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[rue] Aurillac


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  • From: Jacques Livchine < >
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  • Subject: [rue] Aurillac
  • Date: Mon, 27 Aug 2012 09:03:04 +0100

Fin d'Aurillac.
Question rituelle : Alors , ça s'est bien passé pour vous ?
Réponse habituelle : oui, ça s'est bien passé.

Et chacun ment , on le sait bien.
Annibal casse sa remorque, Les souffleurs, deux pannes de générateur en
pleine forêt, Royal se prend la foudre et annule, un jour où c'est payant...
etc.
Mais c'est comme ça , c'est un rituel français
ça va, tu réponds oui ça va.


Donc j'essaye tant bien que mal de répondre à la question "alors comment ça
s'est passé pour vous ?


1- La Wifi

Aviez vous la wifi ? mais oui sans wifi, tu meurs. C'est le critère à gros
coefficient.
Au premier pensionnat , celui de Saint Joseph,
une prise ethernet par chambre, fallait pas oublier le câble
A l'hôtel des parasols, à Polminhac, Raymond le patron venait de s'équiper
en livebox orange pro , le code : JMS 37SF814PF37JLC44TL923PS74
si on l'examine bien,le code, on découvre en filigrane JMS (n'est ce pas
Songy ?) et SF (Filloque) PF je crois voir Freslon etc. JLC facile,
TL 92, c'est Annibal, et 3PS 74,c'est bizarre, cela ressemble aux 3 points de
suspension.



2- Catherine


Nos Haïtiens avaient traduit Cattering, par Catherine,
donc Chez Catherine, c'était les soirs, on devait montrer son code barre
Excellent. De tout , toujours du choix, des tables extérieures. ouvert
jusqu'à une heure du matin.

Pendant les préalables on avait un repas offert par la mairie du lieu , 80 %
des fois sympa, ou à Aurillac, dans cinq restaus avec le code barre. Bien.


3- Le café du matin


Un des immenses problèmes que le Ministère de la Culture devrait régler.
Au pensionnat, on recevait chacun 2,50 € pour prendre le ptit déj à
l'extérieur.
Mauvaise note.
Alors on installait des cafetières en chambre, mais dans la chambre de celui
qui se réveille tôt, et qui voit tout le monde débarquer etc.
Ah c'est le gros problème,
et le café label rouge, robusta est une catastrophe.
Donc ça c'est mal passé pour moi, car à l'hôtel
j'ai renversé mon café sur le lit, énorme tâche marron en plein milieu, je
suis mal, ridicule, ils vont croire que je fais de l'incontinence.
Donc je décide de laver le drap dans la douche, mais il ne sèche pas assez
vite, je refais le lit mouillé pour qu'ils ne voient rien, mais ils l'ont
remarqué, le Raymond désormais me dit à peine bonjour, il n'apprécie pas mes
auréoles, ni mon chien.
SVP ne racontez pas ça à Marie Jo


4- T'habites où ?



Marie jo, comme nous étions voiturés, nous a logé pendant le festival aux
Parasols, à 11 kms d'Aurillac.
Nous sommes dix dans l'équipe, 2 séniors et 8 haïtiens dans la force de
l'âge.

Alors bien -sûr, le minibus du retour même à minuit ne les a pas du tout
séduits. Ils voulaient vivre Aurillac by night.
Ils se sont vite trouvés un Haïtien d'Aurillac, chez qui ils ont squatté,
puis dès le premier soir du festival ils ont pris comme chambres les loges
du théâtre d'Aurillac.
Impeccable pour eux, douches, toilettes, machine à café et à thé. N'en parlez
pas au directeur du théâtre.



5- La météo

On ne peut accuser l'organisateur, n'empêche que c'est ridicule d'avoir
choisi Aurillac pour faire un festival de théâtre de rue.

On a d'abord eu le soleil. Impossible de jouer à 15 H.
Nous on joue à l'intérieur d'un cercle de 10 mètres, le public veut de
l'ombre, alors le spectacle préparé pour un cercle se joue en frontal, c'est
ridicule.
Il fait 34°C, c'est la folie.
Jean Marie doit arroser les 1500 personnes du gradin du Royal de Luxe, ça
met de l'ambiance, les gens lèvent la main pour goûter au jet salvateur.
Ensuite c'est la pluie, même pire, la grêle, affolement, tout est annulé sauf
la Cie Off qui joue sous chapiteau, Chez Royal Courcoult tend son verre au
ciel pour avoir des glaçons pour son pastis.
Les haïtiens parcourent le chemin des loges à la place du square en chantant
"on va jouer sous la pluie". On va jouer finalement sous un porche, on n'a
que 50 personnes, mais le son est excellent.
Je suis fier, nous n'avons jamais annulé.


6- La pollution sonore


L'ennemie suprême de ceux qui jouent sans sono.
Un off off off nous détruit une représentation en s'installant à côté de nous
avec une sono puissante, personne ne réussit à l'arrêter.
Justement le jour où plein de pros sont là, Maud le Floch, Eléna Dapporto,
etc. Ils s'en vont dès le début et nous accusent d'être des nuls.


7 -La fréquentation


Soit il n'y en pas assez, certaines compagnies peinent à faire le cercle,
mais pour les compagnies officielles c'est la folie.
Pour les séances gratuites de Royal, qui ont lieu à 17 H, la queue commence
à midi !
A 15 H il y a déjà 900 personnes qui attendent, à 16 H, ils ouvrent les
portes, c'est blindé.
Annibal se retrouve avec plus de 800 personnes une heure avant.
Pour nous, nous avons vécu une séance avec plus de 500 personnes ; à voix
nue, cela ne passe pas, on double les textes, pour que chacun puisse entendre
un peu.


8- Les manches


C'est 2 € par personne la moyenne. Nos acteurs Haïtiens trouvent ça
humiliant, mais nous devons les faire vivre pendant 44 jours. Alors c'est
obligé. Résultat final : 5033,78 € pour 20 représentations.
La meilleure manche : 444, 64 €
Tous les jours je pars à la banque avec des sacs de 5 Kgs de pièces.


9- L'ouverture solennelle


Je suis pour le rituel d'ouverture. Là, tout a foiré, magnifiquement foiré.
On ne peut accabler les réalisateurs, mais les problèmes techniques de ces
spectacles jetables, c'est l'horreur. Nos acteurs ont participé avec un
poème.
N'empêche qu'en mutualisant les moyens de douze compagnies comme nous
l'avions fait avec la Franc comtoise de rue, à Chalon, on devrait obtenir de
meilleurs résultats.




10- L'atmosphère interne

Aurillac, il y a de la pression , il y de l'enjeu. Nous étions stressés, peur
de décevoir avec du théâtre de rue à mains nues, IN avec une production à 0
cts.
Comme j'écris tout ce que je pense, nos acteurs ont découvert ce que
j'écrivais comme insanités sur eux sur le site Unité. Séance un peu chaude,
je me faisais traiter de raciste. Hervée a mis un point final au débat :" je
parle à des pros, pas à des Haïtiens, j'exige de vous -ce que j'exige de
n'importe quel acteur".
Il y avait les retards, les approximations de jeu, le non respect des
consignes. Pour eux, leur honneur était en jeu, et ils avaient très peur que
le site soit découvert à Port au Prince, je leur répondais que mon honneur
aussi était en jeu, et que je parlais vrai, et que je ne cachais jamais les
ratages, et que je me sentais libre d'écrire.
Peu à peu le stress a laissé la place au beau temps, la bonne humeur est
revenue, avec des engueulades tout de même. Surtout sur la ponctualité,
valeur absolument bannie dans leur pays. Choc des cultures.


11- le succès


Je m'en méfie énormément. Il y a des foules énormes pour des solos
démagogiques, un public qui applaudit à tout rompre pour n'importe quoi.
Je sentais que cela marchait bien pour nous, mais j'avais toujours
l'impression qu'il y avait de la discrimination positive, ah ces pauvres
haïtiens....
On a raté le crash test d'Ayrens, le petit village où nous répétions. Public
très maigre, et l'on remarque que ce qui avait un énorme impact en Haïti
provoquait ici une indifférence fatale. On a dû revoir sérieusement notre
copie.


12- la fatigue, la récupération

Onze jours de jeu à la suite. Or il n'était pas question pour nos acteurs de
passer à côté de la fête qu'est Aurillac. Il fallait se transformer en coach
et soigneurs d'équipe de football.
Nous étions sans arrêt à la pharmacie pour acheter des pilules pour la voix.
On n'avait pas envie de se transformer en nounous, et surveiller les nuits
blanches.
Parfois la fatigue engendrait de la mollesse dans le jeu, il fallait ressérer
les boulons, nous n'avons jamais cessé de répéter.



13- les retombées pros


Je mets cinq DVD sur l'Unité en vente à la librairie pro. Ils en vendent
deux. J'ai préparé une doc sur clef USB, personne ne m'en réclame.
Il y a juste un collège de Toulouse qui voudrait les faire venir pendant le
festival de Ramonville. Il y a aussi un festival bien connu qui les veut
pour l'année prochaine, je dis au directeur de ce festival : faudrait d'abord
que tu sois reconduit dans tes fonctions, ensuite on en discutera.



14- La presse


Julien Bachellerie nous fait un bel article d'une page complète sur "le
cercueil' pendant les préalables, juste et bien écrit.
Pascal lebrun Cordier m'envoie un SMS à 23 H le vendredi soir : vous avez une
page complète dans Libé !
Je crois rêver, mais c'est vrai avec une superbe photo de Vincent Muteau.
Le Journaliste Edouard Launet a tout compris.
En bas de l'article : A noter enfin la présence de Royal de Luxe, le retour
de l'époustouflante d'Emanuelle Lafon ( article déjà paru en juin2011) et la
forte création d'Ad Hoc. David contre Goliath.
Comme dit Larderet "d'habitude tu gueules sur Libé, et là tu me demandes de
l'acheter".
Il y a en plus un bon papier de Thibaudat dans Rue 89 , lu 2785 fois.
La récolte est stupéfiante pour le plus petit spectacle du festival officiel.
Je le vis comme une délivrance.
Je remercie l'attachée de presse : Anne Lacombe, c'est tout de même elle qui
fait le menu des journalistes. Je remercie aussi Songy d'avoir pris le
risque.



Alors ça s'est bien passé pour vous ? je réponds : oui, pas mal du tout en
fin de compte.




Jacques Livchine
metteur en songes

Le théâtre de l'Unité c'est toujours autre chose









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