Objet: Lettre à ma famille et mes amis proches
Mes très Chers,
Je vous écris de l'autre côté du miroir, collectivement, parce que je ne suis plus là pour m'adresser personnellement à chacun de vous. Je plaisante sur l'endroit d'où j'écris, mais je suis réellement parti à "l'Orient éternel" (2).
Ne le prenez pas trop au sérieux. J'ai vécu tout le cycle de l'existence humaine de l'enfance à la vieillesse (3) et j'ai pu être utile aux autres. "On peut mieux faire", mais tout de même, j'ai pu être utile au moins un peu. Je n'ai donc pas à me plaindre.
Ce sera plus difficile pour mon épouse qui a perdu "sa moitié". Cela, il faut le prendre au pied de la lettre car nous, les humains, sommes réellement attachés les uns aux autres, et plus longtemps nous sommes ensemble, plus longtemps la plaie met à cicatriser. Par chance, je continue tout de même à vivre un peu dans mes enfants et leurs enfants, ce qui fait qu'à ma mort Danièle n'aura par perdu tout à fait "sa moitié". Mais si vous voulez l'aider, appelez-la ou écrivez-lui quelques mots. Vous savoir solidaires l'aidera. Vous pouvez lui écrire à mon adresse qui, elle, continue à fonctionner : " target="_blank"> ou bien " target="_blank">
Je vous ai quittés mais vous ne vous débarrasserez pas de moi aussi aisément que cela : mes pages web et autres écrits resteront encore disponibles pendant un certain temps (1).
Si vous croyez à la vie éternelle, alors "à bientôt". Je ne voudrais pas manquer de respect à vos convictions. Mais, quant aux miennes, il serait plus sûr de me chercher au cimetière.
« A bientôt », mais ne vous dépêchez pas trop. Je vous souhaite de vivre dans le bonheur le plus longtemps possible. La vie est un breuvage formidable qui mérite d'être Bu jusqu’au fond du verre (sauf si, cela arrive surtout vers la fin, cet alcool enivrant se transforme en poison).
Si un jour vous en doutez, cherchez sur les branches d'un arbre le plus proche un oiseau : chacune de ces petites boules de vie est un miracle qui, le plus souvent, a suffit de me sortir d'un coup de blues. Sinon, les Grecs anciens avaient un dicton dont j'ai vérifié l'efficacité: "Si tu es déprimé, marche 60 km".
Cordialement,
(ex) Peter Bu
Pour celles et ceux qui souhaitent rendre un dernier hommage à Peter Bu :
Une cérémonie d'au-revoir est organisée le mardi 12 avril à 11h, au Crématorium de Cormeilles-en-Parisis, 27 rue Georges Méliès, 95240
Ni fleurs, ni couronnes. Mais un don au profit de l'Institut Gustave Roussy ou de Sortir du Nucléaire aurait été très apprécié par Peter et constituerait un geste en faveur de la vie, pour donner place à d’autres énergies et espoirs.
(1) A propos des pages web et autres écrits :
Mon livre : "Les francs-maçons arrêtés au milieu du gué", éditions ECE-DD, 11/2020. (Cliquez ici pour le découvrir ou vous le procurer dans une librairie indépendante)
Ma pièce de théâtre (écrite avec Benoît Vitse) "Toutes ces âneries sur les femmes" (cliquez ici pour la lire)
Mon site internet à propos de la franc-maçonnerie moderne (cliquez ici pour vous y rendre)
Mon blog hébergé par Mediapart (cliquez ici pour le visiter)
Riez, soyez généreux, racontez des blagues – mais pas trop (cliquez ici pour rire)
Renvois
(2) « L'orient éternel » : passage à l'Orient éternel, _expression_ employée par les francs-maçons pour annoncer un décès (explication ajoutée post-mortem par Ludovic, son fils).
(3) William Shakespeare, « Comme il vous plaira », Acte 2, scène 7
« Le monde entier est un théâtre, et les hommes et les femmes ne sont que des acteurs ; ils ont leurs entrées et leurs sorties. Un homme, dans le cours de sa vie, joue différents rôles ; et les actes de la pièce sont les sept âges.
Dans le premier, c’est l’enfant, vagissant, bavant dans les bras de sa nourrice.
Ensuite l’écolier, toujours en pleurs, avec son frais visage du matin et son petit sac, rampe, comme le limaçon, à contre-cœur jusqu’à l’école.
Puis vient l’amoureux, qui soupire comme une fournaise et chante une ballade plaintive qu’il a adressée au sourcil de sa maîtresse.
Puis le soldat, prodigue de jurements étranges et barbu comme le léopard, jaloux sur le point d’honneur, emporté, toujours prêt à se quereller, cherchant la renommée, cette bulle de savon, jusque dans la bouche du canon.
Après lui, c’est le juge au ventre arrondi, garni d’un bon chapon, l’œil sévère, la barbe taillée d’une forme grave ; il abonde en vieilles sentences, en maximes vulgaires ; et c’est ainsi qu’il joue son rôle.
Le sixième âge offre un maigre Pantalon en pantoufles, avec des lunettes sur le nez et une poche de côté : les bas bien conservés de sa jeunesse se trouvent maintenant beaucoup trop vastes pour sa jambe ratatinée ; sa voix, jadis forte et mâle, revient au fausset de l’enfance, et ne fait plus que siffler d’un ton aigre et grêle.
Enfin le septième et dernier âge vient unir cette histoire pleine d’étranges événements ; c’est la seconde enfance, état d’oubli profond où l’homme se trouve sans dents, sans yeux, sans goût, sans rien. »
http://fr.wikisource.org/wiki/Comme_il_vous_plaira/Traduction_Guizot,_1863/Acte_II
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