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[rue] Re: divagation du dimanche


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  • From: fanfan < >
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  • Subject: [rue] Re: divagation du dimanche
  • Date: Sun, 08 Jan 2012 19:58:11 +0100

ben, faut t"en remettre livchine
tout ce qu'on demande là
c'est ce que vous nous avez fait subir
il y a plusieurs années...
il me semble que t'étais expert DRAC
à cet époque
et j'ai croisé ton regard hautain dans les couloirs
alors viens pas pleuré
c'est indécent
tu vis de subventions depuis des lustres
et tout le monde le sait
alors que moi qui suis une piètre artiste....
ben, il faut que je dise, ici sur la rue
j'aime pas tes spectacles, t'es trop prétentieux
et hervé encore plus

je trouve çà bien, que finalement
tu te confrontes aux dures realitées des institutions

sûre si t"es un artiste
tu survivras

fanfan




Le 08/01/2012 16:04, Jacques Livchine a écrit :
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J’ai une super tendance à frapper mes pectoraux et hurler : « l’artiste est essentiel à la vie de la cité, l’artiste c’est la chlorophylle, c’est l’oxygène, c’est un peu de lumière, c’est l’espoir, l’artiste c’est le printemps en hiver, essayez de vivre sans les artistes, le monde entier ne sera plus qu’une cave obscure et étouffante ». 
 
Je fais ce discours aux politiques pour leur demander des subsides, et là je développe un peu plus,  je leur dis « regardez Pompidou, ce qui reste de lu, c’est quoi ? Hein.  Et Cannes, alors ?  Mesdames Messieurs les élus, la Culture c’est de la poudre d’or sur vos pourpoints,  je peux  assurer votre postérité. Regardez François I er, s’il n’avait pas aidé Léonard de Vinci , il serait aussi inconnu  que Louis V.  Et l’autre qui a aidé le théâtre, celui qui a pensionné Molière, vous voyez qui, et pourtant Molière il n’était pas tendre avec les nobles…
 
Je crie au Ministère de la culture, à la ville, à la communauté d’agglo. Venez, évaluez moi.
Vous verrez que sans moi, c’est adieu le lien social,  c’est la délinquance assurée.
Attention, si vous me virez, vous allez voir une population affligée, le moral dans les chaussettes. C’est pas vrai ce que je dis ? Allez à St Quentin en Yvelines, trente ans que nous avons été virés et les gens se souviennent encore autant de nous que le théâtre grec sous Péricles.
 
Nous gens de culture nous avons ceci de magnifique,  c’est que  nous arrivons par notre art de la persuasion  à faire croire que nous sommes le ciment de la société et les seuls capables de sortir la planète terre  de l’ornière dans laquelle elle s’enlise.
 
C’est même pas moi qui le dis. Nixon voit passer une photo artistique à la Robert Capa de la guerre du Viet-N am,  et il prend conscience qu’il faut arrêter cette guerre.   Aucun discours n’arrivait à le persuader, non une simple photo suggestive a fait le boulot. 
Le Mur de Berlin ? C’est pas moi qui le dis, c’est Vaclav Havel qui écrit à Mir Caravane. « Merci   artistes, vous nous avez fait prendre conscience par vos actions au pied du mur en mars 1989, qu’il  fallait le faire sauter. »
Et 1789, hein ?  Sans Beaumarchais, sans son mariage de Figaro, ça n’aurait pas existé.
Voilà, nous artistes, nous croyons que les idées sont plus fortes que n’importe quelle bombe atomique, que les barrières douanières n’arrêtent pas les idées.
Alors nous nous nous auto- persuadons, que nous sommes importants.
Le seul hic de cette affaire, c’est toujours nous qui l’expliquons.
Oui, mais à force, je finis par le croire.
 
 Voilà qu’une fois de plus, on me demande de faire un dossier  A 4 sur les retombées positives  de mon travail théâtral sur la ville, la région etc. afin de renouveler ou d’inaugurer une convention tripartite.
 
J’ai envie de fuir et de leur dire :
 
Nous ne servons à rien,
nous bouffons les impôts de nos concitoyens,
nous sommes inutiles, nous touchons très peu de monde,
la majorité ne comprend rien de rien à ce que nous présentons,
Tout le monde s’en fout,
rasez notre lieu, faites en un parking,
licenciez- notre personnel, cela fera moins de bruit que de la neige sur l’eau.
Les gens s’en foutent de la culture,
Désherbez,
Faîtes à Montbéliard une expérience innovante
De pays sans culture.
 
Arrêtons tout ça pendant un an.
fermeture des théâtres, des cinémas, des conservatoires, des bibliothèques,  du musée, du centre d’art,
et puis observons….
 
Voyons si les habitants le remarquent,
voyons si le moral des populations  est affecté,
voyons les économies engrangées  par cette nouvelle disposition d’un pays sans culture.
Voyons si les nouveaux habitants s’enfuient ailleurs.
Voyons si les ventes immobilières baissent,
Voyons si les cancers augmentent.
 
Voilà,  ce serait une vraie évaluation, et si vous décidez de continuer, vous ne serez plus obligé de demander aux artistes des tableaux excel, avec  le nombre de personnes qu’ils ont ému ou touché pendant l’année.
 
 Pour l’heure, faut que je m’y mette
 

a)     Liste des contreparties effectuées à Audincourt pour rembourser le loyer de la maison et du studio des 3 oranges.

b)    Liste des créations de l’année pour justifier  ma subvention de l’année écoulée

c)     Liste des représentations, entrée payantes, nombre de spectateurs.

d)    Liste des actions de formation

e)     Carte de vœux aux tutelles

f)     Liste des représentations et des prêts de salle jusqu’en 2014.

g)    Projets de créations

 
 
Et surtout budget prévisionnel en intégrant toutes ces données.
 
Le camarade Le  Scour est content. Il dit que la subvention ça coûte cher, et que ça vaut pas la peine de se soumettre  et de vendre son âme pour 80 000 €.
 
Et  voilà à cause de  tout ça j’ai loupé les 200 ans d’Annibal. Les photos de Coubart parlent toutes seules, et Thierry Voisin est sur tous les clichés, chapeau Thierry.
 
 

Jacques Livchine
Metteur en songes 

le théâtre de l'Unité, c'est toujours autre chose...






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