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Re: [rue] Renverser la table


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  • From: "\"Laurence C.\"" ( via rue Mailing List) < >
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  • Subject: Re: [rue] Renverser la table
  • Date: Mon, 28 Mar 2022 13:30:24 +0200
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Cher Chtou, si je trouve ton mail super revigorant il m'a fait sursauter à plein d'endroits. J'ai failli te répondre après le mail de Judith et celui de Maeva dans lesquels je me suis tant retrouvée et finalement c'est celui de mon collègue co-prez Stef qui me décide malgré le manque de temps pour écrire, relire et ma détestation des réponses à chaud.
Cette coprésidence que nous partageons à 4 en Nouvelle-Aquitaine avec Stephane Detrain, Sébastien Coppolino et Fanny Bérard est opérationnelle, efficace (enfin c'est l'impression que j'ai) et la quantité de travail serait impossible à gérer si on ne la partageait pas à 4. Pour tout te dire Chtou, c'est même trop, souvent au point de mettre notre petite structure en danger cette année, parce qu'on y a vraiment passé beaucoup beaucoup de temps et que nos collègues fédérés au CA et en dehors y ont mis beaucoup d'énergie aussi. Au niveau régional, on manque encore de temps pour se rencontrer, s'écouter, se connaître, adhérents ou pas, sur tout notre territoire et faire le lien avec les chantiers nationaux. Et puis je ne sais pas toi Chtou mais moi toute seule je renonce parfois, je me décourage.

Et puis je bosse avec Bernadette qui est une "vieille" de la Fédé et je vois le temps que la Fédé nationale lui prend encore alors qu'elle s'est retirée du bureau pour faire place aux jeunes, c'est encore énorme.  Je rends vraiment hommage à ceux qui s'y collent parce que c'est complexe et long. Ca demande bien plus de 3 ans pour apprendre à se connaître et à travailler ensemble, rentrer dans les dossiers, se faire une idée de l'endroit où on se sent individuellement et collectivement d'intervenir. Ca demande plein de rendez-vous ensemble avec les partenaires institutionnels pour qu'on se comprenne d'un coup d'oeil et que les uns complètent les autres et interviennent pile là où il faut pour enfoncer un clou. On a évidemment besoin de la transmission entre les vieux et les jeunes à la Fédé et dans le métier (d'ailleurs cette question de la transmission avec l'amélioration de l'articulation régional, national c'est le deuxième sujet qu'on devrait se coltiner je trouve).

Quant à la parité, c'est un enjeu crucial. Rien n'est acquis même dans notre fédé malheureusement. D'une part, il faut voir le boulot de recensement de la commission F/H : grâce à eux on est nombreux/nombreuses à avoir découvert l'ampleur du travail à faire encore et encore et s'il n'y avait pas David Capellazzo, qui coordonne cette commission F/H en NA, pour nous rappeler ces enjeux inlassablement au CA, ça passerait trop souvent encore derrière le reste (je cite le correspondant régional mais je sais bien qu'elles/ils sont nombreuses à faire un travail énorme sur ce sujet). D'autre part, je ne peux pas dire combien je suis heureuse que des femmes y soient allées, s'il n'y avait pas Bernadette pour me transmettre au quotidien et les autres femmes de la Fédé (je ne les cite pas pour ne pas en oublier) pour me montrer que cet engagement fédé était gérable avec le boulot, la vie de famille,  je ne me serais jamais autorisée à postuler à cette co-présidence et je suis certaine que de nombreuses femmes ne s'autorisent pas encore à parler en leur nom à la Fédé comme ailleurs. La légitimité et le complexe de l'imposteur on connaît encore trop chez les femmes.

Enfin, il me semble important de se souvenir que le collectif n'est pas une évidence pour tout le monde, il reste une belle marge de progression pour avoir plus d'adhérents à notre Fédé, donc plus de poids et plus de chantiers aussi. On a certainement des gens qui n'adhèrent pas parce que le boulot fait par la Fédé ne leur convient pas mais on en a aussi qui ne voient pas ou plus à quoi ça peut servir de jouer collectif et ça aujourd'hui on en crève partout, pas qu'à la Fédé malheureusement. Alors fédérons donc nos énergies pour y aller ensemble femmes et hommes, parisiens et provinciaux (je fais exprès !), petites et grandes gueules, cnarep et compagnies émergentes enfin allons-y c'est là qu'on aura de la force !

Je serai bien contente de parler de tout ça et de voter les rapports, les budgets et d'écouter les personnes qui ont bossé sur les chantiers plus ou moins ingrats et de vous parler d'OPP (dans le genre chantier pénible mais ultra nécessaire) et de boire des coups avec vous toutes et tous demain !

En attendant bises,

Laurence, Coprez heureuse et fatiguée de la fédé Grand'Rue en Nouvelle-Aquitaine  (qui d'après le président de Région, tout seul et tout en haut de la région est une région aussi grande que l'Autriche, c'est dire s'il y a du boulot et de la place pour tout le monde)

P.S. : je pleurerais même peut-être un coup demain en nous voyant réuni.e.s en vrai et même en visio parce que ça fait longtemps et c'est connu les filles ça pleure pour un rien vu qu'elles savent pas gérer leurs émotions ;-)

Le dim. 27 mars 2022 à 19:48, Chtou Gildas puget < "> > a écrit :

Je me présente à la présidence de la Fédé.

Pour la changer de fond en comble.


J'ai décidé, et vous constaterez que je suis le seul à le faire, de vous expliquer mes intentions pour les années à venir. 

Unique, n'est-ce pas?

Cet organisme qui vous défend, pour lequel vous cotisez avec solidarité, votre seul bastion représentatif, vous ne savez pas qui en brigue la direction, mardi prochain.

Vous ne savez pas plus dans quelle direction la fédération pourrait aller.

Les présidents se succèdent, et vous ne savez jamais quel est leur objectif, quelle est leur vision. 

Ne vous demandez pas pourquoi: c'est tout simplement qu'ils n'en ont pas.

L'investiture d'un président de la fédé consiste à reprendre les chantiers en cours, et à les perpétuer. On invente peu. On parle beaucoup. On fait ce qu'on peut, et puis c'est tout.

Avec moi, ça va changer.


Je m'appelle Philippe Pouchtou.

Et je vais vous donner ma vision précise de ce que la fédé devrait revendiquer.


UNE FÉDÉRATION ITINÉRANTE


Quand la fédé était à Marseille, on disait que c'était un problème parce que tout se passait à Paris, et maintenant qu'elle est à Paris, le problème, c'est que tout se passe à Paris. 

Comme la tenue de la fédé demande de nombreuses réunions, seuls les Parisiens y vont, ou presque. D'ailleurs, depuis que la fédé est à Paris, il n'y a eu que des présidents parisiens.

C'est représentatif des Arts de la rue, ça? Non. 

Les Arts de la rue sont avant tout dans les régions. Je ne vois pas pourquoi, comme depuis des années, non seulement le président ou la présidente mais le bureau sont presque totalement parisiens.

D'ailleurs les coordinatrices se font chier, toute l'année dans leur petit bureau vétuste chaperonnées par la même équipe de Parisiens depuis des lustres.

Assumons d'être qui nous sommes. Quittons Paris.


Je propose que la fédé achète un camping-car.

Les coordinatrices feront le tour de France toute l'année.

Elles participeront aux CA des fédérations de toute la France, et auront ainsi une réelle connaissance du terrain. Nous les logerons chez nous, pour de vrai, et on leur cuisinera des petits plats et on passera de bonnes soirées, ou bien elles iront dormir en camion dans la nature, chez nous en province, là où c'est beau.

Elles se rendront également tour à tour une semaine par mois dans chacun des 14 Cnarep de France, qui leur mettront l'un de leurs logements et des bureaux  à disposition, et leur donneront des moyens logistiques.

En adoptant notre mode de vie, en rencontrant physiquement et humainement notre mouvement, nos coordinatrices seront plus efficaces.

Et plus heureuses.

Or notre profession, notre mode de vie, notre rapport au travail c'est cela: être efficaces, être bons, mais surtout, être heureux.


UNE FÉDÉRATION DÉMOCRATIQUE


Tout le monde le sait, il n'y a rien de pire dans une association que quelqu'un d'indispensable.

Je suis pour inscrire dans les statuts le non-renouvellement du mandat.

3 ans maximum consécutifs dans le conseil d'administration (bureau compris bien sûr), et puis une pause de trois ans avant de pouvoir revenir.

Cela évite ces gens indispensables à qui l'on doit tant parce que c'est énorme ce qu'ils ont fait. 

Si on doit perdre des chantiers super importants au passage, parce qu'ils sont les seuls à pouvoir les mener, et bien, perdons-les.

C'est ça, la démocratie.

La troisième année, tu prépares ton successeur, et voilà.


UNE FÉDÉRATION FÉDÉRATRICE


On arrête les acronymes. Les Fonfeps les Coreps les Syndésaints et toutes ces conneries, ça ne sert à rien, c'est pas nous, tout le monde s'en fout. 

Regardez le chantier représentativité, cela fait des années que la fédé perd toute son énergie avec ça, c'est des milliers d'heures de travail perdues pour toujours rien. 

Une fédé ça fédère.

La fédé ça devrait être l'esprit des Belles Sauvages.

Concentrons-nous sur l'entraide, la solidarité, le transgénérationnel, la réinvention, la porosité artistique.

Ne nous fédérons pas pour devenir un syndicat chiant.

Fédérons-nous sur ce qui nous rassemble, fédérons-nous sur ce qui nous ressemble.


UNE FÉDÉRATION QUI A DE LA GUEULE


Arrêtons avec ces conneries de parité.

Tout le monde flippe parce que dans d'autres sphères c'est vraiment la merde, et je suis super d'accord avec ça, mais chez nous, c'est acquis.

Et quand je te dis chez nous, je ne te parle pas de notre plus haut niveau de fonction (sic), les cnarep, et c'est pas la bérézina non plus, je te parle des compagnies, de comment cela se passe dans les compagnies.

Donc on s'en tape d'avoir une présidente, un président, ou l'inverse, franchement, c'est idiot, ça ne change rien, d'ailleurs on a eu plein de présidentes enfin bon, stop, ce qui compte c'est d'avoir quelqu'un qui a un souffle, pas un genre.


Arrêtons avec la co-présidence.

On en est à quatre co-présidents, les pauvres, je ne sais même pas comment ils ont fait. Écrire un texte à quatre tu vois le bordel... D'ailleurs nous ont-ils écrit?

On était bien avec des présidents ou des présidentes, une personne, c'est un référent, c'est plus clair, cela nous porte plus.

Regarde, on n'a jamais eu de tyran, calmons-nous, il n'y a pas de petit macron chez nous. 

Le président, il travaille toujours avec une équipe, dans la fédé, et sans elle il n'est rien. Ça a toujours été.

Un président ce n'est pas forcément un macron, un dictateur.

C'est surtout une équipe qui travaille avec un gars ou une fille qui donne envie, un porte-parole, une âme, un élan qui pendant trois ans nous emmène, et nous réunit.

L'égo n'est pas un ennemi en tout, c'est aussi un moteur.

Voilà pourquoi nous avons besoin de figures, de grandes personnes, d'artistes, et de panache.


Voilà pourquoi je vous propose de changer tout.

Venez, votez, envoyez vos procurations.



Parce que Mardi, c'est la révolution.



















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