J’ai envoyé 152 lettres aux Scènes Nationales, CDN, théâtres nationaux, théâtres municipaux pour leur demander si une co-production pourrait les intéresser. Je spécifiais bien que je n’attendais
de leur part aucune réponse. L’envoi a coûté 870 Francs, je veux dire 132,88 €. Un timbre c’est effrayant, cela coûte maintenant 0,95 €, presque 6,00 F pour ceux qui se se souviennent des timbres à 0,50 cts il y a 20
ans. J’espérais zéro réponse. J’ai perdu mon pari. J’ai eu 4 réponses.
Lionel Massetat du théâtre de St Quentin en Yvelines, et Jean Bellorini du TGP de Saint Denis ont pris la peine de m’écrire une vraie lettre argumentée, ils prenaient la défense de leur structure
qui touchait beaucoup la jeunesse contrairement à ce que je prétendais. Bellorini s’opposait au style du projet mettant en jeu l’intimité des premiers émois amoureux et défendait l’idée que même si les élèves venaient au théâtre avec leur professeur, ce que
je qualifais avec mon mépris habituel de public captif, c’étaient tout de même des jeunes au théâtre.
Richard Brunel de la Comédie de Valence m’a renvoyé la lettre barrée d’un grand trait avec une notation précisant qu’il avait un axe de programmation dont le projet ne faisait pas partie.
Laurence Terk de la Scène Nationale de Mâcon a écrit qu’il était trop tôt pour s’occuper de la saison 20/21.
Tout ceci me rappelle sans arrêt le mur des lamentations, on se cogne la tête contre le mur qui ne répond jamais.
Et pourtant il y a quatre ans j’avais fait une autre tentative auprès de l’Institution théâtrale. Je leur disais : ne vous cassez pas la tête à faire une programmation, prenez l’Unité,
on a de quoi occuper une année toute entière, avec un répertoire intérieur/ extérieur, une fête fédératrice, de la formation etc. Zéro réponse.
Or récemment, le téléphone a sonné : j’ai bien reçu votre proposition, passez me voir qu’on en discute. La lettre avait cheminé pendant quatre ans dans la cervelle de Jacky. Nous fréquenterons
donc Epinal toute l’année 2020. Nous appelons cela la lettre de Meyerhold. Quand il n’y a plus aucun espoir, que tout semble plié, il y a toujours une lettre qui arrive pour vous sauver.
Le théâtre de l’Unité c’est toujours autre chose
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