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RE: [rue] Dati et les data


Chronologique Discussions 
  • From: François Mary ( via rue Mailing List) < >
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  • Subject: RE: [rue] Dati et les data
  • Date: Mon, 12 Feb 2024 19:02:29 +0100
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Après les cahiers de doléances des gilets jaunes, le pouvoir central républicain cherche à savoir si la culture institutionnelle arrive dans les bleds où il n’y a plus de médecins, ni de gare et, si ça continue comme ça, bientôt plus d’eau, ou trop. Cadastre exquis. Bien à vous, François

Madame, Monsieur,

La ministre de la Culture, Rachida Dati, a annoncé le 22 janvier 2024 le lancement du « Printemps de la ruralité », une concertation nationale sur l’offre culturelle et sur la place de la culture dans les territoires ruraux.

Cette concertation, qui vise à mieux connaître les pratiques et les obstacles rencontrés par les habitants en milieu rural, propose de recueillir votre avis et vos propositions pour renforcer la participation de tous à la vie culturelle.

Vous trouverez ci-dessous le lien d’accès, n’hésitez pas à le partager largement au sein de votre réseau :

https://www.culture.gouv.fr/fr/Printemps-de-la-ruralite

Vous remerciant par avance de votre participation,

Cordialement

 

De : < > De la part de (via rue Mailing List)
Envoyé : samedi 10 février 2024 21:25
À :
Objet : [rue] Dati

 

 

 

Une tribune du monde de ce week end

 

« Rachida Dati se donne une feuille de route qui dissone avec une chasse aux gauchistes de la culture que certains rêvent de la voir mener »

TRIBUNE

 

La ministre de la culture n’a pas mis le monde culturel en ébullition, comme on aurait pu s’y attendre. En mettant la priorité de son action sur la diversité, la figure sarkozyste endosse un rôle à contre-courant, analyse dans sa chronique Michel Guerrin, rédacteur en chef au « Monde ».

 

Depuis trente jours que Rachida Dati a pris la lumière, cette figure sarkozyste fait l’objet de multiples discussions, pour la cajoler ou la tailler en pièces. Les angles sont riches – sa stature de traître à la droite, son duel avec Anne Hidalgo, ses liens avec l’Azerbaïdjan, le concept de « culture pour tous ». Elle vient d’ajouter deux formules-chocs : le wokisme est une censure ; l’audiovisuel public doit refléter la diversité d’opinions des Français. Pour moins que ça, le monde culturel serait en feu. Là, non. Pourquoi ?

 

Les médias auxquels Rachida Dati a parlé sont aussi instructifs que ses propos : Le Journal du dimanche le 4 février, puis CNews et Europe 1 le 6. Soit le pôle réactionnaire de Vincent Bolloré. Ce n’est pas anodin quand on sait que sa prédécesseure, Rima Abdul Malak, dénonçait des médias fragilisant la liberté d’_expression_ – qui en retour ont fait d’elle une cible, au point qu’on peut se demander si le patron breton a obtenu sa peau auprès de l’Elysée.

 

Et puis les interlocuteurs de la ministre, les journalistes Geoffroy Lejeune et Sonia Mabrouk, sont des étendards très droitiers. Leurs questions à la ministre étaient plus qu’une incitation à écharper les milieux culturels subventionnés, accusés d’être très à gauche, alors que l’argent vient de tous les citoyens, et de saper la civilisation occidentale. Ce que Sonia Mabrouk a résumé ainsi : « Les institutions culturelles sont parfois infiltrées par l’idéologie woke. Des œuvres comme Le Lac des cygnes ont été menacées. Des subventions ont été données dans cet objectif. Allez-vous vous y opposer franchement ? »

 

« Discours de gauche »

 

Le patron de l’Opéra de Paris, Alexander Neef, a bien déclaré, fin 2020 dans Le Monde, que des ballets de Noureev allaient « sans doute disparaître du répertoire », mais il avait illico rétropédalé, tant la bourde était lourde. Il est vrai, en revanche, que des subventions culturelles ciblent des projets favorisant la parité et la diversité. La ministre, comme si elle voulait faire plaisir à son interlocutrice, a répondu qu’elle avait réuni les directeurs généraux du ministère de la culture afin qu’ils soutiennent « la liberté de création contre ces nouveaux censeurs ».

 

Comme elle n’a pas donné d’exemple, et pour y voir plus clair, nous avons joint des hauts cadres de son ministère et de lieux prestigieux de la création. Aucun ne se souvient de leur ministre tenant un discours « antiwoke » ou se positionnant sur la censure. Ce qui les marque tous, en revanche, c’est son obsession : comment faire en sorte que des jeunes de milieu modeste se sentent légitimes et suivent telle formation culturelle, accèdent à tel métier, aillent voir telle exposition ? « Elle tient un vrai discours de gauche comme je n’en ai jamais entendu », déclare en riant un vieux briscard qui a vu défiler pas mal de ministres. Un autre ajoute : « Elle nous met la pression sur la diversité des métiers créatifs comme du public. Pas sur le wokisme. »

 

Ça ne veut pas dire qu’elle va réussir ce pari de la diversité. Le manque de temps ou celui d’argent seront des freins. Mais Rachida Dati se donne une feuille de route qui dissone rudement avec une chasse aux gauchistes de la culture que certains rêvent de la voir mener. Au contraire, un paradoxe se profile : une ministre réac endosse un thème de gauche dont même la gauche se méfie, car il est jugé populiste.

 

Lame de fond sociétale

 

Une fois la priorité posée, ça ne mange pas de pain de cibler le wokisme, notion gazeuse, qui se répand largement hors du périmètre du ministère de la culture. Rachida Dati goûte peu le climat actuel, surtout chez les jeunes, visant à déconstruire le créateur mâle, blanc, dominant, occidental, au profit de minorités diverses. Mais elle aura peu de prise sur cette ruche, où art et activisme se croisent, où l’on cisèle en écriture inclusive un vocabulaire d’exclusion laissant peu de place au doute.

 

Rachida Dati n’aura pas plus de prise sur l’autocensure, que les créateurs et décideurs culturels pratiquent, par peur ou commodité. Pas de prise sur une lame de fond sociétale. Etude après étude, les jeunes sont toujours plus nombreux à dire qu’une œuvre ne doit pas offenser. « Au nom de la tolérance, ils appellent à censurer », constate la politologue Chloé Morin, autrice de Quand il aura vingt ans (Fayard, 320 pages, 21,50 euros), dans lequel elle cible une partie de la gauche qui, au nom d’un juste combat pour l’égalité, en arrive à « éteindre les Lumières » et raboter la liberté d’_expression_.

 

Une conséquence de cette lame de fond est d’interroger l’artiste-roi, son processus créatif, la douleur qu’il peut générer. Le dernier exemple nous vient de Judith Godrèche, qui, dans Le Monde du 8 février, révèle, en un témoignage puissant, pourquoi elle porte plainte contre le cinéaste Benoît Jacquot pour « viol sur mineure », puis, sur France Inter, accuse Jacques Doillon d’avoir abusé d’elle. En conséquence, la galaxie du cinéma d’auteur français se trouve sur la sellette, sans que l’on sache jusqu’où va aller un déballage que Rachida Dati va observer en rappelant son combat pour les femmes, mais aussi en s’inquiétant que la présomption de culpabilité ne se substitue à la présomption d’innocence.

 

Pour l’audiovisuel, la ministre a eu cette phrase sur CNews-Europe 1 : « Si l’audiovisuel public veut garder le soutien des Français, il faudra à un moment qu’il soit le reflet de la diversité des opinions. » Un avis beaucoup partagé à droite.

 

Là encore, faisons un pas de côté pour expliquer un émoi mesuré. Rachida Dati s’est toujours montrée louangeuse pour France Inter ou France Culture, qui réussissent l’exploit de mettre la culture en majesté tout en rencontrant un succès insolent. La singularité culturelle des télévisions du service public est moins évidente. On verra les enseignements que la ministre en tire. En attendant, on suivra les Victoires de la musique, sur France 2, vendredi 9 février, suivies, le 23, par les Césars sur Canal+. L’accueil fait à la ministre fera partie du spectacle.

Michel Guerrin (Rédacteur en chef au « Monde »)


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  • [rue] Dati, , 10/02/2024
    • RE: [rue] Dati et les data, via rue Mailing List, 12/02/2024

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