Chère Valérie,
Contrairement à toi, la pensée de Schneidermann m'apparaît d'une idiotie crasse, car elle fait exactement le jeu de la vile propagande Macroniste.
Sur l'article de Schneiderman...
- Il commence son article en décrédibilisant le mouvement des GJ, arguant des faits de heurts et de violences, le même discours que BFM TV et des journalistes à sensations. Ainsi, faut-il aussi se porter en faux contre la révolution de 1789, le Front populaire de 36 ou mai 68? Ses propos sont révoltants quand ils sont lancés sur les cendres encore fumantes de l'affaire Benalla!! Il y aurait donc une violence d'état légale et impunie pendant que la violence populaire serait à blâmer et à réprimer?!? Si réellement, c'est la violence qui vous insupporte, vous n'êtes pas au bout de vos peines au vu du prochain dossier Macron déjà en préparation : La réforme de la fonction publique.
- Puis, il cherche ensuite à justifier, par une rhétorique ampoulée, le bon intérêt de s'interroger sur "les contradictions du mouvement social". Jusqu'à aller chercher des caricatures censurées, visant au désengagement par la peur, la stigmatisation et les insultes, qu'il qualifie de “peu finaudes". Même Charli hebdo ne s'y serait pas risqué à les publier.
-Son analyse politique ne vole pas plus haut que les réflexions d'extrême droite : "Les GJ sont intrinsèquement de droite, car ils se prononcent en faveur d'une diminution des taxes et impôts". On touche le fond! C'est justement son caractère hors des partis qui fait consensus chez les GJ. De toute évidence, il a échappé à Sheidermann que les GJ sont révoltés quant à la suppression de l'ISF et qu'elle représente leur première revendication : "Rends l'ISF d'abord!"
- Enfin, Scheidermann se fait le chantre de l'enfumage Macronien, prétextant que ce manque de rentrées fiscales empêcherait la transition énergétique. Summum du foutage de gueule! Car bien entendu, la récente démission de Nicolas Hulot est étroitement liée au manque de rentrées fiscales?!?! La seule et unique raison des mesures budgétaires de Macron est de satisfaire au diktat de l'UE, à savoir la réduction du déficit public à 3% du PIB d'une part (pour l'essence en l'occurrence, et aussi en défaveur du budget culturel d'ailleurs, contrairement à la croyance populaire qui veut que se soit lié à la crise), et celle de la dette publique sous les 60% du PIB d'autre part.
Concernant tes idées Valérie...
Si je te rejoins dans le constat d'une vaste arnaque d'un gouvernement dont le mépris est total; tu l'auras compris, je suis stupéfait de ta croyance en faveur de "la parfaite lucidité de Shneidermann", et je m'interroge sur la tienne par la même occasion.
- L'avantage des "revendications antifiscales" se trouve dans la convergence des luttes. Celle-là même que les différents mouvements sociaux peinent à mettre en oeuvre pour se faire entendre dans notre société individualiste. Nos politiciens usant, à grand coup de battage médiatique, de mensonges pour créer de la dissension et du clivage. Diviser pour mieux régner. C'est vieux comme le monde. Ainsi, pendant que les pauvres s'écharpent pour des conneries, les riches se gavent en se tapant sur la cuisse! (Tu remarqueras que la loi passée récemment sur le secret des affaires n'a fait aucune vague et qu'on n'en parle même pas dans les revendications des GJ)
- Oui, la bataille pour une meilleure répartition des richesses passe inévitablement par l'augmentation des salaires. Et encore... si là était véritablement notre plus grand problème auquel nous sommes confrontés maintenant...
- Tu évoques le revenu universel comme solution à envisager. Un idée fort séduisante à plus d'un titre pour tous les partis, mais pas pour les mêmes raisons. Ainsi, elle représente une chausse-trappe. De nombreuses moutures de droite et de gauche ont déjà été pensées et dans de nombreux pays. Pour les libéraux, il s'agit d'envisager un RU au ras des pâquerettes avec des salaires d'activités du même ordre, sous prétexte que le salarié bénéficie déjà de l'avantage du RU (un peu comme les cachets négociés au minimum, au prétexte que les intermittents on déjà l'avantage du régime), un moyen comme un autre d'asservir et de paupériser une population. Et d'un autre côté un RU décent, de gauche, basé sur notre niveau de vie et financé par la croissance, si tant est que Total paye ses impôts en France.
Évidemment, le RU de gauche avait toute ma préférence. Toutefois, si d'aventure on le mettait maintenant en place, je doute fort qu'il tienne plus de deux générations...
L'idée du RU n'est pas toute jeune, elle existait déjà sous Marx. Cependant, ils étaient à lors dans un système productiviste où les préoccupations sur l'exploitation des ressources non renouvelable n'avaient aucune considération pour l'époque...
Ces dernières années, nous n'avons plus de politiques de gauche parce que tous nos politiciens sont rompus à l'économie de marché. Ils n'ont plus que deux idées obsessionnelles en tête : la croissance et le PIB, savamment imposé par l'UE, ou plutôt par les lobbys des multinationales qui la contrôlent. (Avons-nous seulement conscience de ce qu'est la puissance d'un lobby? Un lobby est un regroupement d'intérêts de plusieurs multinationales dont les bénéfices de chacune dépassent le PIB de plusieurs pays réunis, avec tout ce qu'ils comportent de cynisme et de cupidité. Il est recensé 2500 lobbys à Bruxelles, un quartier entier autour du parlement européen dédié à leurs QG. La plus grosse concentration de lobby au monde, même les Américains nous l'envient.)
Cependant, une chose est établie scientifiquement, nous ne pouvons plus croitre indéfiniment (cf rapport Meadows début des 70s, régulièrement mis a jour jusqu'à maintenant. Ac-ca-blant!!!), par le seul fait que nos sociétés tiennent uniquement grâce à l'exploitation des ressources non renouvelables que nous pillons sans vergogne et en toute impunité. En d'autres termes, nos jours sont comptés. Nous allons droit dans le mur, si nous n'y sommes pas déjà, par ignorance pour les uns et cupidité pour les autres, quand c'est pas les deux pour certains. Aujourd'hui, même si nous avons connaissance des faits, et pour différentes raisons, il nous est extrêmement difficile d'envisager la chose et encore moins d'en imaginer les conséquences. Nous sommes confrontés à d'immenses bouleversements à venir très prochainement dont on n'a aucune idée de la mesure. La réalité va dépasser la fiction! Je fais ici référence à ce que les collapsologues prédisent avec certitude : l'effondrement de nos sociétés thermo-industrielles (cf les conférences de Pablo Servigne et Jean-Marc Jancovici...).
Ainsi, dans le cadre d'une décroissance choisie ou subie, nous serons de fait dans l'incapacité de financer le RU et son idée deviendra à lors sans fondement.
Nous devrions tous, dès à présent, travailler d'arrache-pied en faveur des changements sociétaux qui arrivent à grands pas. La tâche est plus que lourde, les sujets nombreux et le délai très court. Le dérèglement climatique n'est plus une vague hypothèse. Elle est une vérité criante qui se vérifie avec son lot de catastrophes chaque saison aux quatre coins du monde.
Je ne me lasserais jamais de le dire: arrêter de voter contre, voter pour vos idées ou ne voter pas du tout.
Croire est l'antonyme de savoir!
PS: Valerie, nos derniers échanges sur cette liste, lors du second tour, ne m'ont pas quitté depuis l'élection. Alors, au vu de ces dix-huit premiers mois de quinquennat et de ces derniers évènements, toi, qui de ta main a mit un bulletin Macron dans l'urne, au prétexte du moins pire, combien penses-tu que le FN va faire de pourcentage aux prochaines élections? Combien de décennies faudra-t-il pour comprendre que le libéralisme et l'extrême droite sont les deux faces d'une même pièce? L'un alimentant l'autre, comme deux frères ennemis qui ne peuvent vivre sans l'autre.