Bonjour à tous,
Je suis depuis plusieurs semaines vos échanges sur vos initiatives pour" jouer à tout prix"… je me suis retenue d’écrire sur cette liste jusqu’à aujourd’hui, mais c’en est trop !
Comme vous tous, notre compagnie doit surmonter cette catastrophe qui nous empêche d’exercer notre profession. Je parle bien de profession, de métier !
"Tout travail mérite salaire" : le fondement du droit du travail repose sur ces deux piliers…
Comme vous tous je me bats pour manger, me loger et défendre mon métier qui me tient tant à cœur. Nous devons revendiquer notre économie et nos salaires en se mobilisant pour que notre métier soit exercé dans des conditions économiques décentes.
Quand je lis vos messages, je suis en colère et terrifiée par l’avenir de notre activité professionnelle. Comme vous tous, nous avons envie de jouer…mais à quel prix ?
La passion ne justifie pas la précarité. Toutes ces belles initiatives généreuses et altruistes ne seront à terme qu’un échec économique d’une profession pour laquelle nous nous battons depuis des lustres pour sa reconnaissance et surtout pour en vivre.
En organisant des événements "entre soi", sans budget publics ou privés d’ailleurs, sans se rémunérer, nous offrons de magnifiques et uniques cadeaux à nos élus. Nous leur apportons sur un plateau d’argent de la "plus value" à leur politique, et cela en toute impunité.
Alors pourquoi iraient-ils dépenser des budgets, alors que ces "passionnés d’artistes" sont prêts à le faire gratos ?
À travers ces initiatives, louables certes, nous autorisons les baisses de budgets culturels des collectivités territoriales et, par conséquent, la précarité des artistes et des techniciens qui font vivre notre chère culture.
Je m’interroge quant à ces initiatives… peut-être certains n’ont-ils plus besoin de salaire, les plus anciens peut-être, qui eux mêmes sont à l’origine de ces événements "entre soi".
N’oublions pas que la reconnaissance des Arts de la Rue, passe aussi par la défense des droits des professionnels qui la font vivre.
Valerie DANIEL, Cie. Progéniture
