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[rue] c'st étrange


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  • From: "Jacques LIVCHINE" ( via rue Mailing List) < >
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  • Subject: [rue] c'st étrange
  • Date: Thu, 22 Oct 2020 00:56:28 +0200
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C’est étrange, 

il y a eu  Furies, il y a eu un week -end à Chalon, 

rien entendu, rien vu, rien lu.   Garges les Gonesse, ah,  le festival des Furax.  

il  y a eu Mulhouse, 40 représentations. Scènes de rue. 18/19 octobre. 

j’ai appris par la bande que Generik est  venu pour rien avec ses champêtres et que Perrine les tondues ça a été annulé. 

C’était étrange Mulhouse,  

Il y avait des compteurs de gens aux entrées…  des flèches,  tu rentres par là, tu sors de l’autre côté, et du gel du gel 

je n’ai jamais su s’il y a eu des gens refusés, je crois bien que les vrais majors,  des belges ont fait le plein. 

Ce qui est à noter par rapport à l’efficacité du sanitaire, on nous prévient  pour les urbaindigènes, deux par banc sauf si on est de la même famille,   et très vite nous  voilà  tous de la même famille, tous les bancs sont pleins et les barrières Vauban qui sont là pour ne pas dépasser la jauge  sont prises d’assaut, et voilà… on voulait éviter le cluster …

Donc Mulhouse, l’étrangeté, c’est que l’on ne peut pas savoir s’il y a un festival, quelques rues sont bloquées, mais tout a l’air normal comme s’il ne se passait rien, sauf qu’il y a eu  40 représentations et Carabosse.

J’aurais bien voulu savoir  si la pandémie faisait peur  ou non.  Je ne sais pas, au moins percevoir une tendance. 

Le premier jour là où je suis allé, c’était plein,   un public de famille  très discipliné.  Je lave mes mains etc 

Urbaindigènes, Margo Chou,  plein.  Quand je dis plein c’est pas du 2000, non 400  personnes pour les urbains, 50 Margo

J ‘avoue que le lendemain matin au réveil, je me suis senti ragaillardi,  comme si j’avais pris une vitamine pour neurones. 

Car parfois je doute : à  quoi ça sert tout ça ?  Les gens ont- ils besoin de théâtre   ? 

et là j’ai eu un rayon de soleil  d’optimisme. Le théâtre rajoute à la vie,  il stimule le corps tout entier, les gens sont venus. 

Bien- sûr ce n’était pas Aurillac.

L’avantage c’est que l’on voit bien, on entend bien, 

C’était pas le festival où tu bois des  bières et du champagne avec tes collègues, où les rencontres comptent autant  que les spectacles. 

Même pas croisé le Fred Rémy, le pauvre  devait être  sous la pression de la mairie,  de la préfecture, des gendarmes, 

et puis ceux qui ont le pouvoir de dire : c’était bien,  je te programme l’an prochain,  z’étaient -ils là ?   Les fameux programmateurs  ? ou plus prosaïquement les professionnels.  

Je n’en sais rien. Pas vu. 

S’ils ne viennent pas voir ce qui se passe, que va t-il se passer ?   Ils vont choisir sur teasers ?  

je me suis dit :  si les Urbaindigènes ne tournent pas avec leur Chantier, un dispositif magnifique, vaut mieux définitivement  arrêter le théâtre de rue dans son entier. 


J’avais vu Miniatures il y a deux  ou trois ans à Nantes, une création Royal de Luxe. Jean Luc Courcoult était tendu,  aucun  professionnel  sauf un hollandais, le résultat :   ça a quasiment pas tourné.  

Le théâtre de rue ne doit pas devenir une accumulation  de théâtre à deux ou trois comédiens.  On a besoin de XXL aussi , de  grosses cylindrées,  des troupes de 15 comédiens ou plus.   

On a l’impression que lorsque  tu diriges un festival tu veux  présenter à la ville et au public un menu ultra  copieux, parce que ça fait bien. Mais la rue c’est aussi le grandiose, les épopées, l’épique, et c’est vrai que ça grève un budget. 
Je ne veux pas faire encore le donneur de leçons, j’imagine que cela devient de pire en pire la direction d’un événement. 

 
Le théâtre 2021  ? 

Pour l'instant j’ai l’image d’un énorme cimetière, ce sont les créations qui naissent et meurent aussitôt faute de preneur. 

Chez nous, à l’Unité, les résidences  de création s’enchainent. Je ne pose jamais la question,  vous allez jouer quelque part ? 

Une certitude  : Mulhouse en est la preuve, on peut jouer.   

Mais pas déambuler, ne pas être non plus  des milliers dans les rues. 

On entre pour quelques années dans une nouvelle ère.  

Adieu les grands pèlerinages d’été,  adieu la  rue des teinturiers et la rue des Carmes, adieu les atmosphères  festives. 

La faute à qui ?   

Je discute avec un type de 87 ans,  plus en forme que moi,  un ancien maçon, plein de bon sens, il m’explique  :   on a trop tiré  sur la corde, on a abusé, on en voulait toujours  plus et plus,   alors la nature s’est rebellée. Elle est en train de nous envoyer un signal évident, il faut apprendre à vivre autrement.

  
Je retiens ma place au sommet de cette angélique échelle de bon sens.   Arthur Rimbaud 


 




















 










  • [rue] c'st étrange, Jacques LIVCHINE, 22/10/2020

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