Tu sais quoi...
Ton RDV avec Grazzia. Il est manqué...
cela semblait un beau rendez vous mais trop tôt : des rêves de
fric, de reconnaissance et de teuf, avec trop d'ambitions de part
et d'autres et pas d'écoute, tout pour ma gueule de partout...
dans un milieu où l'on a besoin de tout, tous, tou.te.s
et surtout crois en toi, continue d'écrire, de dire non ou
peut-être oui.
Après les gros murs, viennent les vrais choix.
Je crois que Grazzia avait grave flashé sur nous.
Bon c'était pas mon type à la base, mais faut avouer
qu'elle avait du chien.
... et une formidable puissance de taf, même si avec le
recul, c'était surtout des "appels entrants", les dates lui
tombaient tout cuit dans le bec, mais je ne vais pas faire du
nez, j'imagine qu'il y a aussi parfois un travail de relance
(?).
Toujours est-il que c'était pile poil ce qu'il fallait à notre
troupe de rock (on avait repris l'_expression_ des Bérus !), un
mélange de théâtre provoc et de concert velu qui sonnait certes
un poil daté, mais qui avait l'indéniable atout de la sincérité.
Pour être franc, je ne sais toujours pas si Grazzia
adhérait totalement au propos artistique à certaines de nos
prises de paroles éméchées, mais on n'est pas obligé d'aimer
tout ce qu'on vend non plus !
En tous cas, avec elle, on a décollé grave, et notre projet,
essentiellement piloté par des bras cassés largement incapables
de se structurer... a fondu tel l'oiseau de proie sur sa cible.
Quel pied, putain de passer de manches laborieuses à des
grosses scènes !
Et l'ascenseur avait un turbo ;-)
Grazzia menait tout de main de maîtresse, et ça tombait bien
parce que pour nous c'était du chinois... le prod, la diff, quel
enfer !
Pour info et celles que ça intéresse, ce sont d'ailleurs de
métiers différents, et si vous voulez en savoir plus, sachez
qu'il existe une liste spécialisée dans la diffusion ET une
autre pour la production.
Allez c'est cadeau !
Le nombre de fois que Grazzia nous a sortis de la
mouiiiiise !
Elle prenait son rôle de petite maman tellement à cœur, ça
nous boostait grave, parce qu'avec elle on se sentait
invincibles.
La pure team de choc... qui terminait cramée de fatigue (et
souvent cramée tout court !), quand elle ne finissait par les
fonds de cerdane à cracher le feu sous les étoiles.
Les moments les plus magiques de mon existence.
Et puis, à vous, je peux le dire, je n'ai j'aimais bien su
si tout était 100% légal, à vue de nez je dirais oui.
Cela dit, on va pas venir pleurer sur les politicards
véreux qui s'en mettent plein les fouilles, et si à un moment
on a été un peu dans le flou, il faut peut-être juste nous
regarder comme les derniers Vrais Rebelles !
Et là, soudain, on n'a plus rien compris.
Ca a complètement basculé, viré à la sclérose, à la main
mise... je ne m'attendais tellement pas à ça !!!
De revirements en manipulations, de coup de pressions
pernicieuses en chantage qui ne s'avouait jamais, Grazzia nous
a fait comprendre que notre temps était fini, celui des vieux
slips sales et des traces de cambouis pour faire genre, celui
d'une soit disant "posture virilité", qu'on a jamais
finalement bien compris de quoi il s'agissait exactement.
On est tombés des nues, elle avait verrouillé la plupart des
droits d'auteur, et ses erreurs de de fléchage de subvention
(j'ai toujours rien compris à ce truc) se sont avérées
désastreuses, ça a totalement planté la compagnie.
Un immense Carnage... Et on était pieds et poings liés ! A ses
pieds !
Grazzia avait totalement coupé les ponts, et ne parlait plus que
par l'intermédiaire du CA de notre asso, qu'elle avait
totalement acquis à sa cause.
Nous, qui étions des faucons, des rois de la route... et un an
plus tard, il n'y a plus rien qu'un sentiment d'immense gâchis.
J'ai repris un boulot alimentaire, et on s'est tous retrouvés
avec des toutes petites économies, des minuscules noisettes,
peut-être les seules que nous n'ayons jamais finalement eues.
Cela dit, y'a une justice, Grazzia s'est faite gauler pour
détournement de fonds publics.
Karma dans ta gueule.
Et nous on s'est fait un dernier kiff avec le groupe, on a
décidé de boucler malgré tout avec panache, en beauté. On s’est
fait une dernière compo, une dernière chanson, en hommage à tout
ce qu'on avait partagé pendant toutes ces années…
On avait un principe de composer chacun son tour. C’était le
mien, j’ai pondu à la « one again » une chanson débile intitulée
"se dépasser soi-même", ce qui est complètement con sur le
principe.
La chanson à fait marrer, jusqu'au mini buzz, qui a gonflé
progressivement, puis exponentielle via les réseaux, jusqu'à
atteindre l'oreille d'un directeur artistique responsable de
trouver LE morceau des Jeux Olympiques 2024, dont
personnellement je n’avais strictement rien à foutre.
Un genre de "ramener la Coupe à la maison", mais pour les
centaines de shootés aux endorphines qui allaient pour la
plupart se fracasser sur le mur de leurs désillusions.
L'hallu totale, le pur renversement de situation.
Le fric s’est mis à déferler, la bonne grosse moula, les
pépettes comme s’il en pleuvait.
Les mecs n’en pouvaient plus, ils me mettaient une pression
de dingue : flatterie, séduction, courbettes… puis bien sûr un
énoooooooooooooooooorme chèque à la clef.
C’est con, Grazzia aurait pu en profiter si elle n’était
pas poursuivie pour faux et usage de faux.
Bon, je reconnais que je ne suis pas le pingouin qui glisse
le plus loin sur la banquise, mais avec la formation express
que Grazzia nous avait donnée, il aurait vrrraiment fallu être
un lapin de 6 semaines pour ne pas percuter.
J’ai tout refusé en bloc.
J'ai dit non.
Plus je suis loin de leur univers de strass et de toc,
mieux je me porte.
Je préfère prendre ma guitare, je fais la manche et je
chante des trésors de poésie militante, ou des gros tubes qui
me font marrer et font kiffer les gens.
Je vis avec peu, mais après réflexion, au global bien mieux
qu'avant.
Y'a du luxe dans l'roots.
Sans
virus.www.avast.com