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RE : [rue] [listenationale] Re: [listenationale] je poursuis


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  • Subject: RE : [rue] [listenationale] Re: [listenationale] je poursuis
  • Date: Mon, 11 Jun 2018 10:18:58 +0200 (CEST)
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Bravo,

je suis ému de vos engagements, je vous remercie pour le partage de vos histoires. Vos réflexions me donnent le courage de prendre la plume.
Quand je lis "La Rue est morte", cela fait écho à mon histoire.
Fin des années 70 en France nous inventons une nouvelle pratique de l'escalade : "l’escalade libre". Cette pratique consiste à grimper à mains nues sans utiliser le matériel artificiel comme aide au déplacement. Nous sortons de l'idéologie du sommet à tous prix pour valoriser le chemin avec le corps et le minéral. Notre pratique marginale devient publique grâce au film "La vie au bout des doigts" et en 1985 les premières compétitions d'escalade apparaissent. 19 grimpeurs au top niveau signent un manifeste contre la compétition afin de préserver notre pratique du pouvoir de la finance, des règlements et de sa sociabilisation.
Pour moi l'escalade libre est morte.
Sur les 19 : 1 grimpeur ne fera jamais de compétition et il est resté comme un gardien de "l'éthique" de l'escalade libre. 17 grimpeurs ont participé à des compétitions l'année suivante. 2 grimpeurs dont je fais parti vont tracer les parcours d’escalade pour les compétiteurs. Comme ouvreur de voies je me suis révélé comme un dramaturge qui mettait en scène la recherche du meilleur. J'ai découvert que la compétition c'est du spectacle. Une escalade de compétition s'invente. J'ai abandonné la compétition et je suis devenu un artiste. j'ai créé des spectacles et des performances sur falaise, en salle, en rue en carton.. Ma prochaine création "La dictature du sommet" sera une "expédition artistique" et je pratique toujours l'escalade libre.
Ma créativité est vivante.
Verticalement
Antoine Le Menestrel


Le : 11 juin 2018 à 09:33 (GMT +02:00)
De : " " < >
À : "Perrine Anger-Michelet" < >
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Objet : [listenationale] Re: [rue] [listenationale] je poursuis


 Je ne vais pas faire le CV de de ma vie et celui de la compagnie Kumulus .

Nous sommes parti d'une révolte , d'une utopie, d'envies , Nous étions des bandes de gens qui étaient prêt a déplacer des montagnes pour vivre pleinement , vivre ensemble, jouer , inventer, créer dans un désir de partage.

 Sortir des théâtres ,rencontrer du vrais public, et aller dans la rue pour une culture pour tous , jouer dans les quartiers, investir l'espace public qui normalement devrai nous appartenir a tous ,une envie de perturber le quotidien , le désir de parler, crier, râler , choquer, poser des questions , dénoncer librement , faire du beau , du moche, du fort, des ratages public , créé des nouvelles expériences et tentatives artistiques.

 Reprendre l'espace public au dieux commerce , créer des rencontres , des débats , des fêtes , du bien vivre ensemble . Inventer des événements délirant d'une grande générosité . Donner toute sont énergie , sa vie a une utopie de libertés . Jouer sans autorisation ,se faire arrêter par les flics .

Des individualités de toutes sorte (constructeur, artistes, inventeurs ,programmateurs ,comédiens ,rêveurs ,musiciens, tourneur , plasticiens etc .......) ont inventer et fait vivre cette mouvance des arts de la rue .

Et maintenant Disney rue a gagner , Nous jouons dans des parcs ou entourer de barrières , un zoo . Pour jouer il faut être lisse , ne pas choquer , ne pas avoir trop propos , faire des spectacles pour leurs public familial (combien de fois j'ai entendu c'est bien ton spectacle mais c'est pas pour mon public (Ils prennent leurs publics pour des con) . Ne plus choquer, Ne plus perturber , ne plus poser de questions , être sans gout et insipide, ne pas parler de sexe (les tabous reviennent a grand pas) . A Aurillac les gens de couleurs d'Ilotopie dans le Zoo sa passe ,mais en dehors du zoo ils se font arrêter et embarquer par les flics .
 
 Accepter de gratter au porte ,téléphoner, écrire des mails, écrire a la main, envoyer des textos , écrire des projets ,et jamais avoir de réponse , sentir qu'on aient des emmerdeurs ,attendre le bon vouloir de ses messieurs dames .Ne pas être un trop gros groupe . Le politique censure (mais la au moins nous avons la parole,nous pouvons gueuler ,parler a la presse ,s'exprimer. Le programmateur censure par la non programmation(la c'est plus vicieux on peux rien dire et rien faire). Heureusement il reste encore quelques passeurs qui ont des convictions et qui se battent pour ne pas tomber dans une culture de la platitudes et du lisse. Merci a eux . Le public de ces festivals sont devenu des publics spécialiste ,ils sont la pour consommer du spectacle comme a Avignon .En faite ce qui est dingue c'est que nous avons envoyé tout chier pour inventer autre chose et en faite nous en sommes arriver a reproduire exactement ce que nous avons envoyé chier mais dans la rue . Donc je pense comme Pascal la rue est morte ,la rue de nos utopies est mortes .

Mais il ne reste qu'a tout Re-inventer ,casser les barrières, retrouver ou créer des lieux de libertés ,re-jouer quand on veux ou on veux ,ne plus être a la merci de la CULTURE et tous ces travers .Inventer des lieus en relation avec les utopies du moment .Faire des ZAD de cultures , des Zad de projet et d'invention de rêve d'un autre monde ?Faire des Zads ,des zads et des zads et essayer de ne pas reproduire tout ce que l'on déteste de ce monde .Mais la grande question c'est .n'est ce pas inéluctable ? La politique récupère tout broie tout .Ya qu'a voir Notre dame des Landes ............. L'histoire continu 
 Barth


Je suis sensible à te propos Jacques lorsque tu dis
J’aime la relation profonde avec une ville, pas juste jouer et repartir, je veux rencontrer des vrais gens, parler à des inconnus .  
Pas de la consommation rapide, s’enrichir au contact des gens. 
Je ressens ça aussi depuis qq années, aller de ville en ville, enchaîner les dates les spectacles…, un goût de frustration en fait. Faire ce métier sans ça, l’échange, le partage, accueillir, être accueilli, vivre une aventure humaine…

Je retrouve ça depuis que je porte le projet Costumotek, et depuis presque un an et 1/2 où nous sommes installés avec ces 1500 costumes et nos ateliers, ya pas un jour où je ne frémis pas d’émotions au contact des gitans, maghrébins, acteurs sociaux, assos… les précaires, les cassés de la vie, les réfugiés, les déjantés, les déprimés… 
Tout prend un sens dans ce lieu, pépite dans un quartier prioritaire
(QPV quartier prioritaire de la poltique de la ville - bon… tout un monde le social et autant sinon plus de Cerfa, de bilans etc)

Je me sens nourrie à longueur de journée ! Tout ça m’excite vraiment, j’ai l’impression de revivre, même si c’est chaud à tenir à bout de bras, solo à 80 h par semaine, heureusement que j’ai un paquet de bénévoles autour de moi !
Là aussi, pour la première fois depuis des lustres, l’association s’ouvre à des gens nouveaux, 65 adhérents de tous horizons, qui sont tellement heureux et épanouis de soutenir cette histoire. On fait une ou deux fois par moi des journées ouvertes, et selon qui est là et les envies du moments et les capacités, chacun trouve ça place pour quelques heures parttagées en toute simplicité : mannequins d’un jour, retoucheuses, rangeuses trieuses, noteuses… (oui bcp de femmes ;-) mais aussi un retraités de 73 qui est venus pendant 6 mois en scooter nous aider. Il a vu un article dans le journal, que j’avais besoin d’aide, et il m’a appelé. 
Je me revigore !  
Mais pendant ce temps-là, ma création tire en longueur, faut dire que même si j’ai déjà fait plein de résidences (6 ou 7 déjà), il me manque 25000 balles pour conclure. L’écriture est validée, la mise en scène de MarieDo quasi bouclée, la bande-son de Léo Plastaga aussi bien avancée…
Mais comment faire efficace quand il faut un an pour obtenir un rv ? Quand le téléphone fait choux blanc ? 
C’est devenu vraiment compliqué en quelques années… Whouaouuuuuuu… 

Bon, j’ai décidé de ne pas me mettre la rate au court-bouillon comme disait la grand-mêre de Michel, ça sortira quand ça sortira…
En attendant, je m’éclate bien à la Paillade ! Un vrai voyage au quotidien, que bonheur !!!

La biz…


Perrine Anger-Michelet
Responsable artistique et pédagogique 
La NiaK Cie / Costumotek  
06 88 56 24 87
141, square Jupiter - Rue de Saragosse
34080 Montpellier (Mosson)
laniakcie.com
www.facebook.com/La-NiaK-Cie





Pascal 

c’est Franck qui me donne envie de réagir, 
c’est aussi Cathy 
C’est aussi Boueb 

 j’ai bien sûr l’envie de parler à la terre entière 

Voilà : à l’époque de nos plus grandes tournées entre 1985 et 1990, j’avais une sensation bizarre 
on rêvait tous de jouer, le plus possible, 

on avait trois ou quatre spectacles, 2CV, femme chapiteau, mariage, théatre pour chiens, guillotine 

Nos bureaux étaient à Paris dans le XI ème, notre dépôt de décor à Gambais. 

Si on oubliait un gant , il fallait deux heures et demi aller -retour pour aller le chercher

En 1986 pour l’ouverture d’Aurillac Michel Crespin prend tout, tout, tout, même ce qui allait devenir les grooms. 

Cette année - là il y avait Zingaro aux haras… à vérifier. 

Evidemment Michel Crespin, on le connaissait depuis 1973 , à Aix ville ouverte aux saltimbanques, c’est le théâtracide , ils faisaient un malheur 
avec des numéros de de divination , de la musique etc et nous avons assisté à une manche qui nous a stupéfiée : Michel avec sa grosse voix de saltimbanque hurle à la fin : prenez tous une pièce de 5,00 F et bombardez nous, je n’avais jamais vu une telle pluie d’argent. C’était fou.

Et puis Faivre d’Arcier nous prend dans le In d’Avignon, article super élogieux dans Libé, la rue en rut, on tourne en 1989 jusqu’à 150 dates dans l’année dans 3 continents différents et là figure- toi que nous sommes en overdose. 

Mais bien sûr le succès, mais à chaque fois on repart, on oublie les gens que l’on a connus, je me sens tel un amant qui collectionne les femmes sans relation profonde, le côté une femme dans chaque port. Resto, plateau, dodo. 

Nous nous appauvrissons. On se réunit pendant quelques jours Claude Acquart Hervée et moi, pour redéfinir nos désirs. 
 Et on sort un document intitulé le TGD ( très grand dessein de l’Unité) qu’on envoie à Libé à l’époque où les journaux existaient encore. 

Jack Lang lit la double page sur nous, cela l’énerve considérablement car nous sommes agressifs vis à vis du ministère de la culture.

Nous voulions une relation avec un territoire, et en 1991 nous sommes nommés à la scène nationale de Montbéliard que nous allons baptiser centre d’art et de plaisanterie en l’honneur de Jean Dubuffet. 
Nous voulions Tinguely comme parrain , mais il meurt avant de recevoir notre lettre. 


Demain je pars à Montluçon, pour préparer le parlement de rue. Pendant cinq jours je vais parcourir toutes les associations pour qu’elles pondent des lois et viennent assister au parlement vendredi et samedi.  

J’aime la relation profonde avec une ville, pas juste jouer et repartir, je veux rencontrer des vrais gens, parler à des inconnus .  

Pas de la consommation rapide, s’enrichir au contact des gens. 

La Scène Nationale de Calais, le Channel, nous a pris 15 fois en 17 ans, c’est agréable, on connait du monde , ils nous connaissent. 

Et à Audincourt, nous avons un rendez- vous mensuel le Kapouchnik, qui est pris d’assaut par 400 personnes. Le public se renouvelle d’un tiers à chaque fois. On ne fait 

aucune pub, c’est un rituel , tout marche par entrainement mutuel. On a fait 130 kapouchniks 

alors j’ai calculé : 52 000 spectateurs. Chacun l’a raconté à 10 personnes au moins soit 520 000 personnes sont au courant , 4 stades de France. T’as bien compris que le calcul est litigieux, mais ça fait du bien de le croire. 

Sans arrêt des gens que je ne connais pas me saluent : c’est quand le prochain Kapouchnik ? On a un public incroyable, la postière, la dame de la pompe à essence, la 

guichetière de la SNCF, les syndicalistes, un médecin , la femme de ménage de mon village qui emmène à chaque fois cinq personnes. Ils nous connaissent, etc

Evidemment je pourrai faire la gueule aussi : pas assez de lycéens, peu d’étudiants, les politiques ne viennent plus, le ¨PDG de Peugeot n’est jamais venu voir.


Le contre- coup, c’est le phénomène girondin, la province. Tout ce qui n’est pas à Paris n’existe pas pour la profession théâtrale, alors on nous a oublié. On nous croit déjà morts.

Car bien sûr on sera à Aurillac, mais 4 jours, cela ne suffit pas, le théâtre de rue est une enclave, une compagnie doit se montrer dans des lieux légitimes. 

Alors nous serons aussi à Villeneuve les avignon en juillet avec la Nuit Unique bien aidés par Lieux publics.  

Nos caisses sont vides mais on s’en fout, on fonce. 


Pascal, il faut marcher sur deux jambes, un peu de tournée certes mais aussi une implantation quelque part, ta rue de Tunis en quelque sorte. 


 Jacques 















 





 





C’est ce que j’appelais : resto plateau dodo , me^me si notre plateau c’était la rue. 














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