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Re: [rue] dialogue avec le stef


Chronologique Discussions 
  • From: Gaël Boffard < >
  • To: Jacques Livchine < >
  • Cc: Liste Liste rue < >
  • Subject: Re: [rue] dialogue avec le stef
  • Date: Mon, 14 May 2012 09:06:15 +0200

Bonjour, 

Et bien là je me sens obligé d'intervenir dans la discussion, car figurez-vous que je sors tout droit de l'un de vos pires cauchemars ! En effet, non content de jouer dans des "batucadas" je suis également le fils d'une conteuse...
Et ce n'est pas fini: en plus je travaille avec des clowns et parfois je monte des chapiteaux... Horrible, non ?

Il m'a fallu des années de prières pour purifier mon âme d'une telle infamie. J'ai bien essayer de faire un stage de connerie universelle avec Stéphane afin de retrouver le droit chemin, mais je n'ai jamais la somme nécessaire (ça m'apprendra à claquer mon chômage en drogues et en bière, mais bon il faut bien parfois noyer sa propre condition dans l'oubli). 

Alors, pour les batucadas, je suis la preuve vivante qu'on peut en faire sans aimer la batucada. Et sachez messieurs, qu'il existe des gens qui jouent tambour guidés au sifflet et qui ne supportent pas non plus qu'une batucada se mette à jouer ou à chanter (la plupart du temps fort et mal) dans la salle du catering ou en loge, ces temples du recueillement et du lien social. C'est ici que l'on peut noter qu'une étude sociologique permet de définir le portrait du joueur de batucada qui fait chier pendant qu'on veut discuter au calme: au niveau vestimentaire, il porte  un uniforme coloré sur lequel est inscrit le nom de sa milice percussive et il est déja vaguement maquillé même pour manger (on croirait qu'il est déguisé en supporter, mais non c'est son costume). Ensuite, il est déja saoûl (ou alors il se comporte comme tel). Contrairement, à ce qu'on pourrait penser il a fait pas mal d'études, en effet il est souvent ingénieur ou informaticien pour les garçons et institutrice ou éducatrice pour les filles. Enfin, une de ses dernières particularités, c'est qu'il est persuadé que les gens autour de lui apprécient grandement sa propre bonne humeur et ses talents musicaux.

Et je dis cela avec beaucoup d'affection car j'ai des amis correspondant pas mal à cette description. Et puis, on peut râler contre les amateurs, mais bon les arts de la rue n'ont-ils pas pour mission d'inciter le quidam à trouver sa propre expressivité artistique mais si cela consiste à jouer du tam-tam ?

En tout cas, je vous garantie que dans les batucadas (souvent plus chez les pros mais aussi chez certains amateurs), il y a quand même parfois des gens qui se font chier à travailler la nuance dans la musique, à porter des costumes (et non des déguisement) un peu chiadés en évitant la vulgarité de la pute en string et plume au cul, qui essayent d'habiter ces costumes avec des personnages plus ou moins psychologiquement complexes, qui jouent moins fort ou cesse de jouer quand ils croisent une compagnie de théâtre de rue qui tremble à leur approche, qui se questionnent sur leur place dans la culture et dans la société, bref il y a des batucadas qui essayent de faire du spectacle intelligent, si si !

De toute façon, ne vous inquiétez pas, la batucada c'est déja complètement has been, dans 5 ans il n'y en aura presque plus.

Et pour les conteurs, j'en parlerai peut-être une autre fois, mais par rapport à eux mieux vaut se taire, ils parlent déjà tellement.


Gaël



PS: Stéphane, savais-tu que avec une batucada (dont je ne citerai pas le nom), lors d'une résidence, nous avons fais une journée d'initiation à la cascade burlesque. Et c'était dirigé par un comédien (dont je tairai le nom) qui a été formé par tes soins ! Il y a un peu de toi dans la batucada...






Le 13 mai 2012 20:06, Jacques Livchine < " target="_blank"> > a écrit :

Chers amoureux des espaces publics,  pourtant  tous privatisés pendant les festivals

Je dois vous avouer que  mon allergie va aux conteurs. 
Pourtant j'ai connu Saani Bouda, et Tonton Ado, deux nigériens dont les histoires en privé nous faisaient  hurler de rire, mais dès qu'ils étaient en public, ils tenaient à nous raconter des vieilles histoires de lions et de crocodiles, où dès la quatrième minute je m'endormais ayant perdu le fil. 
Pourtant nous avons essayé de leur dire , racontez nous des vraies histoires tirées de votre quotidien, de vos voyages, de vos fiancées etc. 
Mais non,  ils étaient persuadés qu'il fallait des lions et des éléphants dans leurs contes,  obligation de  couleur locale. 

Une fois j'ai rencontré un boucher qui nous a raconté sa relation à l'animal et à la viande, c'était passionnant,  mais il était boucher pas conteur, je lui ai proposé de le devenir, ça ne l'intéressait pas.

Le conteur, pour se vendre doit tenir au moins 45 minutes, alors il allonge la sauce, et ça n'a plus de goût.  Mais comme il est seul, il ne coûte pas cher, et ça intéresse énormément les petits lieux sans argent.   En principe il a un berlingot diesel. 

J'en ai connu un formidable, Pie Tshibanda, il n'était pas conteur, mais belge, il racontait juste son départ du Congo, et son arrivée chez les blancs. Il n'avait jamais appris le théâtre, ni la scène, il était nature. C'est tout.  C'est d'ailleurs  le seul conseil que donnait Pina Bausch à ses artistes  lycéens  : soyez naturel.  Et lui il était passionnant, quand je l'ai vu, il en était à sa 600 ème. 

Je vais chez le même coiffeur à Issy les Moulineaux depuis 40 ans, Manu.  Je te jure, son cancer de la prostate  m' a passionné, et il est le seul à m'avoir expliqué ce que c'est de devenir impuissant, lui célibataire, et connu comme Dom Juan dans tout l'ouest parisien. Voilà un beau et vrai sujet que devraient empoigner nos conteurs. 

Alors Stéphane, les Battucadas ?  je suis sec sur le sujet.  Mais c'est vrai qu'ils sont excellents  pour casser l'ambiance, surtout pendant les repas quand t'as envie de discuter.  

Sur les transports, t'as raison, hier on a fait 925 kms, on était à Briançon et il fallait rejoindre la Bretagne, on est rentré à Audincourt, ce dimanche, 700kms et on repart mercredi matin, où ça ?  en Bretagne,  de nouveau encore 800 kms.  Soit en une semaine  3800 kms.  Hervée refuse de s'arrêter dans les stations avec boutique, parce qu'on y reste 20 minutes, et seulement 6 minutes dans les aires de repos aux toilettes approximatives.  Je crois que tu as déjà traité ce problème. De plus quand on est en jumper avec 9 personnes, il y a un coefficient d'inertie du groupe qui peut se calculer. Ça double les haltes. C'est grave. 

Il reste la question de Pierre Prévost.  La formation ?   Je suis contre la transmission, mais pour la restitution. J'explique. 
J'ai fait une immersion au Danemark pendant dix jours chez Eugénio Barba. 
J'ai fait les trainings à 7 H du matin,  danse brésilienne, à 10 H un autre training , à 14 H une démonstration d'un de leurs comédiens, à 17 H la conférence du maître, à 19 H un  spectacle de la compagnie, à 21 H la préparation d'un spectacle des stagiaires.  
Alors pour moi, il n'est pas question de faire comme eux, mais c'est bien  de voir comment ça se passe chez les autres.  Tu vois une méthode de travail qui n'est pas la tienne, qui ne te correspond pas, tu peux juste comparer. A chacun de se fabriquer son outil personnel, je crois aux confrontations.   En voyant les autres faire, tu arrives à voir qui tu es toi personnellement.  C'est banal ce que je dis , mais on se construit uniquement dans les rencontres. 
Pour le théâtre de texte, ça demande tout de même  du temps. Mon préféré : le théâtre du jour, Debauche à Agen, ils jouent sans arrêt. 
Pour la gestuelle :   Lecoq 
Et pour désapprendre : l'Unité. 

Et une devise pour conclure :" d'abord l'artistique, ensuite l'économique


Jacques Livchine
metteur en songes 

Le théâtre de l'Unité c'est toujours autre chose









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