Il y a les taiseux,
il y a les répandeurs,
il y a les raconteurs,
les gros menteurs comme moi
le matin si je n’ai rien à raconter, c’est mauvais signe
Mais ce qui m’intéresse le plus maintenant dans le théâtre, c’est soulever toutes les pierres où se cachent des tabous, ce qui ne se dit pas …
être illicite, sur la frontière
premier réflexe : ceux qui ne sont pas venus. C’est triste. Cathy par exemple, c’eût été tellement important que tu sois là, et Fred, et Virginie et Anne, et Jean Sébastien etc
Mais oui tu pouvais pas, parce que c’est comme si les temps de réflexion, de remise en question, étaient moins importants que les rendez- vous quotidiens de la vie, la glu de la vie. J’ai rendez vous, je ne peux pas être là…
Une université buissonnière ?
On ne sait plus qui a eu cette idée géniale
C’est ça la rue, l’intelligence collective
les idées n’appartiennent à personne
deux jours où tu te nourris de mille pensées
A l’heure où il faut vraiment se secouer, réfléchir,
une petite aristocratie est en train de se créer au sein de la rue.
Nos généraux ne viennent pas se mêler aux fantassins.
Ils z’en ont rien à fiche. Or ils feraient mieux de se méfier.
Pourquoi ? Dans tout ce qui s’est dit pendant ces deux jours, en filigrane , sans que cela soit encore bien clair, on sentait bien qu’il fallait mettre du droit culturel partout surtout dans les gouvernances des festivals et des Cnarep .
La Fédération a un savoir faire précieux , les apéros, les apérues. Comme on est en nouvelle Aquitaine, Bruno de Beaufort est arrivé avec un millier d’huitres de la Rochelle, incroyable apéro, abondance des mets, des vins, convivialité le mot est usé, citoyenneté
le mot est usé, amour de l’autre, respect c’est peut être mieux.
Pendant deux jours on a surtout appris à se méfier des mots.
Participation, mot poison, ne dites jamais participation le pire des mots.
Création… abominable
Offre culturelle …jetez ça à la poubelle tout de suite.
Oeuvre : réactionnaire
Démocratisation : vieillot
Alors un naïf a demandé je remplace ça par quoi ?
Le capitalisme a des laboratoires, des types qui réfléchissent et remplacent les mots : entrepreneur remplace patron, libéralisme remplace capitalisme etc
Nous aussi, on a cet énorme chantier à mettre en route.
Ceux qui faisaient partie de l’atelier “participation “nous étions 34 ont vécu un moment inouï avec Luc Carton. On a commencé par tuer l’intitulé de l’atelier.
Tout a été inventé sur place.
On a fait cela dehors,
on a fait un grand carré de tables. On a sorti des chaises, ce qui était interdit,
Luc Carton n’avait rien préparé. Il a dit : on va commencer par quatorze questions, ou constat, ou récit. il commentait à travers son logiciel et égrenait son récit de petites fables, presque des haïkus pour éclairer ce qu’il disait.
Parfois il s’arrêtait. Allez on prend deux minutes de silence complet pour réfléchir et poser sept nouvelles questions.
Le salariat, la richesse, la confiance dans l’individu, ne pas prendre les citoyens pour des assujettis ou des consommateurs de mécanismes de pouvoir, la délibération nécessaire.
Il est belge ce Luc, il n’est pas comme nous à dénigrer sans arrêt le socioculturel
A la fin il a dit : on se revoit dans un an, pour évaluer le chemin que ce débat a provoqué dans vos cervelles. Quelle justesse de pensée, comment une idée chemine, le temps.
O miracle, les restitutions des 5 ateliers étaient vivantes et multiples.
La notion de rapporteur avait été quasiment éliminée. Tous les participants parlaient, et pour une fois on avait une photographie fidèle de ce qui s’était passé.
J’aurais trop à dire : l’évangéliste tribun Paul Aries, un bolide, torrent furieux sur la gratuité. La décroissance etc
et des chiffres : Dépenses de l’armement 1600 milliards or on aurait besoin de 30 milliards en 25 ans pour régler le problème de la faim dans le monde.
Les maires qui nous prouvent que tout est possible : le rugbyman de Bessines et Dolus d’Oléron qui racontent leur festival,
sans oublier Zora le danseur du Cameroun et tout ce qu’il met en place en Afrique.
Que des ouvreurs de piste…
Dans le temps j’avais l’impression que la fédé ne parlait que de sous sans arrêt.
Là, on aurait pu dire que c’était "l’élan” le sujet.
Ne plus tout attendre des aides publiques, la France est couverte d’initiatives prodigieuses, mais vraiment il faudrait les énumérer, c’est sidérant tout ce qui se passe. Michto à Nancy , Castera Verduzan, Mesnay le pudding etc. Des oasis dans un désert
de sourires.
On pourrait les appeler les saxifrages, ces herbes folles qui sont capables de percer n’importe quel béton.
Tiens Marie José Mondzain, faudrait l’inviter, elle a théorisé les saxifrages
Les droits culturels, on en fait tous depuis toujours sans les nommer.
L’absence de chef, un peu partout. Qui c’est le chef des Grooms, du projet D, du collectif du prélude ? d’Annibal ?
Je prétends que nous sommes en avance, que nous préfigurons la société de demain, mais nous ne sommes pas assez préoccupés de reconnaissance, on nous ignore partout, dans les médias, dans les Ministères. Nous sommes au bas de l’échelle des financements publics.
On a fait une petite commission de lois, on a retenu 7 lois sur 44 propositions. Vote à mains levées. Droits culturels, gratuité , parité Hommes /femmes Faudra les envoyer au Ministre.
J’en ai marre, je n’arrive pas à exprimer la richesse de ces deux jours, je cherche une métaphore, un apophtègme pour clore tout ça
“ Nous avons tous un surplus de culture en nous, mais nous nous auto -censurons, nous pouvons en faire beaucoup plus, devenir auteur, "auteuriser” sortir de notre gangue d’argile, prendre la parole sans qu’on nous la donne”. Luc Carton ( de mémoire)
écrit le lendemain de l’UB, tout est encore trop frais.
JL
"