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[rue] Les panoramas de la FAIAR


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  • Subject: [rue] Les panoramas de la FAIAR
  • Date: Fri, 19 Apr 2019 19:10:53 +0000
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Marseille 
14 maquettes de 14 apprentis en deux jours 
 dans 14 lieux, c’est le final FAIAR,
le marathon de la maquette 
On dit que ce sont des esquisses etc 
comme d’habitude 
les directeurs de CNAR et Festivals  sont à l’affût 
sait -on jamais… s’il y avait une perle ?
D’autres viennent pour dénigrer… 
Et quoiqu’il  en soit l’hypocrisie est de mise 
On applaudit même quand on n’en n’a pas envie 
on fait dans le compliment plat. 
Merci beaucoup. 
Très bien
Parfois même vingt minutes peuvent nous paraître  longuettes 

On a vu défiler  tous les styles 

Cette année on a eu  en vrac 

les Castelluci 
 les Fellinis 
Les Despentes 
les poétiques 
Les façon  Artaud 
les sans textes 
les trop de textes 
les ésotériques 
Les obsessionnels 
les personnels 
les “j’ai peur de la fin du monde “ 
les  “l’amour   sauvera le monde “ 

on a vu toutes sortes de lieux 

les hangars de la cité des arts de la rue 
le parking souterrain d’un hôtel de luxe  le Toyokoto
une rue  en pente de Belsunce, les petites Maries je crois 
le parvis d’une église  de Cucuron 
un petit théâtre écrin plein de charme le théâtre de l’oeuvre
Parfois  ce fut pour une jauge de 19 personnes 
parfois pour 300

Les pros à la terrasse des cafés ou à table faisaient malgré eux des classements et bavassaient 

 A chaque fois on dit pareil …trop de solos 
A chaque fois on dit : ce n’est qu’une maquette 

Hervée de Lafond, la marraine et fière de son titre avait prévenu : vous allez jouer devant des hyènes et j’en suis une  et pas la moindre.  

Les hyènes s’attablaient ensemble par catégorie, les CNARS avec les CNARS, les anciens apprentis avec les anciens apprentis, les historiques avec les historiques. 

J’étais souvent d’accord avec Fred Michelet et Dominique Clerc le dramaturge, 
Jean Pierre Marcos, l’ex d’Amiens et le président d’Artcena était comme d’habitude généreux et ouvert 

Parfois je sentais Gwenaelle d’Artcena décontenancée, je lisais dans ces yeux ses réserves, les inspecteurs du Ministère ne lâchaient pas une once de leurs pensées. 


La présidente de la FAIAR, la très distinguée Laure n’est restée qu’un jour, j’ai trouvé cela dommage, car pour se faire une vraie idée de la promotion il fallait les deux jours. 

On entendait la marraine Hervée murmurer : “je vais leur souffler dans les bronches, je veux du propos, il n’y  pas de propos”. Et puis d’un seul coup elle a lâché  : là ouiiiii, là je dis oui….

il était 16 H 55   on est sorti du festival de convulsions et de souffrances,  un certain César Roynet  est apparu. C’était fort, clair,  simple, énergique, drôle, rempli d’auto -dérision et de tendresse, et quand à la fin peinturluré en noir  il vint embrasser le curé  africain de l’église devant laquelle il avait joué, l’émotion était maximale. 


Ce qui s’est passé ensuite, j ’ai honte de  le raconter. 
J’ai pris  Morgane après sa présentation  dans mes bras et j’ai pleuré sans pouvoir m’arrêter. 

Depuis la mort de Ghislaine Roche du CSC d’Amiens   et de ma soeur Annie, il y a quatre ans, je n’avais pas pleuré. 
Mais c’était des flots de larme, comme si un barrage avait cédé. 
Jamais cela ne m’était arrivé devant un spectacle.
Elle parlait de ses origines algériennes et des galettes de semoule que sa grand -mère faisait à merveille, elle souriait, aucune nostalgie dans ses propos, elle était lumineuse.
Alors pourquoi ai je craqué ?  Pourquoi  l’ai je serrée quasiment aussi fort comme on le fait dans les enterrements. 
J’avais revécu la  petite madeleine de Proust : “à l’instant même ou la cuillère mêlée des miettes du gâteau toucha le fond de mon palais, je tressaillis  attentif à ce qui venait de  se passer d’extraordinaire en moi”. 
Toute la mémoire olfactive des mes origines russes m’avait envahi, 
ma mère, ma grand mère étaient remontées d’un seul  coup travers  ces galettes de semoule qui s’étaient pour moi transformées en blinis, ces blinis qui dès que j’en fabrique me jettent dans un état second  comme si  la vie triomphait de la mort. 

Faut il émouvoir  ?   est ce le but du théâtre ? Je pose la question à ma voisine. Elle me répond : bien- sûr le théâtre doit émouvoir par les rires ou les larmes. 
Finalement nous sommes tels  des serrures,  les spectacles sont des clés, certains ouvrent toutes nos portes, nous fissurent d’autres n’y parviennent pas et nous lassent insensibles. 
Je n’étais pas le seul ému, heureusement. Mais quasiment abasourdi par cette réaction incontrôlable 

On était à Cucuron. Johnny a fait lire  un communiqué. Il devait jouer à Marseille, mais on lui avait prescrit des conditions de sécurité si contraignantes, qu’ennemi des barrières et des fouilles, il avait décidé de jouer dans ce village en toute liberté. 
L’atmosphère était délicieuse. 
Un spectateur s’exclama, ici ça respire l’amour.  Une spectatrice s’enthousiasma, mais bien sûr, rien n’est supérieur à l’amour,  et dans un nuage de fumée Johnny apparut en Cupidon:  mes chéris mes agneaux, et en une minute chrono  tout le public  formait des grands cercles en se tenant par la main , même le maire, et l’inspectrice du ministère, Johnny nous faisait  faire un exercice de participation amoureuse sans précédent. Il nous avait  tous embarqué. 
Hervée avait vite reconnu dans la fausse spectatrice notre petite Audrey Lopez qui lycéenne faisait du théâtre avec nous. retrouvailles: Audrey, c’est toi ! 
Romaric Matagne, directeur du grand ménage de printemps  se régalait, Antoine le Menestrel était accroché sur le haut du clocher de l’Eglise, Maya servait son tajine, le rosé coulait à flot. 
Jean Sebastien Steil le directeur de la FAIAR me glissa :  je n’ai pas parlé de Crespin, mais tu as bien vu qu’il était là au milieu des débordements d’amour.
Hervée répétait en boucle : l’immersion des apprentis dans ce village a été fondamentale,  c’est ça la rue, vivre en harmonie avec des habitants, ça donne cette qualité inestimable. 
L’image de César serrant le curé dans ses bras
 me poursuivait. 
Le théâtre de rue c’est  cette immense affection pour le quotidien, les gens simples, la vie. 
Les apprentis ont dansé toute la nuit, 
et le lendemain, la marraine leur a fait ses remontrances et ses retours, sans doute à sa manière fantassin de Napoléon. 
C’était une séance à huis clos 
je n’y étais pas 
J’ai dit à Hervée : c’est ta vérité, avec tes valeurs, ce n’est pas LA VERITE 

le théâtre c’est comme ça, il y autant de façons de le percevoir que de grains de sable à Deauville


Mais alors à la FAIAR, on y apprend quoi ? quelle vérité ?

Ce ‘est que le début de l’histoire, on me fait savoir que l’on va retrouver les 14 apprentis en octobre à l’Unité  … 

Hors FAIAR 









 









 



   











 








 














  • [rue] Les panoramas de la FAIAR, Jacques livchine, 19/04/2019

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