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Re: [rue] Révolution permanente


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  • From: Xavier Montserrat < >
  • To: francoismary < >,
  • Subject: Re: [rue] Révolution permanente
  • Date: Tue, 27 Apr 2021 13:33:09 +0200 (CEST)
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Merci beaucoup François et tous ceux qui font que tout ça existe.

Je souhaite rajouter à ces chroniques, un article apparu au journal catalan "La Directa", publié à Barcelone et lu par beaucoup de monde dans les Pays Catalans. Je vous en fais la traduction.

Ce qui me paraît intéressant dans cet article c'est d'un côté, la pédagogie de l'auteur pour expliquer en quelques lignes ce qui se passe en France et que, pour le faire, prenne comme référence l'occupation d'un lieu culturel dans un village de province -Alenya, dans les PO-, plutôt que de parler des grandes villes comme l'on fait toujours. Soyez indulgents et mettez-vous à la place d'un étranger non vivant en France.

Bonne lecture

Xavier Montserrat

Traduction de l'article en catalan écrit par PABLO BONAT et publié dans le journal LA DIRECTA – Journalisme coopératif pour la transformation sociale

https://directa.cat/treballadores-de-la-cultura-aturades-i-precaries-ocupen-un-equipament-al-centre-dalenya/

Des travailleurs de la culture, chômeurs et précaires occupent un établissement dans le centre d'Alenya

Le 4 mars, une manifestation pour réclamer la réouverture des espaces culturels a envahi les rues de la ville de Paris. Au final, des membres du syndicat CGT Spectacle avec le soutien du Syndicat des cirques et compagnies de création et de la Société des réalisateurs de films ont occupé le théâtre Odéon dans le quartier de la Sorbonne à Paris. Le choix n'était pas accidentel. Le théâtre avait déjà été occupé en mai 1968 ainsi qu'en 1996 et 2016 par le même syndicat. L'action dans l'Odéon a conduit un mouvement qui s'est progressivement répandu dans tout l'État français et compte désormais 89 emplois actifs.

La vague d'occupations s'est rapidement étendue en Catalogne Nord, où le mouvement des intermittents du spectacle, qui rassemble les travailleurs culturels, l'APEIS (Association pour l'emploi, l'information et la solidarité des chômeurs et travailleurs précaires) et la CGT Spectacle, fait des occupations itinérantes de divers espaces culturels tels que le Théâtre de l'Archipel et le Palais des Congrès, à Perpignan, ou El Paseo, à Peyrestortes, tous les mercredis et vendredis de mars. Le dernier lieu choisi a été l'Espace Écoiffier, vaste établissement culturel du centre d'Alenya, créé dans les magnifiques bâtiments qui abritaient l’une des plus importantes caves viticoles de la ville au début du XXe siècle. Profitant d’une certaine complicité du conseil municipal, les militants ont décidé d’occuper l’espace en permanence.

La convergence entre travailleurs de la culture, syndicalistes et chômeurs et précaires veut échapper à la revendication culturelle de manière isolée et le faire au même niveau que les autres revendications sociales dans ce contexte de crise multiple. « Nous sommes tous précaires », déclare Pascal Schmitt, membre de la CGT Spectacle. Ainsi, les principales revendications sont le retrait de la réforme du chômage, la prolongation de l'année blanche pour les intermittents et que cela implique également l'ensemble des chômeurs et la réouverture convenue avec l’ensemble des acteurs impliqués des espaces culturels.

Il faut préciser que dans l’État français, les travailleurs culturels (appelés intermittents du spectacle) ont un régime de cotisation spécifique qui leur permet de percevoir une allocation annuelle s'ils cumulent 507 heures de travail effectif rémunéré et cotisé au cours d’une année. Ce régime spécifique atténue la précarité de l’emploi dans le secteur. La crise du COVID-19 a particulièrement affecté ce secteur, car après du confinement en mars 2020, les espaces culturels ont été fermés le 30 octobre 2020 et n’ont pas encore rouvert. Une situation qui a montré l'importance de ce système, car de nombreux intermittents ont pu survivre grâce à ce paiement annuel et au fait qu’en raison de la pandémie, le gouvernement a déclaré l'année en cours « année blanche ». La mesure, qui expire le 31 août 2021, consiste à prolonger le versement de la dernière année complète de cotisations. « Après l'année blanche, vient l'année noire », affirment les activistes.

Un combat commun

La ligne défendue par les activistes est celle d’une lutte commune des travailleurs de la culture avec les chômeurs et les précaires. Pierre Abdelhadi de l'APEIS explique que « le gouvernement doit abandonner cette réforme du chômage qui rendra la population encore plus précaire ». Abdelhadi déplore que « si avant il fallait d’abord travailler quatre mois sur un total de vingt-huit pour pouvoir percevoir les allocations de chômage, la nouvelle réforme obligera à travailler six mois sur un total de vingt-quatre. Nous devrons travailler plus dur en moins de temps et les salaires baisseront ». Et c’est que, en plus, la réforme prévoit que si les six mois de travail ont été de façon discontinue les allocations peuvent arriver à être bien inférieures que si le travail est continu.

Si Abdelhadi affirme que la tâche de l'APEIS est de « rendre visibles les invisibles », Schmitt ajoute que « le métier des intermittents du spectacle est de se rendre visibles ». Avec cette idée complémentaire, ils ont pensé à l'occupation permanente, en essayant de créer un espace de rencontre où ils pourraient affronter une sortie commune de la crise multiple et où ils pourraient lutter contre la précarité, pas seulement celle des artistes. Ainsi, depuis le 26 mars, les activistes ont mis en place un système de permanences de jour et de nuit pour maintenir l'occupation.

Occuper en période de confinement et de couvre-feu

Il y a trois semaines, l'État français a mis en place des nouvelles mesures contre la pandémie, limitant les déplacements à dix kilomètres maximum de la maison, fermant les écoles, collèges et lycées, ainsi que les entreprises dites non essentielles. Il a également imposé un couvre-feu à partir de 19 heures. Face à cela, des espaces ont été aménagés à l'Espace Écoiffier afin que les personnes qui souhaitent participer à l’occupation puissent y travailler en télétravail. Une manifestation permanente a également été déclarée dans la préfecture de Perpignan sur tout le site, c’est pourquoi il y a une dérogation de l'interdiction d’aller au-delà de dix kilomètres de chez soi. Et de la même manière, quiconque entre dans le bâtiment est prié de signer un document attestant qu’il y est en tant que participant à l’occupation afin de ne pas être considéré comme un visitant ou du public.

Près de 270 personnes ont participé aux activités de l’occupation, dormant, répétant, tenant des réunions ou simplement apportant à manger et des produits de première nécessité. Des produits qui servent la même action, mais qui, vu le succès de la collecte, commenceront à être distribués aux associations de solidarité de la région. Parallèlement, des actions de sensibilisation ont été proposées pour faire connaître l'occupation et les revendications soulevées. Cette semaine, ils ont prévu une action-performance le vendredi 23 avril à 14 h sur la Place de la République de Perpignan. Le lendemain à 14 heures, il y aura une discussion intitulée « La réforme de l’assurance chômage, c’est toujours non! » dans un appel unitaire du collectif de l’occupation, les Chômeurs Rebelles de la CGT, de l'APEIS, du Mouvement Intermittents 66 et des syndicats CGT 66, Solidaires 66 et FSU 66. Un membre de Pôle Emploi et syndicaliste au SNU-FSU, un administrateur de la CAF et le responsable régional de la section chômeurs de la CGT prendront la parole. Schmitt et Abdelhadi insistent: « Le chômage touche absolument tout le monde. Trop souvent, la tâche des syndicats et des travailleurs se résume à ce que personne ne reste au chômage et il semble donc que nous ne soyons pas conscients qu’un jour ou l’autre nous pourrons tous y être jetés. »

Le soir tombe et les préparatifs de l'intendance nocturne commencent. Une voisine passe devant l'Espace Écoiffier et s'arrête pour discuter avec les occupants et leur montrer son soutien, se disant convaincue que les espaces culturels vont bientôt rouvrir. « Nous ne sommes pas là uniquement pour ça », répondent-ils, « ce que nous voulons, c’est que nous puissions tous travailler en conditions. »

Traduction : Xavier Montserrat


envoyé : 26 avril 2021 à 23:24
de : francoismary < >
à :
objet : [rue] Révolution permanente


Dans le sillage du mouvement national contre la réforme de l'assurance chômage Odéon OQP, et alors que sont rassemblés ces jours-ci au TNP de Villeurbanne des occupants venus de 60 lieux en France, il est intéressant de constater la convergence avec les intermittents dans les campagnes, comme à Périgueux en Dordogne, à Saint-Seuré dans le Lot, à Millau en Aveyron ou encore à Auch dans le Gers.
Autour des artistes, techniciens, compagnies, lieux associatifs, militants culturels se rassemblent enseignants, hospitaliers, paysans, syndicalistes, gilets jaunes, étudiants, précaires, écologistes, communistes, anarchistes...

Un beau et long reportage dans le Gers, chronique d'occupation. Blog Mediapart : 

https://blogs.mediapart.fr/yves-faucoup/blog/220421/fete-et-lutte-permanentes-d-artistes-intermittents?utm_source=facebook&utm_medium=social&utm_campaign=Sharing&xtor=CS3-66

Et aussi Télérama, Sud-Ouest, Reporterre :

... une fois rouverts, les théâtres deviendront de toutes autres caisses de résonnance. » : 
https://www.telerama.fr/debats-reportages/occupation-des-theatres-les-directeurs-pris-entre-le-marteau-et-lenclume-6866171.php

Des milliers de manifestants :
 https://www.sudouest.fr/economie/social/des-milliers-de-manifestants-menes-par-les-intermittents-contre-la-reforme-de-l-assurance-chomage-2255400.php

A Paris dans la rue :
https://reporterre.net/A-Paris-dans-la-rue-pour-les-plus-precaires-et-contre-une-reforme-assassine

A suivre,
François


 


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