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Begat theater  "carrément à l'ouest" citron jaune.

Un festival vraiment très bien, au coeur de la Camargue avec attaque de moustiques en bonne et due forme. Une festival où tu peux voir quasiment tous les spectacles, où tu ne cours pas, d'où la cohue et la fièvre consumériste s'est absentée. Bref, c'est bon, et là je vous parle de la grosse journée du samedi. Alors que je venais pour parler du mercredi, j'y viens.

C'était le mercredi donc, et toujours dans le cadre de "carrémant à l'ouest", à Fos/mer ce jour-le, avec le Begat à l'invite combinée du Citron Jaune et du RIR (en gros, un réseau de diffusion des arts de la rue géré par Karwan, financé par la région paca, mais je me suis trop mal informé pour vous en parler) donnait ses "histoires cachées" ; ballades poético-sonores, avec bande son dans les (z')oreilles. Il est demandé au public, ainsi équipé, de suivre un objet (une orange, un journal, un stylo ou une boîte d'allumettes), et ô magie du théâtre nous entendons les pensées du porteur dudit objet qui circule entres les mains des différents protagonistes du spectacle.
On est intégralement dans la rue à l'exception de nos oreilles, qui traînent dans la tête des gens qu'on suit.

J'y étais au titre de "chauffeur-médiateur", au volant d'un triporteur piaggio des années d'avant la France qui force, ma mission était de médier (avant on parlait de vulgarisation, action néanmoins noble de donner l'accès au plus grand nombre, aujourd'hui, vulgaire sent un peu le mal poli, le grossier, bref nous préférons "médier") d'essayer de convaincre la dépressive suicidaire, le pilier de bar, le rockeur sourd à barbe et tatouages, le retraité TF1, et tous ces gens qui n'ont pas le temps d'aller au spectacle, pour qui l'intérêt de ce genre de chose est absurde, et qu'une chose leur est sûre c'est que ça ne s'adresse pas à eux. Et moi je trouve ça dommage qu'ils veulent pas, c'est tout payé ! même le mec qui leur en parle.
Et c'est pas facile d'exciter la curiosité pour une démarche singulière. ("ah c'est pas du cirque ???!!" "ah oui les cracheurs de feu..." ... Comme quoi, on a beau dire que l'entre-soi c'est l'apanage d'Avignon et du théâtre institutionnel.. c'est pas gagné la culture pour tous ou pour chacun, la consommation on y est arrivé mais la culture, c'est tellement vaste...tellement chacun la sienne.)
Bref même si en parlant de ce qui se passe on arrive à faire se lever de sa chaise ceux qui ont une bonne image de la notion de spectacle, même si on arrive à convaincre quelques curieux qui risquent leur image de marque au bistrot de coin, et ben ça vaut le coup, parce qu'ils sont heureux d'avoir participé à ce truc qui leur est étranger, ils ont l'impression d'avoir un peu grandi, d'avoir nourri un peu leur imaginaire, d'avoir (désolé pour le mot un peu gros) réfléchi (en fait il est pas si gros ce mot, c'est ce que fait une plaque de verre avec une feuille de tain derrière), d'avoir vu leur ville via un autre regard.

Et bien, la meilleure médiation pour ce type de spectacle est encore de leur faire vivre, de faire partager aux passants qui sont restés en dehors pour cause d'un manque de temps, d'information, de courage, d'un aiguillon de la curiosité trop émoussé...
Quand le spectacle, un déambulatoire audio, vient dans des zones peuplées, les gens du dehors voient les spectateurs en groupe et en silence, le regard focalisé sur une personne, alors le rocker barbu, le patron de bar, le beur casquette jogging, le titi à crête gélifiée, la boulangère... sont éminemment intrigués par ce mouvement. Vous leur offrez un casque et l'accès à ce qui se passe, ils sont conquis, ça les éclate, ils sont à fond.
 Bravo le Bégat !

Laurent.

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• [rue] Begat/Fos, laurent driss, 17/10/2012
  • Re: [rue] Begat/Fos, Jean Pierre Estournet, 17/10/2012

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