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[rue] Il y a beaucoup d'espoir


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  • From: "Chtou Gildas puget" ( via rue Mailing List) < >
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  • Subject: [rue] Il y a beaucoup d'espoir
  • Date: Tue, 28 Apr 2020 13:37:54 +0200

C’est un bon ami d’enfance, un gars un peu fou à l’humour irrésistible qui peut, le soir, danser en slip sur votre table, et le lendemain travailler en costard avec flegme et droiture. Il est aimé par les artistes autant que par les élus, et je l’ai vu trouver sa place au fil des ans. Aujourd’hui, c’est le programmateur d’un beau théâtre municipal en Bretagne.


— Les Arts de la rue honnêtement, c’est pêle-mêle du bon et du mauvais, et pour avoir fait Aurillac, je te le dis franchement, je pense tout de même qu’il y a une majorité de spectacles d’un niveau médiocre ! 

La franchise est la marque des vrais amis.

— Ce ne sont pas les Arts de la rue qui ont un niveau médiocre, c’est toi. C’est comme si tu rentrais dans une Bibliothèque, que tu déambulais dans les rayons et choisissais quatre livres au hasard. Est-ce que tu oserais me dire « en Littérature, je te le dis franchement, il y a une majorité de livres d’un niveau médiocre » ?


On pourrait en dire autant en choisissant quatre films sur Netflix ou quatre titres sur Deezer, pourtant le mouvement des Arts de la rue est plus prompt à douter de lui-même que le Cinéma ou la Musique. 

Partout des créateurs inventent, et tout mouvement artistique possède, parmi ses propositions multiples, des talents dont certains vous touchent personnellement au cœur et vous soulèvent.


Qu’allons-nous devenir ?

Nous sommes un mouvement du contact. Nous sommes un Art de la peau, nous jouons coude à coude avec le spectateur, nous travaillons l’adhérence. Regardez-nous : nous passons notre temps à nous enlacer, nous nous embrassons, nous nous étreignons, il est courant que l’on prenne des spectateurs dans nos bras après une représentation, ou bien ce sont eux qui s’enlacent d’émotion.

Nous sommes de sueur, de postillons, le public est massé, uni dans la rue, il respire le même air, il partage pour ce crépuscule la même place publique, nous faisons expérience commune, nous créons des moments d’unité intime.

Au point que des directeurs d’équipement culturel et des punks à chien peuvent s’émouvoir, épaule contre épaule, sans que cela coûte à notre public son essence : il fait peuple. Nous sommes un art du toucher, de l’effleurement, nous avons la douceur charnelle d’une main caressant une joue, nous sommes front contre front. Nous faisons des cercles.


L’économie s’est écroulée parce que les gens n’achètent plus que ce dont ils ont réellement besoin. 

Et nous n’en sommes pas, on nous l’a fait savoir.

Ceux qui sont indispensables ce sont les femmes, premières au front de la pandémie, les soignantes, les caissières, et les livreurs, les maçons, les ouvrières et les ouvriers en somme. Ceux qui travaillent pour le monde réel et sont logiquement les moins bien payés, le capitalisme étant par essence une abstraction de l’économie. 


Nous travaillons dans le monde réel, nous aussi. 

Mais on nous dit que c’est la crise mondiale. La peur est distillée comme elle ne l’a jamais été par les médias, elle nous fait presque oublier ceux à qui ils appartiennent.

Dans de telles épreuves, on donne son énergie sur la plantation de plantes potagères, on ne plante pas des fleurs, les fleurs ne sont pas indispensables.

On a peur de ce que nous disent les journalistes. 

On sacrifie les fleurs.

Et toi, mon ami élu, tu as peur, aussi ? 

Tu choisis un monde sans fleurs, ou sais-tu, dans ton fort intime ?…

As-tu accès à cette part de beauté enfantine dans ton cœur, es-tu capable de défendre la fleur aujourd’hui contre l’avis des autres, parce que tu sais que c’est sa beauté qui fait de ce monde, le nôtre ?

C’est tentant, pratique, consensuel d’annuler.

Si tu annules aujourd’hui, demain, cela ne reviendra plus, car le choix aura été fait, tu auras dit : d’accord, les fleurs ne sont pas indispensables.

Ce choix se fait aujourd’hui, et c’est toi qui choisis.


En vérité, il n’y a pas de crise.

Il y a beaucoup d'espoir.

Il n’y a qu’une infime partie de la population qui meure, et les légumes continuent de pousser, et le vent de souffler, et les savoirs de grandir. 

Cette crise, c’est leur crise. Une crise de l’économie fictive, une crise des algorithmes boursiers.

Mais nous n’avons pas besoin d’algorithmes boursiers pour vivre, nous avons besoin de légumes et de fleurs, nous pouvons résoudre tous les problèmes de l’humanité par une simple équation.

Nous la connaissons tous, nous la pratiquons tous dans nos familles, nos couples, nos cercles amicaux.

C’est la seule équation économique valable, qu’on enferme les télés dans une boite, avec à l’intérieur ces experts ridicules et ces charlatans qui prétendent au sérieux!

C'est un programme révolutionnaire.

C’est la seule équation qui peut d’évidence enfanter le monde meilleur que nous appelons, et nous la pratiquons depuis toujours. 

Elle n'est pas simple à faire entendre aux oiseaux de malheur.

Elle est sage comme l'amour.


Partage=bonheur.








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