Je me présente à la présidence de la Fédé.

Pour la changer de fond en comble.

J'ai décidé, et vous constaterez que je suis le seul à le faire, de vous expliquer mes intentions pour les années à venir. 

Unique, n'est-ce pas?

Cet organisme qui vous défend, pour lequel vous cotisez avec solidarité, votre seul bastion représentatif, vous ne savez pas qui en brigue la direction, mardi prochain.

Vous ne savez pas plus dans quelle direction la fédération pourrait aller.

Les présidents se succèdent, et vous ne savez jamais quel est leur objectif, quelle est leur vision. 

Ne vous demandez pas pourquoi: c'est tout simplement qu'ils n'en ont pas.

L'investiture d'un président de la fédé consiste à reprendre les chantiers en cours, et à les perpétuer. On invente peu. On parle beaucoup. On fait ce qu'on peut, et puis c'est tout.

Avec moi, ça va changer.

Je m'appelle Philippe Pouchtou.

Et je vais vous donner ma vision précise de ce que la fédé devrait revendiquer.

UNE FÉDÉRATION ITINÉRANTE

Quand la fédé était à Marseille, on disait que c'était un problème parce que tout se passait à Paris, et maintenant qu'elle est à Paris, le problème, c'est que tout se passe à Paris. 

Comme la tenue de la fédé demande de nombreuses réunions, seuls les Parisiens y vont, ou presque. D'ailleurs, depuis que la fédé est à Paris, il n'y a eu que des présidents parisiens.

C'est représentatif des Arts de la rue, ça? Non. 

Les Arts de la rue sont avant tout dans les régions. Je ne vois pas pourquoi, comme depuis des années, non seulement le président ou la présidente mais le bureau sont presque totalement parisiens.

D'ailleurs les coordinatrices se font chier, toute l'année dans leur petit bureau vétuste chaperonnées par la même équipe de Parisiens depuis des lustres.

Assumons d'être qui nous sommes. Quittons Paris.

Je propose que la fédé achète un camping-car.

Les coordinatrices feront le tour de France toute l'année.

Elles participeront aux CA des fédérations de toute la France, et auront ainsi une réelle connaissance du terrain. Nous les logerons chez nous, pour de vrai, et on leur cuisinera des petits plats et on passera de bonnes soirées, ou bien elles iront dormir en camion dans la nature, chez nous en province, là où c'est beau.

Elles se rendront également tour à tour une semaine par mois dans chacun des 14 Cnarep de France, qui leur mettront l'un de leurs logements et des bureaux  à disposition, et leur donneront des moyens logistiques.

En adoptant notre mode de vie, en rencontrant physiquement et humainement notre mouvement, nos coordinatrices seront plus efficaces.

Et plus heureuses.

Or notre profession, notre mode de vie, notre rapport au travail c'est cela: être efficaces, être bons, mais surtout, être heureux.

UNE FÉDÉRATION DÉMOCRATIQUE

Tout le monde le sait, il n'y a rien de pire dans une association que quelqu'un d'indispensable.

Je suis pour inscrire dans les statuts le non-renouvellement du mandat.

3 ans maximum consécutifs dans le conseil d'administration (bureau compris bien sûr), et puis une pause de trois ans avant de pouvoir revenir.

Cela évite ces gens indispensables à qui l'on doit tant parce que c'est énorme ce qu'ils ont fait. 

Si on doit perdre des chantiers super importants au passage, parce qu'ils sont les seuls à pouvoir les mener, et bien, perdons-les.

C'est ça, la démocratie.

La troisième année, tu prépares ton successeur, et voilà.

UNE FÉDÉRATION FÉDÉRATRICE

On arrête les acronymes. Les Fonfeps les Coreps les Syndésaints et toutes ces conneries, ça ne sert à rien, c'est pas nous, tout le monde s'en fout. 

Regardez le chantier représentativité, cela fait des années que la fédé perd toute son énergie avec ça, c'est des milliers d'heures de travail perdues pour toujours rien. 

Une fédé ça fédère.

La fédé ça devrait être l'esprit des Belles Sauvages.

Concentrons-nous sur l'entraide, la solidarité, le transgénérationnel, la réinvention, la porosité artistique.

Ne nous fédérons pas pour devenir un syndicat chiant.

Fédérons-nous sur ce qui nous rassemble, fédérons-nous sur ce qui nous ressemble.

UNE FÉDÉRATION QUI A DE LA GUEULE

Arrêtons avec ces conneries de parité.

Tout le monde flippe parce que dans d'autres sphères c'est vraiment la merde, et je suis super d'accord avec ça, mais chez nous, c'est acquis.

Et quand je te dis chez nous, je ne te parle pas de notre plus haut niveau de fonction (sic), les cnarep, et c'est pas la bérézina non plus, je te parle des compagnies, de comment cela se passe dans les compagnies.

Donc on s'en tape d'avoir une présidente, un président, ou l'inverse, franchement, c'est idiot, ça ne change rien, d'ailleurs on a eu plein de présidentes enfin bon, stop, ce qui compte c'est d'avoir quelqu'un qui a un souffle, pas un genre.

Arrêtons avec la co-présidence.

On en est à quatre co-présidents, les pauvres, je ne sais même pas comment ils ont fait. Écrire un texte à quatre tu vois le bordel... D'ailleurs nous ont-ils écrit?

On était bien avec des présidents ou des présidentes, une personne, c'est un référent, c'est plus clair, cela nous porte plus.

Regarde, on n'a jamais eu de tyran, calmons-nous, il n'y a pas de petit macron chez nous. 

Le président, il travaille toujours avec une équipe, dans la fédé, et sans elle il n'est rien. Ça a toujours été.

Un président ce n'est pas forcément un macron, un dictateur.

C'est surtout une équipe qui travaille avec un gars ou une fille qui donne envie, un porte-parole, une âme, un élan qui pendant trois ans nous emmène, et nous réunit.

L'égo n'est pas un ennemi en tout, c'est aussi un moteur.

Voilà pourquoi nous avons besoin de figures, de grandes personnes, d'artistes, et de panache.

Voilà pourquoi je vous propose de changer tout.

Venez, votez, envoyez vos procurations.

Parce que Mardi, c'est la révolution.