C'est
bon, de voir la télé faire
les yeux doux à un mouvement
social. Elle était tout en
jaune, la télé, samedi. Et
toute en empathie pour les
"gilets jaunes" bloqueurs de
routes, vers qui tous les
micros étaient exclusivement
tendus (on
le sait, on était là).
Pas question de "preneurs
d'otages" dans les
commentaires, mais des
manifestations "bon
enfant"
. "Bon enfant"
? Ce n'est pourtant pas
l'impression que donnaient
les images de manifestants,
tapant sur les voitures des
automobilistes qui
tentaient, sans ménagements
eux non plus, de franchir
leurs barrages. Ni celle que
suggère le bilan
particulièrement lourd (un
mort, quatre cent blessés,
dont 14 gravement).
Mais voilà. Si inhibante est
aujourd'hui la culpabilité
de "l'élite" (catégorie
pouvant se définir en
l'occurrence comme tous
ceux, journalistes ou
assimilés, qui sont épargnés
pour des raisons diverses
par l'angoisse de la pompe à
essence), qu'il semble hors
de question de s'interroger
sur les contradictions d'un
mouvement social. Ou, pour
le dire autrement, sa
composante réac. Et a
fortiori de le soumettre à
caricature (même peu
finaude). Exemple typique : la
censure par Le Monde
de ce dessin de Xavier
Gorce.
Publié
par l'auteur sur les
réseaux sociaux
Quelles
que soient les réelles
difficultés de vie de ceux
qui y ont pris part, le
mouvement des Gilets jaunes
est intrinsèquement un
mouvement de droite. Non
pas en raison des quelques
(rares) débordements
racistes ou homophobes
qui l'ont émaillé, et sur
lesquels se sont jetés les
agents d'influence
macroniens sur les réseaux
sociaux. De droite, parce
qu'il revendique, non pas
une hausse des salaires ou
des prestations sociales,
mais une diminution des
taxes et des impôts,
autrement dit des
instruments de
redistribution, de
solidarité, ou de transition
énergétique. Ce n'est pas
infâmant. La droite
populaire est une composante
traditionnelle de
l'électorat français. Mais
pourquoi hésiter à le dire ?
A
propos de transition
énergétique, il faut dire
qu'en face, le gouvernement
"on maintient le cap" est
incompréhensible qui vient,
dans le projet de loi de
finances 2019, de
retirer du crédit d'impôts
sur la transition
énergétique (CITE) la
rénovation des fenêtres.
Les données de la question ?
Sur 35 millions de
logements, la France compte
7,5 millions de "passoires
thermiques" (fenêtres
à simples vitrages, combles
mal isolés, chaudières au
fuel). En début d'année, le
gouvernement claironnait sa
volonté de rénover 500 000
logements par an. Problème :
les crédits ont diminué de
moitié. Résultat : tous les
amendements défendant le
retour des fenêtres dans le
CITE ont été rejetés en
première lecture à
l'Assemblée, le ministre de
Rugy (qui avait pourtant
donné son accord) ayant été
recadré par Edouard
Philippe. S'il y avait une
question à poser hier soir
au Premier ministre qui
venait sur France 2 chanter
la transition énergétique,
c'était bien celle-là.
Devinez si Delahousse l'a
posée...