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[rue] Souvenir


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  • From: François Mary < >
  • To: Liste Rue ECM le Fourneau < >
  • Subject: [rue] Souvenir
  • Date: Sun, 22 Apr 2018 09:50:18 +0200

« Si les moyens de production demeurent entre les mains d’un petit nombre de
capitalistes, il n’existe pas de salut pour la société qui est condamnée à
aller de crise en crise, de misère en misère, de mal en pis. Selon les pays,
les conséquences de la décrépitude et de la décadence du capitalisme
s’expriment sous des formes diverses et se développent à des rythmes inégaux.
Mais le fond du processus est partout le même. La bourgeoisie a conduit sa
société à la faillite. Elle n’est capable d’assurer au peuple ni le pain ni
la paix. C’est précisément pourquoi elle ne peut plus désormais supporter
l’ordre démocratique. Elle est contrainte d’écraser les ouvriers par la
violence physique. Or il est impossible de venir à bout du mécontentement des
ouvriers et des paysans au moyen de la seule police ; il est trop souvent
impossible de faire marcher l’armée contre le peuple, car elle commence à se
décomposer et cela se termine par le passage d’une grande partie des soldats
du côté du peuple. C’est pour ces raisons que le grand capital est contraint
de constituer des bandes armées spécialisées, dressées à la lutte contre les
ouvriers, comme certaines races de chiens contre le gibier. La signification
historique du fascisme est qu’il doit écraser la classe ouvrière, détruire
ses organisations, étouffer la liberté politique, et cela précisément au
moment où les capitalistes sont incapables de continuer à dominer et à
diriger par l’intermédiaire du mécanisme démocratique.

Son matériel humain, le fascisme le recrute surtout au sein de la petite
bourgeoisie. Celle-ci est finalement ruinée par le grand capital et il
n’existe pas pour elle d’issue dans la structure sociale actuelle : mais elle
n’en connaît pas d’autre. Son mécontentement, sa révolte, son désespoir, les
fascistes les détournent du grand capital pour les diriger contre les
ouvriers : On peut dire du fascisme qu’il est une opération de "luxation" des
cerveaux de la petite bourgeoisie dans l’intérêt de ses pires ennemis. Ainsi,
le grand capital ruine d’abord les classes moyennes puis, à l’aide de ses
mercenaires, les démagogues fascistes, il tourne contre le prolétariat la
petite bourgeoisie sombrant dans le désespoir. »

Léon Trotsky 1934



  • [rue] Souvenir, François Mary, 22/04/2018

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