Armand Gatti appelait cela la “question du salaud “, c’est la question embarrassante, la question qui provoque une polémique, et Pascal Larderet , tu étais le roi incontesté de la remarque cruciale urgente
et vicieuse, l’empereur de “la question du salaud”.
Dès que tu intervenais, on avait immédiatement envie de te répondre . Quelque part tu étais le lanceur d’alerte du théâtre de rue.
Te voir lâcher cette liste de discussion, c’est douloureux. Parce que tu n”as pas de successeur. Anarkao qui était un sacré bousculeur n’avait pas choisi de partir, c’est la vie qui en a décidé ainsi.
Mais toi tu pourrais tout de même continuer d’emmerder le monde. C’est une question d’écologie, sans tes missiles on va s’endormir.
Aujourd’hui, on assiste à un formatage généralisé,
On nous demande d’être paisible, et sage, de faire de beaux dossiers, de monter de vraies co-productions, et surtout de ne pas faire de vagues.
Ne pas mettre une burka en haut et ta bite à l’air, ta petite performance d’Aurillac et la police qui te demande poliment de mettre un pantalon…
Nous mettions en avant sans arrêt la question de notre subversivité.
Nous tenions à être illicites.
Mais tu sais bien un directeur sérieux qui veut garder sa place ne prend plus Cacahuètes.
Tu te souviens que chez nous du temps de Montbéliard, t’avais mis un tel souk que la conseillère théâtre de l’époque, Dominique Daeschler était repartie un bras dans le plâtre.
Ce que l’on faisait il y 20 ans, on ne peut plus le faire dans notre société ultra- sécurisée.
Tu connais cette histoire qu’on aime bien raconter. A la suite d’exercices de rue de la FAIAR, faux flics et j’en passe, nous avions été convoqués par le maire d’Audincourt en présence de la police. Ils
nous ont dit : votre théâtre de rue vous pouvez continuer de le faire, mais à L’INTERIEUR
D’ailleurs tu as lu justement sur la liste notre philosophe l’incompréhensible Defour que j’adore justement pour son opacité
Le théâtre en salle est un type de théâtre de rue. Car une salle fermée n'existe pas, elle est un espace transitoire, mentalement relié à tous les autres espaces.
Le théâtre en salle dispose à sa manière (le simulacre d'une clôture qui symbolise une certaine classe sociale) de la topologie unique qui organise rue, carrefour, cours, square, hall, appartement,
loft, chambre isolée, etc., dont le théâtre de rue dispose à sa manière (l'appui sur la théâtralité de la vie quotidienne).
JJDelfour
Allez j’arrête de parler du passé, c’est mauvais pour la santé
Il n’’y a que l’avenir qui m’intéresse, je compte y passer mes prochaines années. (Woody Allen)
Le premier comédien de l’humanité Thespis en 531 avant Jésus Christ , debout sur un chariot, jouait sous le ciel, dans une fête dédiée au Dieu de l’ivresse, Dionysos et nous continuerons, il le faut.
Nous avons inventé un genre, dit Burratini il mourra avec nous.
On n’en sait rien.
Nous, nos caisses sont vides, alors on va à Villeneuve lez Avignon avec la Nuit Unique, ce sera peut être notre dernière prestation .
Un spectacle de 7 heures à la belle étoile, pour un public qui a le droit de dormir.
Si personne ne nous achète, ce sera la faillite, la mort assurée.
Le risque, c’est ça qui est excitant.
Alors, cher Pascal , continue de nous réveiller, on a besoin de toi…
Ne te désinscris pas…. Yffic serait trop déçu… et Morizur aussi
Jacques Livchine
Metteur en songes
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