier cercle d’invités, je ne m’étais même pas inscrit au grand banquet à 32 €. Aux grands débats, seul Saulnier Borel représentait la rue. J’ai acheté des revues, amassé divers bulletins que j’ai lu dans le train du retour. Dans le bulletin d’Artcena je découvre 50 pages de projets de création. Théâtre, rue ou cirque. Des productions à 80 000, 120 000, 216 0000 €, et des listes interminables de co -producteurs. Ce que j’ai noté , c’est que les voilures se sont réduites , 3 interprètes cela devient la moyenne. Et nous à l’Unité avec nos pièces à 12 acteurs , ou même 18 acteurs, mal payés, nous sommes carrément à côté de la plaque, nous faisons partie d’un autre monde, nous voulons nier les réalités économiques… Si cela continue nous ferons partie du grand cimetière des compagnies disparues. Jacques Livchine |
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