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[rue] On fait quoi ?


Chronologique Discussions 
  • From: François Mary ( via rue Mailing List) < >
  • To: "'Liste Liste rue'" < >
  • Subject: [rue] On fait quoi ?
  • Date: Thu, 13 Jun 2024 17:47:36 +0200
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Nous pouvons nous remettre en question dans cette période sévèrement bousculée, sans pour autant culpabiliser. Nos actions dans les quartiers populaires, dans les campagnes, dans les établissements scolaires, dans les taules, aussi bien intentionnées, bienveillantes, généreuses et professionnelles soient-elles, ne pèsent pas suffisamment face à la misère, à l’isolement, au mépris et à l’exclusion sociale vécus au quotidien. Que ce soient dans les quartiers ou dans les campagnes, le vide est à de nombreux endroits comblé par une économie parallèle mafieuse, qui vient prendre la place de revenus et de conditions de vie dignes auxquels sont empêchés les prolétaires. Une économie qui fait déborder les prisons.

 

La situation politique est le résultat de cette exclusion, de cette division, de la compétition entre les êtres, orchestrée par le patronat et ses tentacules, les mass médias dont il est propriétaire et les hommes politiques de connivence.

 

Le modèle de protection sociale, la sécurité sociale, au sens large, logement, santé, éducation, transport, culture, conquis par les luttes est étouffé par le libéralisme.

 

Cela fait 40 ans que nous combattons le retour de l’extrême-droite sur l’échiquier politique en France, depuis que Mitterrand s’en est servi pour affaiblir la droite*.

Bref, nous connaissons les causes, et subissons perpétuellement les mêmes calculs et manœuvres politiciennes.

 

Jusqu’où, jusqu’à quand ?

 

Au plaisir de se croiser dans les manifs et les agoras.

Bien à vous,

François

 

* Il y a quarante ans bientôt… le 16 mars 1986, 35 députés FN sont élus à l’Assemblée nationale. Une première, résultat de l’instauration de la proportionnelle voulue par François Mitterrand.

https://www.liberation.fr/politique/proportionnelle-en-1986-cetait-un-coup-politique-de-mitterrand-20210220_XQE5EOMTNRALTHP64S72N7LPHM/?redirected=1

 

 

 

 

De : < > De la part de Frédéric FORT ( via rue Mailing List)
Envoyé : jeudi 13 juin 2024 14:24
À :
Cc : ; Liste Liste rue < >
Objet : Re: [rue] On fait quoi ?

 

L’année dernière on a monté un projet avec le collège Evariste Gallois dans le quartier Pablo Picasso à Nanterre. Pour le tournage on a investi la cité, le théâtre des Amandiers et le théâtre par le Bas où les élèves sont allés tourner des séquences, ainsi que les associations locales, etc… on a profité de l’événement pendant lequel Antoine Le Menestrel faisait le funambule entre deux tours, on a demandé à Grand Corps Malade de pouvoir utiliser et transformer une de ses chansons pour que les élèves se l’approprient.

On a contacté les chibani locaux pour qu’ils participent au film et jouent avec les jeunes. etc… etc…

Le samedi de la projection, c’était la fête dans le quartier autour du collège, les habitant.es tellement ravi.es du travail des jeunes.

Le mardi Nahël se faisait tué par la police à quelques centaines de mètres du collège.

Jeudi, trois voitures sur quatre étaient brûlées.

Bref… et je ne parle pas de  nos interventions en maison d’arrêt, dans les écoles classées Rep, rep rep, rep plus…

Le festival des bancs organisés dans un quartier en zone prioritaire…

Etc…

Et je connais des dizaines de compagnies de rue qui font le même taf.

Comme disait le regretté Christophe Evette, des Grandes Personnes : Avec la cie ANNIBAL on a fait le Tour de France des Zup.

Donc, l’entresoi, je ne vois pas vraiment ce dont tu parles…

Amicalement 

Frédéric Fort

 

 



Le 13 juin 2024 à 12:18, Samantha Maurin < > a écrit :



Ben peut-être qu'on commence par écouter ces jeunes qui se bougent dans les quartiers ? On sort de nos théâtres, de nos salles, de nos tiers lieux, et de notre bulle laïciste universaliste bien pensante, on va à leur rencontre et on les écoute. 

 

On résiste à la peur et à l'effroi face à notre constat d'échec collectif.

 

On leur laisse prendre la parole, on ne parle surtout pas à leur place. Parce qu'iels sont les premiers concerné.e.s. Parce que c'est déjà l'enfer pour elleux. Parce que la "gauche" socialiste bon teint soit disant bienveillante et "pas brutale" leur a déjà fait à l'envers. Et pas qu'une fois. Parce que c'est elleux qui en baveront le plus si l'assemblée et le gouvernement se droitise encore plus. Si la parole raciste continue de se décomplexer.

 

Parce qu'iels n'ont pas besoin d'explication de texte quand on dit "vivre ensemble" : c'est leur quotidien.

 

On met nos egos de côté. On évite de pleurnicher sur le sort de la culture ou de l'intermittence. On a bien déconné ouais. Alors on arrête de laisser faire et on a le courage de la radicalité et de l'intransigeance face aux outrances de Macron, de ses alliés et du RN, face au racisme, face à la répression policière et coloniale, face au bâillonnement des étudiants, de certains humoristes, des profs, des militants écologistes, face au silence à peine gêné quand des dizaines de milliers d'enfants sont massacrés juste de l'autre côté de la Méditerranée et que leur bourreau est reçu gentiment au 20h de TF1.

 

On est solidaire de celleux qui s'en prennent plein la tête depuis bien trop longtemps sans qu'on ne remue trop notre carcasse parce la place est encore confortable. 

 

On prend le risque de perdre ce confort. 

 

Je dis "on" parce que c'était le sujet du post précédent. Mais je me parle à moi-même avant tout. Même si je n'ai pas de théâtre dans lequel me retrancher ou résister. Ni de notoriété pour faire bouclier ou porte-voix.

 

C'est leurs mains à elleux que j'ai envi de serrer fort dans la mienne pour qu'iels m'embarquent dans leur mouvement et ne pas rester pétrifiée en regardant ces politiciens tout, absolument tout, saccager.

 

Samantha.

 

Le jeu. 13 juin 2024 à 08:28, Jacques livchine < > a écrit :

Après l’annonce de la dissolution du gouvernement par Emmanuel Macron, la fondatrice du Théâtre du Soleil s’interroge : que fait-on à la première loi qui passe et qui restreint arbitrairement les libertés ? Quand décide-t-on de fermer, d’arrêter ? Ou, au contraire, va-t-on se raconter qu’on résiste de l’intérieur ?

 

«Qu’est-ce qu’on n’a pas fait ? Ou fait que nous n’aurions pas dû faire ? On pensait qu’on avait trois ans pour y réfléchir et soudain, ce geste du président de la République – ce geste d’adolescent gâté, plein de fureur, de frustration et d’hubris – et nous n’avons plus que trois semaines. Aucune organisation sensée, aucune réflexion n’est possible. Emmanuel Macron aurait pu dire : «Je dissous le premier septembre». Non ! Il veut punir. Il déverse un bidon d’essence sur le feu qui, déjà, couvait. Il met le feu à notre maison, à notre pays, à la France. Et il regarde tout le monde s’agiter pour sauver quelques meubles, quelques souvenirs, des photos. Je crains que, quelles que soient les paroles qui me viennent aujourd’hui, elles ne soient qu’un cri d’effroi devant la catastrophe qui s’avance vers nous. Une catastrophe politique, sociale, symbolique et, pour certains d’entre nous, pour les artistes entre autres, morale.

 

«Oui, nous allons nous trouver très vite, immédiatement peut-être, devant un dilemme moral : que ferons-nous lorsque nous aurons un ministère de la Culture RN, un ministère de l’Education nationale RN, un ministère de la Santé RN ? Un ministère de l’Intérieur RN ? Je ne parle pas de l’incompétence probable, que je mets à part. Je parle du moment où nous risquons de devenir des collaborateurs. Oui, à quel moment doit-on cesser de faire du théâtre sous un gouvernement RN ? Jusqu’où fait-on semblant de ne pas voir la détérioration des libertés et des solidarités ? Jusqu’à quand ?

 

«Concrètement, à quel moment la démocratie est-elle subrepticement, puis notoirement, attaquée ? Que fait-on à la première loi qui passe et qui restreint arbitrairement les libertés ? A quel moment j’arrête ? Quand décide-t-on de fermer le Soleil ? Ou, au contraire, va-t-on se raconter qu’on résiste de l’intérieur ?

 

«Les loups qui s’approchent joueront les renards. Ils peuvent aussi nous gâter, nous flatter, nous financer. Avant de nous assujettir et de nous déshonorer. Ces questions me hantent. Je ne veux pas être un personnage de la pièce que nous avons joué en 1979, Mephisto, d’après Klaus Mann.

 

Un Front le plus large possible

 

«Lorsque je parle ainsi, c’est parce que, les RN, je les vois déjà aux manettes, en raison du bref laps de temps qui demeure pour empêcher leur arrivée. J’attends de lire le programme de ce Front dit “populaire”. Je l’espère de mes vœux, je le souhaite le plus large possible, sinon, ce n’est pas un front

 

«Je ne pourrai accepter ce qui ne serait qu’un nouveau masque de certains leaders de cette Nupes qui nous a fait tant de mal, car la politique ne doit pas être que tactique cynique au service de convictions plus brutales que sincères. Elle doit se fonder sur la vérité et l’amour de l’humanité.

 

«J’ai 85 ans et j’ai grandi avec cette certitude partagée par ma génération, qu’on allait vers le mieux, grâce notamment au programme du Conseil national de la Résistance. La situation actuelle était donc, pour moi, inenvisageable, jusqu’en 2002, quand, pour la première fois, le FN est arrivé au second tour de l’élection présidentielle. Depuis, c’est ma hantise.

 

«Macron est bien trop petit pour porter, à lui seul, la totalité du désastre. Je nous pense, en partie, responsables, nous, gens de gauche, nous, gens de culture. On a lâché le peuple, on n’a pas voulu écouter les peurs, les angoisses. Quand les gens disaient ce qu’ils voyaient, on leur disait qu’ils se trompaient, qu’ils ne voyaient pas ce qu’ils voyaient. Ce n’était qu’un sentiment trompeur, leur disait-on. Puis, comme ils insistaient, on leur a dit qu’ils étaient des imbéciles, puis, comme ils insistaient de plus belle, on les a traités de salauds. On a insulté un gros tiers de la France par manque d’imagination. L’imagination, c’est ce qui permet de se mettre à la place de l’Autre. Sans imagination, pas de compassion.

 

«Il n’y avait autrefois aucun professeur qui votait FN. Comment se fait-il qu’il y en ait aujourd’hui ? Et tant d’autres fonctionnaires, si dévoués pourtant à la chose publique, qui votent RN, chaque fois davantage ? Aujourd’hui, je ne suis pas certaine qu’une prise de parole collective des artistes soit utile ou productive. Une partie de nos concitoyens en ont marre de nous : marre de notre impuissance, de nos peurs, de notre narcissisme, de notre sectarisme, de nos dénis. J’en suis là. Une réflexion très sombre, incertaine et mouvante.

 

«Heureusement, nous, nous avons le public, et moi, j’ai la troupe. Heureusement, mon dieu, que je les ai, à mes côtés. Il y a de la bienveillance, de l’amour, de l’amitié, de l’estime, de la confiance. Avec ça, on résistera.»

 

Envoyé de mon iPad


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