Il est utile de questionner les origines d’un art pour en percevoir l’identité et la spécificité.
Dans le cas des arts de la rue, l’origine est double. Origine religieuse dans les Dionysies,
Processions accompagnées de chants et de musique, choeurs de satyres et de bacchantes, en
l’honneur de Dionysos en Grèce, Bacchus chez les Romains.
L’autre origine, peut-être plus éclairante en ce qui concerne l’écriture, est liée à la création
des villes, dans l’Antiquité ou au Moyen –Âge. Peu de villes sont issues d’une volonté
précise, d’un marquage au sol comme la Rome de Romulus et Remus.
Les villes sont nées, pour leur grande majorité, du carrefour et de la foire. Au croisement des
grands axes de circulation, les commerçants itinérants créaient des rendez-vous réguliers, et
instauraient des foires, des lieux de commerce dans le sens premier du terme, et petit à petit,
autour de ces carrefours, des villes se sont bâties. Ces lieux de rencontre étaient très
naturellement des lieux de jeu, de spectacle, de musique. L'art de la rue est l’art premier des
villes en devenir. Et tout naturellement, de ces deux origines, religieuse et commerce entre les
hommes, découlent l’identité et la spécificité des arts de la rue.
Dès l’origine, toutes les disciplines artistiques sont convoquées, parole, danse, musique, art
plastique, mime, masque, art du mouvement et de la performance physique, harangue…
Dès l’origine cet art est fondé sur la rencontre plus ou moins fortuite avec le public.
Dès l’origine, la nécessité d’attirer, de convaincre, et d’échanger, a été privilégiée. Surtout pas
l’art pour l’art, mais l’art pour la rencontre, le dialogue, l’émotion.
Dès l’origine, au moins dans la partie laïque de ces origines, la rue fut le lieu d’une _expression_
politique. Notre grand ancêtre c’est le colporteur, qui utilisait tous les moyens artistiques à sa
disposition pour vendre objets, livres ou images, mais aussi pour transmettre et diffuser les
idées politiques, les colporter. On sait le rôle qu’il a joué dans l’élaboration des cahiers de
doléances, ferment de la Révolution Française.
L’art de la rue est donc constitutif de l’écriture de la ville, de ses rapports humains, sociaux et
politiques.
Jusqu’au jour où le pouvoir s’installe et capte la parole libre, l’enferme dans des règles et des
contraintes.
L’espace public est de plus en plus confisqué par les tutelles, les arts de la rue n’ont droit de
cité qu’à temps fixe, en lieu fixe, en rendez vous organisés et annoncés. Et ils perdent ainsi
leur saveur, leur spontanéité, leur raison d’être.
e théâtre de rue devient ainsi l'_expression_ de la démocratie, une vision poétique de la politique
Le théâtre de rue est né du religieux, mais le religieux s'est enfermé dans les églises, les temples, les mosquées et les synagogues.
Le théâtre de rue est né de l'échange et du commerce, mais l'échange et le commerce se sont enfermés dans les grandes surfaces
Le théâtre a été enfermé par le pouvoir et la classe possédante dans les théâtres. Est-ce théâtre là que la SACD veut défendre ?
Mais en sortant dans la rue il est l'_expression_ d'une nouvelle démocratie, d'une liberté de création, s'adressant directement au citoyen sans la barrière de l'institution.
La marionnette joue un rôle important dans le théâtre de rue.
Voilà pourquoi il faut accorder une importance grandissante à cet art de la démocratie culturelle