Liste arts de la rue

Archives de la liste Aide


[rue] Un article du monde


Chronologique Discussions 
  • From: "Livchine" ( via rue Mailing List) < >
  • To: Liste Liste rue < >, Fédération de la rue < >
  • Cc: Peressetchensky Olivia < >, Philippe DU VIGNAL < >
  • Subject: [rue] Un article du monde
  • Date: Thu, 30 Apr 2020 15:22:05 +0200
  • Arc-authentication-results: i=1; mx.microsoft.com 1; spf=pass smtp.mailfrom=hotmail.com; dmarc=pass action=none header.from=hotmail.com; dkim=pass header.d=hotmail.com; arc=none
  • Arc-message-signature: i=1; a=rsa-sha256; c=relaxed/relaxed; d=microsoft.com; s=arcselector9901; h=From:Date:Subject:Message-ID:Content-Type:MIME-Version:X-MS-Exchange-SenderADCheck; bh=kze1RiUfI1qcjkcxrngqQtRXddHUaayO7PjrXqg/uEs=; b=R67LaflrCzRsNCBUpcQmxE/zBYUf67X8CQomVpRirHokpiuEG6seNugDoJ9yq2Yt1C4+nyWqEgHJJdzaOBpJqPmktOZgTsjwskv7HgNxHLIIkhd72mJ4btaf3YbbHvW7ZOPAE5OgpvuNJafB6HYHAd9lqk1scQB/Jki6cGlbq8siaPg6eglMEH5tFyyifQlYy0+Kxmht+8MpZrI/Zq6D/7SqCAf7NgJinIdKgRptI27j/HIg3MD7IpIHFm01YSwRi3xbTh1hsLtBSo/NFVFc16cJ/JlUENndd0UL9s/WtC7pfqfB/uwa6ci7P65woLWSSUzk4VvE5YRL7YWuykR+wg==
  • Arc-seal: i=1; a=rsa-sha256; s=arcselector9901; d=microsoft.com; cv=none; b=isFToGt97HIXwVvREEXqMaPd2hmM9y2e9kVbS/cGAvByS+KelVKsbiA8aIeP8e8OEyhgYXe3obA+JjWB9OJRRPCk6NIOdnegAFb+p4CcIkT1xdUUL/m3kjNwFXs7AsKi/gYFStFGeWILPvlOUPfAvXY6yH7DWd/zqbk+WEPQWYpeTiTv6hqdXNdWna0qzwZkWngnINzf8iTbn2drGAKRr72lzGI29Ag75TO3/Darx8Apiirpx3+8UvJyGH36hqAxiQ0Ln3A10eW7U56DMMPCCoSUp6WCqMaIuUCVEmMqWst9JcZbZZvrQJf9PscMHLQpZeOHy7rLFc8a7C2BZQ2zhg==


La danseuse et chorégraphe syrienne Yara al-Hasbani devant le musée du Louvre, à Paris, le 22 avril.
La danseuse et chorégraphe syrienne Yara al-Hasbani devant le musée du Louvre, à Paris, le 22 avril. SAMEER AL-DOUMY / AFP

Pendant que les lieux culturels s’épuisent à écoper, que leur réouverture est sans cesse reportée, qu’ils jouent leur survie, une petite musique monte : « Rien ne sera plus comme avant. » On a dit la même chose après la crise financière de 2008 et tout fut comme avant. Alors méfions-nous des « grands soirs ». La culture adore passer sur le divan, et les prédictions sont souvent plus le fruit du militantisme que de l’observation froide.

Un climat domine. Il faut ralentir le rythme. Il y aurait trop d’expositions, de spectacles, de films, de livres. Les chiffres montrent du reste que l’offre culturelle a bien plus enflé que le public en trente ans. La surchauffe est là. Alors avec le virus…

Il faudrait aussi abandonner les formats trop coûteux. Mettre fin aux spectacles et concerts aux scénographies luxueuses. Aux expositions à 400 œuvres et plus, la plupart venant du monde entier, qui épuisent le regard et qui sont condamnées à recevoir toujours plus de public – un format que la pandémie aimerait. Sylvain Amic, qui coiffe plusieurs musées normands, n’a pas attendu la crise pour voir dans cette surenchère « une paresse de l’esprit qui n’a plus de sens ».

Article réservé à nos abonnés Lire aussi  Coronavirus : après le déconfinement, le secteur de la culture restera encore paralysé

Dans le collimateur encore, les artistes mondialisés, qui veulent toujours plus beau et plus cher. « Les artistes, on les entend peu en ce moment, ils pourraient revenir à une économie plus modeste », dit Cyrille Bonin, qui pilote la salle rock Le Transbordeur, à Villeurbanne. Enfin il serait temps pour la culture de se mettre au vert. A l’écologie. Au développement durable. Arrêter de réunir pour une soirée, quelques jours ou semaines, pour un festival ou une foire, des artistes et des œuvres qui passent plus de temps dans l’avion que sur scène ou au mur. Bref un peu de frugalité ne ferait pas de mal, comme lorsque la gastronomie a été gagnée par le slow food.

« Mieux vaut se couper un bras que mourir »

Ces prophéties dessinent un autre modèle : une offre réduite, plus locale ou française, moins chère aussi, pour un public allégé, et ancrée dans le quartier, la ville, la région. Certains demandent même que les lieux culturels soient aussi « sociaux », à l’instar du Musée des beaux-arts de Montréal avec ses ateliers d’art-thérapie.

L’universitaire et spécialiste de la culture Jean-Michel Tobelem souhaite lui aussi un modèle plus sobre, « car mieux vaut se couper un bras que mourir ». Il va plus loin : la priorité ne doit plus être l’artiste mais le public. Il explique : « L’argent doit moins aller aux lieux très aidés qu’au réseau associatif de proximité, moins à Paris et plus dans les régions, et il faut arrêter de sacrifier aux touristes le public local. Sinon la culture sera la cible de nouveaux “gilets jaunes”. »

Lire la tribune : « Monsieur le Président, cet oubli de l’art et de la culture, réparez-le ! »

Nombre de responsables de lieux culturels dénoncent un scénario populiste et un repli nauséabond. Ils ajoutent que la culture mondialisée sert en effet des stars fortunées mais aussi des milliers de créateurs issus de pays désargentés, qui font leur premier spectacle ou leur première exposition dans nos musées, théâtres ou festivals – les accueillir n’est pas non plus « développement durable ».

Et puis nos grands théâtres, salles de concerts, musées ou festivals sont régis par un dogme : l’excellence. C’est leur boussole. Y déroger, c’est faire injure à l’art – comme si le FC Barcelone renonçait à mettre sur le terrain Lionel Messi. Du reste leurs équipements et équipes n’ont pas été conçus pour tourner en sous-régime.

Ils ajoutent qu’ils produisent de la beauté et de l’émotion, des sentiments qui cachent une compétition acharnée en coulisse, digne de ce qui se passe dans l’industrie du pétrole ou de l’alimentation. Baisser la garde et le déclassement pointe, l’emploi souffre, les lourdes pertes d’argent suivent.

Moins miser sur le tourisme

Faire moins tourner les spectacles dans le monde entier ? Des lieux et compagnies en vivent. Moins de foires d’art ? Les galeries y font 30 % de leur chiffre d’affaires. Moins de stars mondialisées ? Ce sont elles qui font vivre les gros lieux tant le public est aimanté par les têtes d’affiche. Il y a chaque année une cinquantaine d’expositions Picasso dans le monde, une centaine où ses œuvres sont présentes. Les « petits musées », dont on attend du reste la définition, pourront rouvrir après le 11 mai, parce qu’ils sont vides ou attirent un public clairsemé. On oublie encore que les œuvres qui attirent les foules, dans le cinéma ou la musique, dégagent de l’argent réinjecté ensuite dans une création moins connue ou moins rentable.

Ces contraintes n’empêchent pas les responsables culturels d’interroger leur modèle. Certains veulent recentrer l’offre sur ce qui existe en France. Moins miser sur le tourisme aussi. Trouvons un nouvel équilibre, dit Laurent Bayle, le président de la Philharmonie à Paris : « Ça fait vingt ans que la culture vit au rythme de la mondialisation. Dans la musique, le repli sur soi n’a aucun sens. Oui aux circuits courts pour la filière alimentaire, pas pour la musique, ou alors nous aurons une énorme perte de qualité. En revanche, donner du sens à cette mondialisation, l’humaniser, élargir le spectre des musiciens invités, oui. » 

Article réservé à nos abonnés Lire aussi  Face à la paralysie du secteur, les intermittents du spectacle demandent une « année blanche »

Reste que si une slow culture se dessine en France, ce sera moins par volonté que par manque d’argent. Parce que le virus aura affaibli, voire laissé sur le carreau, nombre d’acteurs. Le public, lui, aura alors accès à deux champs toujours plus distincts : une culture mondialisée avec des œuvres et artistes qui « voyagent » par via Internet ; une culture de proximité, réelle, dans des lieux en dur ou des festivals.

Ce paysage inquiète nos acteurs culturels. Ils ne le disent pas trop, car ils ont dû la mettre en avant, mais la culture numérisée, pour eux, ça va un moment… Elle les effraie si elle en arrive à effacer l’expérience physique des œuvres. D’autant qu’elle accentue la fracture entre les milieux aisés et les autres.

Contribuer


Envoyé de mon iPad


  • [rue] Un article du monde, Livchine, 30/04/2020

Archives gérées par MHonArc 2.6.19+.

Top of page