Direction d'Éclat
Aurillac, Cantal.
Chères compagnies de passage,
bonjour.
Enfin, il semble que nous puissions
sortir de la crise sanitaire, et que cette année le festival
ait lieu à nouveau.
C'est l'occasion pour notre équipe
de se poser de nouvelles questions, et de travailler à nous
adapter au changement, pour rester au service des équipes
artistiques en faisant preuve de résilience.
Cette réflexion profonde nous a
amenés à prendre une grande décision qui va bouleverser
notre événement et qui, nous l'espérons, sera fidèle à vos
engagements et à nos convictions communes.
En janvier de cette année, 157
compagnies avaient fait la demande d'intégrer un collectif
sur la liste rue.
Pourtant, vous le savez, nous
sommes limités dans le nombre de cours à mettre à
disposition.
Notre première décision a donc
consisté à créer à Tivoli un collectif des demandeurs de
collectifs.
Il suffisait après tout de relever
les adresses mail des demandeurs de collectifs, et les
mettre en réseau pour qu'ils s'organisent un peu entre eux
et pondent juste un dossier, en se remontant les manches à
plusieurs, c'est quand même pas compliqué.
Mais depuis janvier, le nombre de
demandes a été multiplié par 29, sans compter celles reçues
directement au festival.
Nous avons donc décidé de nous
adapter et de transformer Aurillac.
En collectif.
Pour ce faire, nous convoquerons
toutes les compagnies de passage le mardi soir Place de
l'Hôtel de Ville pour nous organiser ensemble.
Chacun devra donner deux heures de
son temps par
jour au festival, et nous
accrocherons des tableaux sur la façade pour que tout le
monde puisse s'inscrire à un poste.
Le bar est important pour les
recettes, donc nous allons affecter toute la Rue de la Coste
à cela. Avec un bar de 200m linéaires, cette rue sera plus
joyeuse et conviviale qu'elle ne l'a jamais été, ce qui
j'avoue n'est pas trop difficile. Les bureaux du festival
serviront idéalement de toilettes pour le public.
Derrière le comptoir on mélangera
artistes et bénévoles pour que commander une bière soit déjà
une belle fête, jusqu'à la fermeture, à 3-4h.
Grâce à un partenariat avec Emmaüs,
nous allons disposer des canapés, des tables basses et des
fauteuils partout, pour créer des ilots. Dans tout le
centre-ville, les spectateurs pourront chiller tranquille,
au milieu de la rue.
Tout se jouera dehors, donc nous
laisserons des endroits libres pour les spectacles.
Ce sera une fête totale, immense et
simultanée.
Chacun est appelé à participer à la
déco, partout, ensemble, nous devons transformer le centre
en un nouvel espace. Le festival va investir dans du coton
gratté, des cartons, des palettes et de la peinture en
quantité.
Si chacune des 800 compagnies se
retrousse les manches, nous allons créer une déco telle que
le festival n'en a jamais connu depuis sa création.
Bien sûr il faudra surveiller un
peu le matos, donc la nuit, il faudra que beaucoup dorment
sur place, dans la rue. D'autant qu'on va
laisser les décors montés pour ne pas avoir à
démonter-remonter tous les jours.
On pourra mettre des barnums de la
ville à dispo pour faire du couchage, et on va créer un
grand village de camions tout autour du square.
Comme toutes les compagnies
dormiront dans l'espace public, la rue sera un spectacle en
soi, et la convivialité sera décuplée par le fait que tout
le monde vivra ensemble.
Rue des Carmes, on va faire venir
Toto Black, La Grosse Entube et toutes les fêtes foraines
décalées avec plein de Nantais dedans, comme ça en
traversant la rue, on traversera la plus déjantée des fêtes
foraines du monde tout du long.
Et puis à l'espace Jules Ferry, on
organisera un espace pro un peu froid avec un DJ de merde
dans le gymnase, nan je déconne.
On pourra aussi créer des surprises
artistiques, des croisements de compagnies, pour que le
public vive des moments uniques avec nous.
On sait que les festivaliers et les
Aurillacois adorent les collectifs aussi pour cela: voir les
artistes vivre et s'organiser ensemble. Alors un peu partout
et à toute heure on les invitera à des expérimentations, des
entresorts et des spectacles uniques.
Ceux qui voudront nous aider seront
les bienvenus, surtout à la vaisselle, parce qu'on va tous
manger ensemble dehors.
La préfecture nous servira de
cuisine, et nous disposerons un banquet géant sur le Cours
Monthyon, où l'on pourra manger à toute heure, et participer
sur de grandes tables à la peluche des légumes.
Alors bien sûr cela va demander
quelques moyens.
Mais on va annuler le festival in,
l'ouverture ratée du mercredi midi, et utiliser la thune des
gobelets.
De toute façon tout le monde est
super autonome, et puis la thune on s'en fout, on va juste
créer l'événement le plus dingue de la terre, un truc
excessif, coloré, puissant et profondément humain, un truc
qui nous ressemble, quoi.
Tout le monde veut jouer dans les
cours, hé bien organisons nous pour que toute la ville
devienne une cour.
Rendez-vous mardi soir
place de l'Hotel de ville.
Cette année, ce sera la plus belle
édition qu'Aurillac ait jamais connu.