Il y a un événement à Paris dont tout le monde parle, et on accourt de partout, de Berlin, de New-York, de Moscou, de Los Angeles pour y assister.
Cela se passe à l’intérieur du théâtre de la ViIle et du Châtelet en travaux.
Cela s’appelle DAU. Allusion à un physicien soviétique.
Si j’ai bien compris ce serait une reconstitution de L’URSS.
On nous fait un vrai passeport pour rentrer et notre identité est vérifiée.
il y a un magasin de souvenirs où l’on vend des assiettes et des tasses en aluminium et de vieilles conserves, peut- être une allusion à la vaisselle du
goulag.
Au moins, nous sommes livrés à nous mêmes, on imagine ce l’on peut, on se perd, il y a des sens interdits partout, un personnel de sécurité devant chaque
porte. Tout le monde les interroge, ils ne savent même pas ce qu’il y a au bout du couloir.
Question malaise, c’est réussi.
Dans le bar Kino Sex, il ya une vodka à 5 € et des sofas . Le barman me fait goûter deux “ vodkas arrangées au raifort à la cerise etc avant de me servir
celle que j’ai choisie. C’est tout bénéfice, il ne connait rien, donc sert la vodka dans une grande tasse en étain ou en aluminium, et chaque fois une demie tasse.
Elle n’est pas glacée, elle devrait l’être, le congélateur est en panne, ça c’est clairement soviétique. Je suis bien imbibé, je titube dans les escaliers.
4 heures de déambulation libres , on passe du chaud au froid on nous propose 700 heures de film en cabine , films tournés dans un immense loft où 400 personnes
auraient été invitées à Karkov à revivre l’URSS pendant deux ans. Je regarde 35 mn, c’est assez fade. Même si parfois, il y a un peu de porno.
On m’invite dans une cabine, je peux parler de n’importe quoi pendant vingt minutes, une femme du nom de Rosa, est réputée être une bonne écouteuse. Tout
est enregistré, soit on efface soit on garde.
j’ai aimé cet exercice. Etre écouté, c’est un luxe.
Il n’y a eu qu’un moment impressionnant, un vieux chanteur de l’Altaï au type asiatique chante dans une chambre année 50, accompagné d’une petite harpe
bricolée, sa voix était bien rocailleuse, un chaman me fait une cérémonie un peu ridicule, il me fouette mais on dirait des caresses, agite du thym en feu, et jette le mauvais sort par la fenêtre. Folklorique.
En fait rien ne m’étonne . Même les reconstitutions d’appartements russes avec des bouts de vie à l’intérieur.
C’est Safari intime de l’opéra Pagaî en dix fois moins bien
J’ai la sensation d’avoir déjà tout vu.
Occuper un bâtiment en travaux, avec des interventions d’artistes c’est Ilotopie en Avignon, il y a au moins 20 ans
Thé à à la rue est allé beaucoup plus loin avec ses bains. Parce que là on est pratiquement sans arrêt en-dehors de tout
Le théâtre de rue a déjà tout inventé, mais avec sa gratuité a été classé théâtre pour pauvres avec le mépris qui va avec.
Le théâtre de rue a été dix fois plus innovant mais n’a jamais eu l’idée d’occuper un lieu légitimant comme de grands théâtres en travaux, ou le palais de
Tokyo, jamais nous n’avons osé mettre le prix de l’entrée à 35 €, jamais nous nous sommes adressés à l’élite de la critique théâtrale ou des arts plastiques.
Alors on nous a placé en bas de l’échelle des valeurs théâtrales.
J’avance une idée idiote .
Quand dans 30 ans, on parlera du théâtre de la fin du vingtième siècle, on ne parlera plus de Chéreau, Vitez
Savary , Strehler,
Planchon , Pommerat, Françon, Py
On évoquera peut être Mnouchkine celle qui est restée sur les valeurs de Vilar,
Non, il restera le mouvement des arts de la rue, qui aura été la seule innovation de la fin du vingtième et début du 21 ème siècle.
Mais comme d’habitude, je ne suis pas de mon avis
jacques Livchine
Metteur en songes