je rêve ou bien ? je viens de lire une longue épitre de Christophe Chatelain du Pudding sur l’avenir etc très bien faite, argumentée avec Jeanne Laurent , la reconstruction du théâtre après la libération les tournées en camion, la première décentralisation les habitants qui apportent leurs chaises formidable le théâtre rêvé l’utopie se mettait en marche avant de s’institutionnaliser et de mourir.
Mes chers compagnons d’infortune, émettre idioties sur idiotie au moins ça nous sort de la pensée formatée et attendue donc je vais vous faire une théorie jetable.
Le virus envoie des signaux précis : il ne veut plus de tous ces rassemblements religieux ou théâtraux, je l’approuve il veut se débarrasser du trop plein de vieux, je l’approuve aussi… je parle pour moi (77 ans) t’inquiète pas, ( tous ces grands spécialistes voulaient passer ma prostate au barbecue, ou me proposer une castration chimique, j’ai dit non merci. Je veux mourir en bonne santé.
Je propose un moratoire de dix ans. Dix ans sans théâtre du tout. Parce qu’on a trop exagéré. La baudruche quand on la gonfle à bloc, éclate. Trop de festivals, trop d’auteurs, trop de pièces, trop…. En toute sincérité, la mort d’Avignon, d’Aurillac ou de Chalon, ne me touchent pas, même si j’y ai beaucoup joué. Que les scènes nationales s’effondrent, c’est une bénédiction etc. Que Télérama fasse faillite, tant mieux.
C’est déjà arrivé dans l’histoire. Il y a eu six siècles sans théâtre du tout, de l’an 400 à l’an mille. Relire l’histoire du théâtre dessinée d’André Degaine
- - Fin Empire romain Vème
- - Les pères de l’église condamnent ce théâtre où abondent obscénités,
mutilations, mises à mort
- Les beaux théâtres serviront de carrière de pierres taillées pour édifier
des remparts contre les invasions
- Trou noir de 600 ans car l’occident a plus urgent à faire que de
s’occuper de spectacles
- Des saltimbanques, montreurs d’ours, jongleurs maintiennent le goût du
jeu scénique, mais c’est tout.
Ce n’est qu’après les angoisses de l’an mil que le théâtre sera encore
une fois suscité par la religion.
- Drame liturgique au XI et XIIème siècles
- Le jeu au XIIIème
- Le miracle au XIVème
- Le mystère aux XV et XVIème siècles
- On a dix ans pour tout reconstruire. Il ne faut compter que sur nous mêmes. Si nous avions attendu que le ministère de la Culture nous encourage à sortir des théâtres en dur, pour inventer le théâtre de rue, rien ne se serait jamais passé.
- Il faut faire, Christophe, faire. Ne pas perdre de temps à écrire des dossiers avec des budgets. Comme dit si bien Franck Lepage, le projet tue la création. Il ne faut pas attendre les autorisations, il faut foncer, s’imposer. S’auto -programmer.
- On n’a même pas besoin de se rencontrer et discuter pour présenter au Ministère de la culture nos préconisations. Nos partenaires des Dracs et des ministères sont sympathiques mais craintifs et n’oseront rien, on n’aura que des lettres de refus.
- Je ressors toujours mon exemple d’Antonin Artaud présentant un projet à la DRAC. Ils auraient dit : faîtes nous un dossier etc et n’auront jamais accompagné un fou génial comme il était.
- Alors ne compter que sur nous, nos envies profondes.
- Le théâtre de rue a commencé en 1973, il a fallu huit ans pour que naisse Lieux publics, au forceps, 13 ans pour que Crespin fonde Eclats d’Aurillac, et plus de 20 ans pour que le ministère prête attention au phénomène en offrant un statut aux lieux de fabrique …
Une marche de 4000 kms commence par un pas
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