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[rue] La Cabale Libre du Théâtre de Rue


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  • Subject: [rue] La Cabale Libre du Théâtre de Rue
  • Date: Tue, 5 Oct 2021 11:56:10 +0200
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La Cabale Libre du Théâtre de Rue est heureuse de vous communiquer ses réflexions quant aux valeurs d'Aurillac. 

Nous sommes une phalange indéfinie de grandes-gueules pugnaces et libres, et nous ne représentons que nous-mêmes, nos pairs, nos fictions communes et nos rêves partagés dans le but assumé de foutre un peu le bordel, et de lever les temps d'art.


En cette journée d'importance, nous songeons avec respect et malice à nos Illustres:

Michel Crespin et Jean-Gorges Tartare, qui représentent à eux seuls toute la combativité politique et la littérature poétique qui ont forgé le mythe Aurillac.


Nous en profitons pour faire un bras d'honneur à tous les pisse-froid, les mous, les consensuels et les taiseux pour séduire qui, de fédérations en institutions, manquent de l'une comme de l'autre.


Introduction


Les amoureux du festival le savent, leur festival a de tout temps été nommé par les habitants d’Aurillac: le Théâtre de rue. 

Trente-six ans ont passé, et ni le choix de l'appellation Éclat, ni l'adoption du terme "Arts de la rue" n'y ont rien changé. 

Le festival est tout naturellement resté: Le Théâtre de rue.

Cette homonymie entre le festival et notre mouvement n'est pas anodine, elle est le fruit de leur gémellité. 

Aurillac et le Théâtre de rue sont intimement liés dans leur chair. 

Se poser la question des valeurs du festival, c'est donc se poser la question des valeurs du Théâtre de rue.

Voici des pistes qui nous semblent apporter des éléments de réponse:


Le Théâtre de rue a lieu sans sélection, sans peur ni contrôle


Les spectateurs se déplacent librement dans la ville, sans barrière, sans fouille, sans postes de contrôle. 

Le Théâtre de rue se découvre en vagabondant, de surprise en surprise, il est une invitation à la promenade à pieds, à la découverte des quartiers, des squares, des cours, des places, de tous les détours et de toutes les niches au creux de la ville. 

Le Théâtre de rue libère la ville de la prédominance de la voiture, il est un événement piéton par essence, un élan de la circulation, du flux libre et encouragé, il aère par une exceptionnelle liberté de circulation toutes les artères de la ville.


À l'opposé du contrôle, il est acte de confiance.

Le Théâtre de rue est un acte de paix, de responsabilité collective, il encourage la cohésion sociale, il repose sur la bienveillance de chacun. 

Il a lieu dans un moment de trêve, de tolérance et de liberté.

Le Théâtre de rue fait humanité.


Le Théâtre de rue est une ouverture à la mixité, au mélange, au métissage.

Chacun, quelle que soit son histoire, sa culture, quels que soient ses croyances ou son milieu social, y est le bienvenu. 

Quand tant de pratiques culturelles s'adressent à des segments de population, le Théâtre de rue a vocation à s'adresser à tous, à accueillir chacun dans sa diversité. À l'opposé de la sélection, il est un acte d'inclusion. 

Il en va bien sûr pour le public comme pour les artistes, le Théâtre de rue inclut toutes les formes, tous ceux qui le désirent, il est l'ouverture à toutes les compagnies sans distinction ni sélection. 

Le Théâtre de rue fait égalité.



Le Théâtre de rue est du côté de la joie et du désordre


Élan libertaire, expérience sociale, ce mouvement promeut la différence, le pas de côté, et s'oppose à tous les conformismes. 

Il puise dans l'alternative, dans la singularité des artistes sa force créatrice et régénératrice. Il se réinvente perpétuellement et fuit les enfermements, les habitudes et les convenances.

Certains ont pour vocation de forger la sécurité par l'ordre, le Théâtre de rue a pour vocation de faire fleurir la beauté par le désordre. 

Le spectateur vient y trouver tout ce qui le bousculera, le surprendra, l'estomaquera, et le Théâtre de rue s'ingéniera à toujours échapper à la définition et à la maîtrise.

Telle la fête des fous, il lève le drapeau populaire avec fierté, et provoque l'ordre établi, il est impertinent, et l'acceptation de son impertinence est le meilleur marqueur de la bonne santé de la société. 

Il est fait de liesse, de plaisir, il est une ode à la joie collective, un rituel commun pour fêter la vie, sa beauté et sa puissance. C'est un moment à part où les excès sont permis, où l'on mange, on boit, on danse, on rit, où l'on célèbre la vie. 

Le Théâtre de rue est bravache, et festif.


Le Théâtre de rue est fait de fictions qui font histoire


Seul événement du monde qui permette à des compagnies de revenir librement jouer le même spectacle année après année, il a créé de ce fait une exception qui n'appartient qu'à lui, et à lui seul, et qui le constitue.

Dans la France comme le Monde entier, il n'existe nul par ailleurs un endroit qui garanti ainsi concrètement l'inscription de pièces dans le temps. 

Les spectateurs connaissent ces histoires, et sont attachés à celles qui restent, car couvrant plusieurs générations elles se transmettent et constituent le socle de leur fiction commune. Par delà sa capacité à promouvoir la création contemporaine, le Théâtre de rue a pour singularité de maintenir un répertoire en vie, il est ainsi l'unique festival à ce point intimement lié à celui-ci. 

Le Théâtre de rue n'a jamais été, à l'instar d'autres grands événements, un festival de la création. 

C'est le festival des Arts de la rue, celui dans lequel on retrouve, tant qu'elles survivent à elles même, toutes les formes de tous les temps.

Le Théâtre de rue est un fictionnaire.


Le Théâtre de rue est à l'échelle de la ville


Il facilite la ville, crée du lien entre les habitants, les commerçants, les institutions et les artistes. 

Il permet à tous de profiter de la présence de tous et fait converger les intérêts dans sa manifestation.

Lors du Théâtre de rue, la ville entière est transformée, et les artistes sont transformés par elle, car elle devient une fête, et non une foire. Le Théâtre de rue se situe au-delà des spectacles, il est la relation entre ceux-ci et la ville.

Il met en pratique les valeurs communes de tolérance, de sensibilité, de surprise et de créativité, il met en accord le fond et la forme.


Le Théâtre de rue est notre Pélerinnage


Historiquement, c'est le Théâtre de rue qui est allé vers les compagnies pour se délester d'une partie de la programmation, et leur proposer d'organiser des collectifs. Ainsi, il encourageait, à l'opposé de l'atomisation artistique, l'esprit de compagnie.

Celles-ci affirment, là où il n'a ni la ressource ni la légitimité, des singularité d'esthétiques, des complicité artistique, des aventures humaines.

Au delà de ces collectifs indispensables, le Théâtre de rue est également la plus grande réunion professionnelle à ciel ouvert de la profession. 

Il réunit et opère avec les institutions pour faire de son rendez-vous le rendes-vous de tous et pour tous.


Conclusion


La Cabale Libre du Théâtre de Rue se battra toujours pour que ces principes fondateurs soient défendus. 

Nous ne craignons rien de plus qu'un consensus mou, un principe de réalité, une médiation bienveillante, un rationalisme acceptable. 

En 1986, il était inimaginable d'organiser le festival tel qu'il le serait 30 ans plus tard. 

Il l'est pourtant devenu, à force de courage et de rêves.

Nos besoins d'air n'ont pas décrus.

En 2021, n'ayons pas peur, à notre tour, d'imaginer un futur inimaginable.







  • [rue] La Cabale Libre du Théâtre de Rue, Chtou Gildas puget, 05/10/2021

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