Oui et l'Observatoire de la liberté de
création travaille là dessus. Après, savoir tout de même que
Mathieu Bock Côté est extrêmement réac , contributeur régulier du
torchon d'extrême droite Causeur.
Valérie
Le 31/07/2018 à 04:32, Jacques livchine (
">
via
rue Mailing List) a écrit :
">
Le FigaroMathieu Bock-Côté
La nouvelle censure de l’extrême gauche
racialiste
Au Québec, plusieurs spectacles ont été
annulés en raison de l’« appropriation culturelle » dont
ils feraient preuve. Notre chroniqueur s’alarme de cette
nouvelle réduction de la liberté d’_expression_ au nom de
l’idéologie diversitaire.
L’été
2018, à Montréal, aura été celui de la censure, et sa
principale victime, Robert Lepage, un dramaturge
québécois, dont deux pièces ont été annulées coup sur
coup. La première, SLAV, se voulait un hommage aux
victimes de l’oppression et tournait autour de chants
d’esclaves, alors que la seconde, Kanata, renversait le
regard historique traditionnellement posé sur le Canada,
en privilégiant celui des Amérindiens par rapport aux
Blancs. Lepage reconduisait, avec un génie dramaturgique
indéniable, une lecture culpabilisante de l’histoire
occidentale. Mais, sans le savoir, il était en retard sur
la radicalisation du multiculturalisme. La controverse,
chaque fois, s’est présentée de la même façon : un
groupuscule prétendant représenter une communauté
« minoritaire » a surgi pour accuser la pièce de se rendre
coupable d’appropriation culturelle, c’est-à-dire d’une
forme de pillage symbolique propre à la domination
néocoloniale que subiraient les populations « racisées ».
Dans un tel contexte, la peur de paraître raciste gagne
alors l’espace public et un réflexe d’autocensure s’empare
des esprits. Telle est la loi du politiquement correct.
Ainsi,
les militants anti-SLAV ont-ils soutenu qu’il était
absolument illégitime qu’une Blanche puisse reprendre des
chants composés par et pour des Noirs. Cet argumentaire
prônant un principe d’étanchéité ethnique et réhabilitant
la race comme catégorie politique est typique de l’extrême
gauche racialiste qui entend légitimer par là un
authentique racisme anti-Blancs. Il confirme
l’américanisation mentale de la société québécoise,
poussée à plaquer sur sa réalité une grille de lecture qui
lui est totalement étrangère. Dans le deuxième cas, les
militants amérindiens réclamèrent non seulement d’être
consultés à propos du spectacle, mais de participer à sa
confection. Certains se demandèrent si, dans cette
logique, il fallait accorder un droit de veto aux groupes
minoritaires lorsqu’une œuvre prétend traiter de son
histoire ou de sa réalité. Chose certaine, l’espace public
est aujourd’hui patrouillé par des milices identitaires
toujours prêtes à s’indigner dès lors qu’on questionne
l’image qu’elles prétendent projeter de leur
« communauté ».
Malgré
les passions soulevées par le débat, la classe politique,
dans son immense majorité, s’est montrée très discrète, à
l’exception du chef du Parti québécois, Jean-François
Lisée, qui a dénoncé vigoureusement la situation. Du côté
des artistes, rares sont ceux qui ont dénoncé la censure,
et les dirigeants du Festival international de jazz de
Montréal et du Théâtre du Nouveau Monde, qui devaient
accueillir SLAV, se sont même excusés d’avoir heurté la
communauté noire montréalaise et de ne pas avoir tenu
compte suffisamment de ses préoccupations. Ils
s’accusèrent ainsi d’insensibilité à la diversité et
auraient mérité leur mauvais sort. Plusieurs
éditorialistes ont repris ce créneau. Sans endosser la
censure, ils dénoncèrent la représentation médiatique
insuffisante des minorités, qui serait à l’origine de leur
colère légitime. Croyant se placer au-dessus du débat, ils
ont repris le discours d’autoflagellation qui s’alimente à
une terrible haine de soi. On peut voir dans cette lâcheté
une forme de déclaration d’allégeance implicite au nouveau
régime multiculturaliste, dont on ne contestera plus les
dogmes et dont on reprend le langage.
Cette
querelle est absolument typique de la décomposition de
l’espace public en contexte diversitaire, qui met en scène
la grande revanche contre la civilisation occidentale,
dont on dénonce pêle-mêle la « blanchité », la
« binarité », le caractère « hétéropatriarcal » et ainsi
de suite. L’heure serait venue de la décolonisation de la
vie publique, ce qui supposerait d’abord la censure de la
perspective majoritaire, nécessaire à la multiplication
des paroles minoritaires. Les doléances s’accumulent
publiquement avec la multiplication des catégories les
plus improbables de dominés, comme on l’a vu avec
l’emballement récent, dans le monde anglo-saxon, autour
d’une pétition pour que Netflix suspende la diffusion
d’Insatiable, une série annoncée pour le mois d’août
accusée de « grossophobie ». Pour sauvegarder l’estime de
soi des différentes identités engendrées par la société
diversitaire, leurs représentants autoproclamés seront en
droit de déterminer en quels termes on devra parler
d’elles. Celui qui prend la pose victimaire s’assure un
privilège moral dans la vie publique.
L’œuvre
d’art n’a plus d’autonomie propre : elle n’a de valeur
qu’à travers la mission idéologique qu’on lui prête.
Fait-elle la promotion de la diversité, de l’inclusion,
des migrants, de la fluidité des identités sexuelles et
ainsi de suite ? Si elle peut être mise au service de la
bonne cause, et pour peu qu’elle soit autorisée par les
comités diversitaires consacrés, elle sera célébrée, et
probablement même financée. Le Conseil des arts du Canada
(CAC), d’ailleurs, a ainsi précisé que ceux qui veulent
réaliser une œuvre d’art concernant les populations
amérindiennes devront manifester publiquement leur respect
à leur endroit, sans quoi leur demande de financement ne
sera pas considérée. Comme l’a expliqué il y a quelques
mois le directeur du CAC, « ce qu’on dit, c’est que, quand
la proposition vient d’artistes qui sont blancs, il faut
qu’on ait une preuve, une démonstration que, dans leur
démarche artistique, les artistes qui proposent quelque
chose soient en lien, en discussion, soient en
consultation avec les autochtones ». On comprend jusqu’où
mènera la généralisation de ce principe, qui consiste à
réintroduire le délit de blasphème au nom du respect de la
diversité.
On
en tirera une leçon d’ordre général, valable pour les deux
côtés de l’Atlantique : la question de la liberté
d’_expression_ pose directement celle du régime dans lequel
nous vivons. Quelles sont les conditions d’entrée dans
l’espace public ? Qui est autorisé à se prononcer sur les
questions d’intérêt général ou particulier ? Faut-il
élargir ou rétrécir les paramètres de l’espace public ? La
tendance lourde, aujourd’hui, est à leur rétrécissement.
Tout pousse à une forme nouvelle de censure, qui justifie
même l’ostracisation médiatique des mal-pensants et leur
disqualification morale. Tôt ou tard, il faudra, pour
assurer la revitalisation démocratique de nos sociétés,
entreprendre la restauration des conditions nécessaires à
la liberté d’_expression_ et à une délibération publique
délivrée du chantage des groupuscules fanatisés qui
réclament le droit de faire taire ceux qui ne chantent pas
leurs vertus.
Envoyé de mon iPad
--
Pour gérer votre abonnement, c'est par ici : http://www.cliclarue.info/#tabs-7
Pour consulter les archives, c'est par là : http://listes.infini.fr/cliclarue.info/arc/rue
Et pour râler, c'est ici :
">
--
Valérie de Saint-Do
Chargée de mission
Fédération des Arts de la Rue
(+33) 0675035813
|