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Re: [rue] Douce France


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  • Subject: Re: [rue] Douce France
  • Date: Sun, 2 Jul 2023 18:58:33 +0200
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Bonjour la rue

Excellent texte de Kaoutar Harchi, excepté le fait que les Maghrébins ne sont pas arabes, et que cette confusion historique (confirmée par les études génétiques) est un discours des dominants, dédomagable à l'histoire, la culture, et les populations du Maghreb émigré ou pas !
Pour aller plus loin, il y a une myopie générale concernant une des causes structurelles de la crise des banlieues avec la police nationale : la prohibition du cannabis !!! L'échec de cette politique d'état est total et les conséquences sont bien plus profondes qu'on ne l'imagine.
Au de la des conséquences sanitaires (5 millions d'usagés qui consomment des produits non controlés) les conditions même de la répression révèle un racisme d'état sous-jacent  : l'effort répressif est essentiellement orienté sur les populations racisés des ghettos de banlieue, alors que la réalité des toxiques et leurs commerces traverse toute les couches sociales : injustice ! visible au travers de la proportion énorme des Français d'origine africaine dans les prisons : injustice !
Mais le plus grave n'est pas là. Cela fait un demis siècle que l'état républicain demande à l'institution policière de remplir une mission impossible à réussir ! C'est une des  grandes leçons du 20em siècle : il est impossible d'imposer une prohibition par la seule force répressive. Aucun pays n'y est parvenu, d'ou le recul généralisé de nombreuse nation. 50 ANS QUE L'ETAT REPUBLICAIN MAINTIENT SES FORCES DE POLICE EN ECHEC PERMANENT ! Les conséquences sont criantes aujourd'hui :  état de crise permanent préparant le terrain à la pénétration des idées et des militants d'extreme droite dans la police. Situation extrêmement dangereuse, ou l'on peu voir l'exécutif pris en otage par la progression du fascisme dans les institutions...
L'échec de la classe politique est lui aussi totale ! La gauche à été lamentable, seul les écolos réclame la dépénalisation/légalisation depuis des décennies, les marxistes on toujours considérés que les problèmes culturels ou sociaux étaient secondaires face aux problèmes économiques, grave erreur !
Cette situation inquiétante révèle en demi teinte un autre problème : la possible corruption de l'état français concernant le marché du cannabis (dans les deux milliard d'euros annuel) C'est grave, mais c'est une des explications rationnelle face à l'absurde obstination de la France à maintenir coute que coute une politique d'échecs permanents, aux conséquences catastrophiques, aux couts humain exorbitant...
Solidago


Le sam. 1 juil. 2023 à 19:58, François Mary < "> > a écrit :

En complément du communiqué du Syndicat de la magistrature, à propos du meurtre du jeune arabe Nahel et des révoltes qui en découlent, je partage ce texte paru dans Télérama jeudi 29 juin.

 

« Il faut l’écrire, le dire et le répéter : être perçu comme un jeune homme noir ou arabe entraîne un risque vingt fois plus élevé de subir un contrôle de police. Par ailleurs, depuis 2017, le nombre de personnes tuées suite à un refus d’obtempérer a été multiplié par cinq. En une année, ce sont treize personnes qui ont été tuées. A cette liste, s’ajoute désormais le nom de Nahel. Une liste qui elle-même s’ajoute à la liste séculaire des victimes de crimes policiers.

 

Pourtant, l’écrire, le dire, le répéter n’a que peu d’effets car, à peine survenu, le meurtre de Nahel a été, sur les plateaux télévisés de la guerre civile, justifié. J’entends : un sens a été donné à sa mort : il n’était que. Qu’un jeune, qu’un impoli, qu’un fuyard, qu’un délinquant, qu’un récidiviste, qu’une racaille. Pareille décriminalisation du crime commis contre Nahel révèle la violence par laquelle, en France, les hommes racisés des fractions populaires sont chassés de la communauté humaine – soit la communauté morale. Animalisés. Et rendus tuables.

 

La police est l’organe de cette tuerie, cette grande chasse. Le contrôle d’identité est la traque. Les hommes racisés vont et viennent dans l’espace enclavé. Et, d’un coup, c’est l’arrestation, la capture. Le feu est ouvert.

 

Avant que Nahel ne soit tué, il était donc tuable. Car il pesait sur lui l’histoire française de la dépréciation des existences masculines arabes. Il pesait sur Nahel le racisme. Il y était exposé. Il courait ce risque d’en être victime. La domination raciale tient tout entière en ce risque qui existe.

Alors que faire lorsque le risque se précise ? Que faire lorsque le risque a un visage, une voix, une arme ? Que faire lorsque le risque s’intensifie au point de devenir une menace ? Que faire lorsque ça hurle « shoote-le » ? Lorsque ça hurle « je vais te mettre une balle dans la tête » ? Ce qu’a fait Nahel, il a fui. Fui ce risque qui était la police. Nahel a voulu garder cette vie que la police allait lui prendre. Et cela est intolérable, n’est-ce pas. Qu’un homme racisé tienne à la vie, défende sa vie, lutte pour elle, n’est pas toléré.

Alors, vouloir sauver sa vie a coûté la vie à Nahel.

Vivre une vie d’homme arabe, d’homme noir, dans une France structurellement racialisée, c’est vivre à bout portant de la mort. La mort a été la peine de Nahel. Et maintenant Nahel est notre peine.

 

Le Président Emmanuel Macron parlait, il y a peu, de la « décivilisation » de la société française. Le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin évoquait, lui, son « ensauvagement ». Désormais, face aux caméras, ça prend un air grave, ça présente ses condoléances aux proches de Nahel, ça veut montrer que ça a du cœur. Ça sait, surtout, que le monde entier a vu la vidéo du meurtre de Nahel. Ça ne peut plus miser sur le doute et le mensonge.

 

Si eux, alors, vont sans honte, je voudrais dire que nous, qui refusons l’ordre du racisme et de sa violence, nous n’irons pas dans le calme, nous n’irons pas en paix, nous n’irons pas sans révolte, nous n’irons pas sans lutte, sans résistance, nous n’irons pas sans organisation, sans rassemblement, sans manifestation, nous n’irons pas sans vérité, sans justice. Et cela tant que les hommes arabes, les hommes noirs, ne réintégreront pas la communauté politique des égaux. Et le dire : l’égalité ne peut être blanche. L’égalité est entre tous et toutes. En attendant, alors, nous n’irons pas, sans tenter de protéger, comme nous le pouvons, les vies menacées. Je veux dire : comme nous aurions tous et toutes aimé protéger Nahel. »

 

Kaoutar Harchi, écrivaine, sociologue.

 

Photo trouvée sur internet.

 

Peut être une image de texte

 

 


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