Salut Jean-Luc,

Je vais essayer de faire bref.

"Chalon est formidable mais jamais parfait !!!". Tu résumes en une phrase ce qui nous rapproche et qui nous sépare, en dehors du goût pour la joute verbale sur la liste (admettons-le, de toute façon si nous disions le contraire, personne ne nous croirait).

D'accord avec toi, le buzz se fait autour du Off. Je ne jugerai pas le In de cette année vu que sur une quinzaine de spectacles auxquels j'ai assisté cette année (désolé pour les quelques 185 que je n'ai pu voir), il ne devait y avoir sauf erreur de ma part que du Off. Je n'ai pas entendu dire que du bien de CIA. J'ai raté Walldance et Abscisse... on ne peut pas tout voir. Je m'associe à toi pour féliciter Pierre pour sa programmation du Off, même si je ne connais pas la salade interne du festival et les tenants et aboutissants de sa démission, ni de la valse de ceux qui l'ont précédé.

Dans l'attaque (un peu rude) de Pascal, il est fortement sous-entendu que le festival se paie une programmation gratos sur le dos des compagnies du Off. Tu ajoutes qu'il y a une débauche de moyens sur quelques projets -pas forcément les plus intéressants- dans le In avec la vidéo, les spectacles incompréhensibles et tout ça... C'est là que nous ne sommes plus d'accord.

Chalon, de ce que j'en connais du moins, est un festival qui fait beaucoup pour la diffusion des compagnies (ce que tu appelles "du positif" dans ta réponse). Il est super facile de construire son programme, les pros disposent de tous les outils pour se contacter et se rencontrer. J'ai un peu traîné à l'espace pro, au Carmel et au Verger et observé ce qui s'y passait. Je n'y étais qu'en spectateur après tout, je n'avais rien à vendre ni à acheter. Mais de ce que j'ai vu, pas mal de jeunes (et moins jeunes) compagnies ont plutôt bien tiré leur épingle du jeu et ont pu proposer leurs spectacles à des programmateurs. Je ne suis pas sûr qu'il en soit de même à Avignon ou à Aurillac (pour ne citer que les plus connus).

Chalon est au format de la ville, il a comme je l'ai dit dans mon précédent mail ses règles du jeu qu'on est libre ou non d'accepter. La règle est celle d'une sélection des spectacles du Off, avec ce que cela a d'injuste mais tout son intérêt pour les heureux élus. J'ai d'ailleurs du mal à comprendre comment tu peux dans un même message d'un côté féliciter Pierre pour son travail et sa programmation et de l'autre revendiquer le droit libertaire de jouer où et quand tu veux ton spectacle au nom d'un salutaire souffle libertaire. Tu as peut-être raison sur le fond, mais pas à Chalon. D'autres festivals fonctionnent différemment. Le public de connaisseurs et de passionnés que tu décris sait où aller grâce au journal local; il est facile de retrouver au Carmel le diffuseur d'une compagnie dont on aura pu repérer le spectacle autrement que par hasard... Le tout dans une certaine décontraction qui est plutôt sympa.

A propos de ce que j'écris sur le public et les chapeaux, c'est marrant cette manie de voir tout blanc ou tout noir! Je n'ai pas dit que tous les spectateurs sont des radins et des abrutis, mais avoue qu'il y en avait beaucoup. Les véritables passionnés (qu'ils soient chalonais ou non d'ailleurs) savent pourquoi les chapeaux circulent et ne se dérobent pas. Je sais qu'il y a ce public de connaisseurs que je respecte infiniment. J'admets aussi que mettre quelques pièces ou un billet dans un chapeau est un acte volontaire et que cette liberté va avec le droit de ne pas donner. Mais j'étais dans le public et on y entend les réflexions de ceux que je critique. Les "dépêche-toi, on se casse avant qu'ils fassent la quête", on y a droit sur chaque spectacle, décliné des dizaines de fois.

Le public n'est pas fait que des nuées de moineaux qui prennent les chapeaux pour des épouvantails, mais les piafs étaient nombreux et ne donnent pas une belle image de l'ensemble du public. Cela m'a choqué, mais on ne peut incriminer les organisateurs pour cela.

Pour les DJ et les animations on est globalement d'accord. Je me fous un peu de ce que le Maire a pu obtenir pour ses associations locales, même si les buvettes sont des lieux d'échanges qui font beaucoup pour l'ambiance des cours et qui doivent rester proches des collectifs à mon avis. Pour le reste, la bière trop chère et tout ça, il y avait des terrasses avec une programmation assez riche de Rully, Maconnais, Chablis et autres Santenay pour que je ne m'en préoccupasse guère!

Sincèrement, j'ai passé un chouette festival.

@+

Thierry

PS: la nécro de Jacques par Jean Luc m'a bien amusée. Reste que j'ai vu de jeunes compagnies pleines de promesses et que la confrontation de plusieurs générations rappelle que le spectacle est vivant. C'est aussi un message de Chalon que tant d'autres festivals ne portent pas. Embourgeoisement ai-je lu?
- Il n'y a pas de quoi. Jacques est quelqu'un que j'aime profondément et que je suis depuis tellement de temps, avant même "le carnaval des ténèbres" et il n'est pas question de nécro, mais juste de lucidité et de transmission. Quant aux compagnies pleines de promesses.... oui, bien sûr, mais de triptyque en triptyque, rien n'a émergé de nouveau cette année, ou je me trompe ? On est dans la "confirmation" des valeurs émergentes, non ? (pour parler Institutionnel et pour se faire un peu chier)

Jluc