"Bonjour,  

Je suis May Bouhada, adjointe à la culture Fontenay-sous-bois et membre du bureau de la Fncc, et je souhaite témoigner de ma solidarité envers les occupants et les occupantes de l'Odéon,  et notre préoccupation croissante en tant qu’ élu.es pour la situation des acteurs et actrices  de la culture, mais aussi pour tous les intermittents de l'emploi.  Les occupant de l’Odéon alertent à juste titre sur les impossibles renouvellement d’heures des intermittent.es dans une situation où ils sont empêchés de travailler. 

Nous comprenons leur demande de prolongation de l’année blanche. Ils alertent sur la situation de précarité croissante dans laquelle ils se trouvent, et où se trouvent également les travailleurs précaires , les sans-papiers, les étudiants.es empêchés de travailler.  Plus de 100 jours de fermeture des établissements culturels Plus de 100 jours de couvre-feu incompréhensible. Un an d’ Etat d urgence sanitaire dans une absence de concertation avec les élu.es qui est plus qu’ inquiétante au niveau politique et démocratique. Cela se situe à tous les niveaux, et les collectivités alertent régulièrement sur le manque de concertation ; pour la  culture mais aussi pour l’éducation, la santé etc...  L’inquiétude est grandissante au vu du degrés d’anxiété atteints dans le pays, la précarité, voire la bascule dans la pauvreté qui est palpable, et nous nous inquiétons pour de nombreux travailleurs de la culture et de travailleurs précaires. Tout cela nous interpelle très fortement. Pour les villes qui ont mis en place des protocoles sanitaires depuis l’été, l’interdiction de réouverture des lieux culturels est souvent incompréhensible.  Si une partie du monde de la culture a pu être indemnisé, ne soyons pas dupes... Ce sont les lieux conventionnés, les compagnies labellisées, repérées qui reçoivent les aides. Et même en ce cas, plus d’un an de crise constitue un danger croissant.  Or le paysage culturel de notre pays est bien plus foisonnant et plus riche:  de très nombreux  artistes et acteurs indépendants, technicien.nes et précaires qui échappent aux dispositifs d’aides. Derrière eux, ce sont des humains et des familles qui sont en danger. Il en va de même pour les lieux et les villes. Le mépris affiché vers les milieux de la culture au moment où on a accès aux centres commerciaux , où on autorise les soldes et la consommation a été largement vécu comme un camouflet. Nous, collectivités souhaiterions ouvrir selon des protocoles sanitaire mais nous n’en avons pas le droit. Et je peux témoigner qu'un grand désarroi a été relayé dans nos réunions de la Fncc venant de tous bords politiques : pourquoi ouvrir les médiathèques et pas les musées ? Pourquoi la pratique artistique n’est-elle possible que pour les mineurs? Nous sommes désarmés devant l’absurdité parfois presque risible des décrets qui se succèdent.  Nous sommes prudents et responsables et nous travaillons à être responsables avec les services au quotidien.  Nous sommes sidérés et en colère de ne pas être associés aux décisions avec le Ministère, et nous sommes en mesure de gérer nous aussi cette crise sanitaire.   De nombreux élus au sein de la Fncc dont je fais partie ont appelé à plusieurs reprises à un dialogue avec le ministère de la culture. Nous n’avons pas encore été reçus.  Les collectivités se sont organisées et équipées depuis le mois de juin dernier pour accueillir les spectacles. Fontenay-sous-bois a tenu à honorer les contrats au maximum la saison dernière et cette saison, et nous avons maintenu les subventions vers les.compagnies   ainsi que les appels à projets, mais il faut savoir que  les théâtre de ville  n’ont reçu aucun aide de l’Etat, et  ne font pas partie pour l’instant du plan de relance comme les scènes labellisées ou les théâtres privés. Rappelons ici qu’un budget de ville doit être à l’équilibre en fin d’année et que nous avons été privés de recettes depuis un an. Les collectivités représentent 70 pour cent de l’aide à l'offre culturelle en France.  Nous demandons à être reçus par le Premier ministre pour gage de notre compétence et de notre connaissance du terrain et du terreau extraordinaire que constitue les acteurs et actrices de la culture.  Enfin nous alertons de façon vive : Sur la situation des étudiantes. Sur la précarité induite par des calculs des droits pour l’accès aux congés-maladie et aux congés-maternité qui sont indignes de notre pays.  Je prendrai également le soin de souligner le danger de mener une réforme de l’assurance chômage dans les conditions de crise extrêmes que nous traversons . Nous alertons sur une vision du monde qui ne prendrait pas en considération la culture comme un droit essentiel.  Enfin, j’alerte sur le retour à l’ordre moral induit par les couvre-feux, et ce dispositif d' enfermement nocturne qui correspond à une vision du monde archaïque.  Un cauchemar éveillé : c’est ce que nous vivons toutes et tous depuis un an .  C’est également une alerte quant à la gestion des grandes crises dans nos démocraties. La France doit continuer à chérir et préserver ses espaces de démocratie de sens et d’échange, en responsabilité et sans infantiliser ses citoyens et ses citoyennes  Merci aux occupants et aux occupantes de l’Odéon de nous tenir en éveil ! "