nous avons découvert nos espaces de jeux, parqués, chacun.e de son coté.

Des équipes d’accueil au bout du rouleau et au bord des larmes.

L'enjeu principal pour nous était de jouer, JOUER AVANT TOUT.

Et que les discours accusateurs, qui remettent en question ce choix prennent un temps de réflexion. 

N'oubliez pas que ce qui nous réunit est l'envie brûlant de jouer, on joue même mal ou pas payé, on joue même pour boucler une intermittence ric-rac, on joue quitte à payer nos propres cachets à la fin de l'année, on joue même si on dort en dortoirs, même si on vole nos clubs sandwich sur une aire d'autoroute.

Je ne fais pas partie des "ancien.nes des arts de la rue", je n'ai pas connue le "bon temps" duquel j’entends, j’admire et je me nourris des spectacles, des discours.

Je suis née en 1986, avec Aurillac et Tchernobyl, j'aimerai à ne pas avoir à me justifier à chaque réception de mail de la liste rue des "grandes gueules" qui intimident.

Je ne crois pas me tromper quand je dis qu'on a pas choisi ce métier, même les plus jeunes, même celles et ceux co-produits par les CNAREP, on ne la pas choisit pour se vautrer dans le luxe et se conforter dans l’opulence.

NON, nous n'avons pas oublié l'engagement que cela signifie, nous sommes là, fort.es et conscient.es.

OUI, on préfère jouer gratos, entouré de barrières, dormir au camping, se chercher dans la nuit, chercher les lieux où on parle et où on se réunit.

OUI on se voit les un.es les autres devant nos spectacles, on se sourit et qu'on aime ou pas on se dit "bravo pour le travail". 

La débrouille, la vie en collectif au travail comme à la maison, les heures de routes pour être payé 100 balles, les anniversaires des enfants au téléphone, OUI on connait, les conditions actuelles ne nous arrêteront pas !

A Chalon, on avait des clefs de 19 dans la poche pour déboulonner les barrières, on se faisait tourner les boites en carton pleines de bracelets noirs à distribuer à la sauvette, on avait les larmes aux yeux à la fin des spectacles parce qu'on savait pour quoi et pour qui on venait de jouer.

Mais on a aussi très vite compris qui n'était pas l'ennemi, les régisseurs de site ne l'étaient pas et on ne pouvait pas contre eux renverser toutes les barrières, les organisateurs ne l'étaient pas, les autres compagnies ne l'étaient pas, les gens vaccinés avec leurs passes ne l'étaient pas etc ..

On a bien vu dans les jauges des spectacles qu'on était autant de "collègues" que de spectateurs, on a tenté d'écouler nos bracelets pirates, mais on en avait plus que de spectateurs, les punk nous riaient au nez, ils avaient déjà trouvé les failles.

Chalon c'était un cocktail du monde de maintenant, on ouvre les yeux ensemble ? Inondation, passe sanitaire, sécurité abusive, tempête.. un aperçu micro de ce qui nous entoure alors on s'y frotte ?

Et Aurillac ? et la lettre de St Amand, elle est où ?

A Aurillac, il n'y aura pas d'enjeu de programmateur, de pastille, de nom de compagnie, d'horaire, ni de spectateur. ALORS ? On en profite ?

Des marches s'organisent, à Paris, dans le Jura etc. et c'est bon de sentir ces mouvements.

Aurillac est un véritable rendez-vous, on sait déjà faire. Quand on y va, on fait tout seul, nos dodos, notre bouffe, allons-y, retrouvons-nous et parlons-en.

Les festivals qui tiennent debout comme AX, le chant des muses, Libourne etc... qui ont lieu en ce moment sont là et BRAVO et il sont là pour qu'on joue.

Aurillac servons en nous pour aller explorer d'autres choses. Parlons-nous !

Sortons de derrière nos écrans !

Arrêtons de vouloir être sérieux, bien habillés, proprets pour être passe-partout, les rues d'Aurillac seront vides, habitons-les.

Non on ne sera pas tous d'accord, pas tous pareil, mais c'est ça qui est bon non ?