Salut
Merci aux quelques personnes qui ont répondu par des conseils ou des retours d'expériences (notamment en messages privés). Ca me rassure aussi, car ça me permet de voir que je ne suis pas toute seule à être prête à chercher l'argent là où il est, si cela n'a pas d'incidence sur mon travail artistique, évidemment.
C'est rassurant oui, face aux nombreux mails plutôt désagréables qui me font passer pour une personne qui cherche à se faire de la tune quoiqu'il arrive, prête à vendre son âme au diable, une mauvaise capitaliste.
C'est désagréable, d'autant plus que je fais des spectacles très engagés politiquement, qui dénoncent notamment le capitalisme patriarcal (car les deux vont ensemble, lire là-dessus l'ouvrage éponyme de Silvia Federici) et la domination adulte plus précisément dans le cas de cette dernière création.
Je n'ai jamais pensé : " et si je mettais des biscottes Heudebert dans le spectacle, pour avoir de l'argent " et je regrette que certaines personnes puissent le croire.
Simplement, elles y sont les biscottes, et à un moment on fait une blague (parce que je crois au rire comme outil de dénonciation, je crois à la satire) qui ressemble à une publicité. Et nous ne sommes ni les
premièr.es ni les
dernièr.es à faire ce genre de choses dans le spectacle de rue.
Je suis une jeune metteuse en scène, à peine "émergente" comme on dit, depuis des années. Je fais des spectacles politiques. Je prends des risques. Et je galère à payer correctement tout le monde, je galère à boucler mon statut, j'ai du mal à trouver les moyens financiers de continuer à faire ce métier. Et je sais bien que je ne suis pas la seule. Alors oui, si une grosse entreprise me donnait une petite part des ses supers-profits sans rien me demander en échange, si ce n'est les citer dans un spectacle, ce que je fais de toute façon, alors oui, j'accepterais cet argent.
C'est un positionnement, celui d'accepter de faire partie de ce système (comme quand je donne de l'argent à Total parce que je n'ai pas trouvé d'autre solution pour le moment, par exemple), pour pouvoir à l'intérieur tenter de faire bouger un peu les choses et d'accompagner des publics (et notamment les jeunes avec qui je travaille beaucoup) pour questionner ce système.
En gros je préfère faire des spectacles engagés, bosser avec des publics éloignés de l'offre culturelle, tenter de sortir de l'entre-soi du monde culturel, et prendre la tune d'Heudebert si c'est possible, plutôt que de tout arrêter ou que de faire des spectacles sans prendre aucune position (ce que je ne sais pas faire de toute façon).
Voilà.
Je n'ai ni le temps ni l'énergie pour débattre là-dessus plus longtemps, et surtout pas par internet. Alors si on se croise sur les routes, parlons-en si vous voulez, avec plaisir même.
Sinon, je sors de cette discussion et remercie encore une fois les personnes qui ont réellement répondu à ma question.
Eva